Henri Durre, dernier député tué durant la Guerre 1914-1918 .
A l’initiative de Fabien Roussel, député de la 20ème, une cérémonie du centenaire de la mort d’Henri Durre a été organisée sur Valenciennes et Anzin. Un événement pour la famille du défunt, en présence dans le Nord de Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale.
Henri Durre, un éternel résistant à la guerre (1867-1918)
La guerre est quasi achevée fin octobre 1918, à deux semaines de l’armistice du 11 novembre, la ville de Valenciennes est libérée, et Henri Durre, député de la 2ème (aujourd’hui 20ème) circonscription vient habillé en civil à la rencontre des Valenciennois au niveau de la Croix d’Anzin. Malheureusement, une mitrailleuse dissimulée sous les décombres arrose la Croix d’Anzin et Henri Durre est « tué à l’aube de la paix. Ce sera le 17ème, et dernier député du Palais Bourbon (Assemblée nationale) tué durant la 1ère Guerre Mondiale », souligne Richard Ferrand.
Né à Maubeuge en 1867, orphelin dès l’âge de 2 ans, une vie cabossée l’a emmené à embrasser une carrière d’élu. Tout d’abord comme Conseiller municipal, puis député (1906-1910), Conseiller départemental en 1910, et de nouveau député de 1914-1918. « Il fallait du courage pour traverser la ligne de front afin de venir porter sa parole au Palais Bourbon. Henri Durre est une figure de l’histoire politique française », déclare le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand.
En effet, Henri Durre était de la trempe d’un Jean Jaurès. « Il fut un des artisans de la paix, faire la guerre à la guerre. Militant socialiste, ancien journaliste, il milita au sein de la représentation nationale pour le jour de repos hebdomadaire, la limitation à huit heures de travail par jour pour les mineurs. Il a été tué au niveau de la Croix d’Anzin le 28 octobre, à 10h, 1918 », relate Fabien Roussel.
Précurseur dans de nombreux domaines, et notamment dans le rapprochement Franco-Allemand. « Il était marié depuis l’âge de 18 ans à une Allemande, et sa parole sur le sujet était à contre courant du discours classique », ajoute Richard Ferrand. Indubitablement, cette idée d’un rapprochement entre ces deux puissances européennes était incroyablement pertinente, bluffante au regard de l’histoire de ce vieux-continent.
Famille retrouvée
Pas évident de retrouver une famille d’un défunt pour un centenaire. « Je me suis donc rapproché de l’association « Généalogie Escaupont ». Elle fut d’une incroyable efficacité, et a retrouvé en trois semaines la famille d’Henri Durre. Elle a de plus réalisé un arbre généalogique pour cette famille », explique Fabien Roussel.
Cette cérémonie s’est déroulée en deux temps. Une remise de gerbes s’est opérée au cimetière Saint-Roch à Valenciennes en présence de la famille, de très nombreux parlementaires du cru, et de nombreux maires. Ensuite, une plaque commémorative a été installée au niveau de l’espace Epona, face à la station de tramway, à une cinquantaine de mètres de la Croix d’Anzin. « Il nous a semblé que c’était l’endroit idéal », indique Fabien Roussel.
« Je suis très honoré par votre présence (Richard Ferrand), et par celle des parlementaires du Valenciennois, des élus etc.. Je remercie Alain Bocquet pour m’avoir glissé à l’oreille cette idée d’hommage à Henri Durre », conclut Fabien Roussel.
Le Président de l’Assemblée nationale annonce une heureuse initiative. « Les services de L’assemblée nationale ont parfaitement identifié l’emplacement où siégeait Jean Jaurès. Le 07 novembre prochain, une planque commémorative sera mise à cet emplacement ».
Et comme l’irrévérence est une partie intégrante de cette démocratie qu’Henri Durre chérissait tant, Va-infos suggère au Président de l’Assemblée nationale de réaliser également une plaque sur un banc du gouvernement au sein de l’hémicycle avec le propos suivant : « Ici c’est assis Jérome Cahuzac, Ministre de l’innovation fiscale ».
Daniel Carlier