Une chambre en Inde chez Rubika
Dans le monde parfois confiné du numérique et du design, la renommée mondiale de l’école Rubika installée dans le Valenciennois n’est plus à faire. Pourtant, des changements profonds sont en cours au sein de la Serre Numérique à Anzin, mais également dans ses filiales en Inde et au Canada, retour sur un développement mouvementé.
(Stéphane André et Bruno Fontaine)
Rubika Urbi et Orbi
En avril 2015, la CCI Grand Hainaut a inauguré son nouvel écrin sur Anzin, la splendide Serre Numérique sur 17 000 M2 comprenant des espaces pour les entreprises en devenir ou plus confirmées dans le domaine du numérique, mais également les écoles consulaires regroupées dans une nouvelle entité. La bien nommée Rubika, avec son unique actionnaire la Chambre de Commerce et de l’Industrie, est aux manettes de l’enseignement pédagogique dédié au numérique. Ces fleurons du Valenciennois historiques sont l’ISD (Institut Supérieur du Design), Supinfocom, et Supinfogame.
Bruno Fontaine, le président de la CCI Grand Hainaut est également le président de cette entreprise Rubika. Fort de 8 millions de CAHT, l’objectif de cette structure est l’équilibre des comptes, car le principal est ailleurs. En effet, la formation d’excellence dans les domaines de la création numérique est le seul objet en France, depuis 2016 à Montréal, mais également depuis 2008 à Pune en Inde. Rubika truste les récompenses au niveau mondial, dans le Top 3 dans le domaine de l’animation numérique pour Supinfocom, comme en 2018 avec Overrun ; concernant le Game le classement est moins officiel, mais la propagation des jeux de Supinfogame chez les influenceurs dans le domaine sont un bon baromètre. Enfin, l’ISD est plutôt situé entre la 4ème et la 6ème place mondiale.
« Nous avons dû réagir l’été dernier face à une défaillance de notre partenaire local », Stéphane André
La célèbre pièce « Une Chambre en Inde », création collective du Théâtre du Soleil, dirigée par Ariane Mnouchkine, notamment sur le site de la Cartoucherie en île de France, est un miroir de la fulgurance possible en Inde…. ! Durant l’année 2018 dans ce pays à la culture ancestrale, mais si différente de la France, Rubika India a connu un été 2018 très chaud !
Depuis l’automne, de nombreux vacataires dans l’enseignement de la langue de Shakespeare gravitent au sein de la Serre Numérique, que se passait-il ! Tout simplement, l’arrivée massive d’étudiants indiens a quelque peu modifié le logiciel. Même avec une appréhension initiale, « l’anglais a investi la Serre Numérique, c’est un changement de mentalité, une diversité culturelle sur notre site d’Anzin », explique Stéphane André, le directeur de Rubika, ex responsable pendant 10 ans de l’APM (https://www.apm.fr/). Revenons sur la genèse de ce bouleversement du coté des Rives Créatives de l’Escaut.
Dans le pays le plus peuplé du monde (1,339 millards d’euros), les chiffres dépassent tous nos repères. « Pune est le plus grand Campus en Inde, c’est 1,5 millions d’étudiants ! Nous avons dû réagir l’été dernier face à une défaillance de notre partenaire local », ajoute Stéphane André,. Globalement, à l’image d’un Carlos Ghosn, le tout puissant investisseur indien est empêché depuis l’été dernier dans le cadre d’une procédure de justice, le bâtiment abritant les étudiants de Rubika est saisi…oups, et près de 400 étudiants indiens sur le carreau à gérer depuis Valenciennes.
» Sur site, nous avons lancé la construction cet été d’un nouveau Campus opérationnel dès le 15 octobre dernier. 180 étudiants ont pu intégrer ce nouveau site sur Pune. Ensuite, cent étudiants indiens sont venus sur la Serre Numérique, nous avons dû trouver des espaces avec notamment un aménagement de nouveaux ateliers design en demi sous-sol « , commente Stéphane André. Concernant l’équipe pédagogique en Inde, elle fut abordée avec une nouvelle approche. « Nous envoyons régulièrement des enseignants durant 15 jours ce qui est très apprécié par ces derniers. Nous espérons revenir au niveau d’accueil des étudiants indiens sur Pune en 2017/2018 l’année prochaine, même si certains vont boucler leur cursus en France », précise Stéphane André. En résumé, moins de permanent, mais une force enseignante plus mobile devient le nouveau paradigme de Rubika India, 100% filiale de Rubika France. Parmi les étudiants indiens déplacés, six d’entres eux sont partis chez Rubika Montréal !
Sur Montréal… !
Autre porte d’entrée du numérique, le Canada est reconnue depuis longtemps comme une terre d’accueil en la matière. D’un coté, Vancouver sur la côte Ouest avec le célèbre éditeur de jeux Electronic Arts, et de l’autre Montréal, une ville cosmopolite très portée sur les nouveaux métiers du numérique. « Rubika Montréal. (100 % filiale Rubika France) est installée dans les locaux d’un site Ubisoft. Sur place, il y a une forte demande de Tech-Art (Artiste Technicien). 700 à 800 nouveaux postes sont proposés dans ce domaine chaque année », ajoute Stéphane André.
La logique de développement entre l’Inde et le Canada fut différente. « Avec un partenaire local comme en Inde, nous constatons que le développement va beaucoup plus vite. Nous envisageons d’autres sites dans le monde comme en Thaïlande », précise Bruno Fontaine. « Un dossier qui pourrait voir le jour en 2019 », précise Stéphane André, dont le passé professionnel en Asie est également un atout pour Rubika. Enfin, comme dans presque tous les domaines, l’Afrique est une terre de développement incontournable « la diffusion du jeu sur mobile, et par suite une création de jeux vidéos sur smartphone, est impressionnante », ajoute le directeur de Rubika.
Sur le site d’Anzin…
» Les 17 000 M2 de la Serre Numérique ne sont plus suffisants pour l’école Rubika, mais également pour les entreprises. Aujourd’hui, elles peuvent passer dans l’incubateur, puis via la pépinière, voire bénéficier des espaces pour entreprises plus confirmées, mais nous avons besoin tout de même d’un hôtel d’entreprises pour ces structures en développement. C’est pourquoi, nous récupérons 5 000 M2 dans des bâtiments en construction en face de la Serre Numérique « , explique Bruno Fontaine.
Ensuite, le volet recherche n’est pas écarté. « Ce n’est pas notre objet, c’est pourquoi nous travaillons avec ACM (Arenberg Créative Mine) et l’Université Polytechnique Hauts-de-France pour les doctorants. L’intelligence artificielle revient en force avec une recherche fondamentale à la clé », précise Stéphane André.
Des nouveautés sont opérationnelles pour l’accès au plus grand nombre à l’école Rubika. En effet, une prépa aux métiers du Game-Art permet à des apprenants de s’imprégner de l’univers des écoles Rubika. Dans la même lignée, des stages d’été sont proposés aux jeunes afin d’assurer une immersion dans cet écrin pédagogique dédié aux métiers du numérique. …, et bien d’autres possibilités encore. Pour tout savoir, une journée Portes Ouvertes se déroulera le 09 février 2019 sur le site de la Serre Numérique.
Daniel Carlier