Fabien Roussel : « Nous verrons le poids du Président de la République (ASCOVAL) »
Le 24 octobre prochain, le Tribunal de Strasbourg va statuer sur le dossier ASCOVAL, mais en coulisses les parties concernées s’agitent jusqu’au Président de la République répondant par courrier à Fabien Roussel, député de la 20ème circonscription.
Nacim Bardi, délégué syndical (CGT) d’Ascoval. : « Nous avons besoin de Vallourec, il ne peut pas nous laisser tomber comme cela ! »
Suite à différents communiqués, courriers dans les ministères concernés, et au somment de l’Etat, Emmanuel Macron a répondu directement au député de la 20ème circonscription. Pas si fréquent que cela au regard de la pratique présidentielle sous la 5ème République… « c’est déjà une réponse. Le Président de la République s’inscrit dans les propos de Bruno Lemaire (25 septembre). Il précise une demande directe vis à vis du Groupe Vallourec Néanmoins, je constate aujourd’hui que le Groupe Vallourec ne veut pas de la reprise. Il veut fermer l’aciérie afin de fermer la Tuberie derrière », commente Fabien Roussel, le député de la 20ème circonscription.
Dans son courrier, Emmanuel Macron mentionne : « j’ai également prié le directoire de Vallourec, Monsieur Crouzet, d’étudier le soutien qu’il pourrait apporter »… « Ma seule boussole sur ce dossier est l’exigence de pérennité industrielle. Les salariés d’ASCOVAL sont bien placés pour savoir qu’une reprise par une société fragile n’est pas une solution durable »… » Je souhaite que les prochaines semaines soient mises au profit d’une telle ambition « . dans un courrier, daté du 08 octobre, adressé à Fabien Roussel.
Cette missive est volontariste, et en même temps emprunt de toutes les précautions sur le dossier. « C’est pourtant un vieux dossier industriel qu’il connaît bien. Comme ministre de l’économie, il a soutenu le Groupe Vallourec ! Quel choix avons-nous ? Il faut donner sa chance à Altifort », souligne Ludovic Bouvier, responsable CGT Métallurgie. A savoir que les premiers échos des reprises de sites du même groupe Vallourec, par cet industriel français (Altifort), sont assez favorables. L’Etat connaît très bien cette entreprise qui mouille le maillot pour sauver une entreprise en France… !
Les rencontres se multiplient entre les parties concernés. « Mercredi dernier, à l’occasion d’un comité technique à Bercy avec le Groupe Vallourec et le repreneur Altifort. Les techniciens de Bercy ont trouvé satisfaisant le projet d’Altiport. Toutefois, ils ont demandé à ce dernier un nouveau business plan au responsable avec plus de garantie bancaire, et des engagements fermes des clients d’Altifort », explique Nacim Bardi, En clair, il faudrait plus de garanties pouvant faire face aux aléas du cours de l’acier. « Pour le reste, le Groupe Vallourec a posé énormément de questions au patron d’Altifort, mais Vallourec ne juge (pour l’instant) pas le dossier assez solide. Philippe Crouzet, président du Directoire, est convoqué ce mardi 16 octobre au Ministère de l’Economie pour voir Bruno Lemaire. Nous avons besoin de Vallourec, il ne peut pas nous laisser tomber comme cela ! », ajoute-t-il
D’autres sources proches du dossier indiquent que le rendez-vous de mercredi dernier se serait même très mal déroulé entre le président du Directoire de Vallourec, et un des fondateurs d’Altifort !
« Il faut que l’Etat procède à une nationalisation temporaire», Ludovic Bouvier
L’argument massue du Groupe Vallourec est que ce secteur industriel se porte mal. « C’est faux », assène Fabien Roussel avec des exemples très concerts sur ce secteur d’activité.
Après, l’Etat est actionnaire à 17%. Quelle est la solution le 24 octobre prochain si le Groupe Vallourec renonce à soutenir Altifort dans son projet de reprise ? « Il faut que l’Etat procède à une nationalisation temporaire afin de permettre à Altifort de consolider son dossier », explique Ludovic Bouvier. « Nous avons même proposé cette solution à Bercy mercredi dernier. Il n’y a pas eu de réponse ni dans un sens, ni dans l’autre », ajoute Nacim Mardi.
Rappelons quelques faits de terrain, François Hollande, président de la République de gauche, n’a pas voulu nationaliser Florange provoquant le départ d’Arnaud Montebourg quelques temps après. Emmanuel Macron, ni de droite, ni de gauche, a opéré en ce sens sur les chantiers de Saint-Nazaire avec une négociation à la clé. Pourquoi cette stratégie serait-elle impossible sur ASCOVAL en ultime recours bien sûr. Le message au secteur industriel français serait fort.
« C’est la souveraineté de notre sidérurgie qui se joue avec la reprise d’ ASCOVAL », Fabien Roussel
Les salariés de la filière pourrait perdre énormément, car cette fermeture d’ASCOVAL aurait un effet domino. « La Tuberie à Saint-Saulve, Valdunes à Trith St léger, à Dunkerque, toute la filière pourrait disparaître », ajoute Nacim Mardi. « C’est la souveraineté de notre sidérurgie qui se joue avec la reprise d’ ASCOVAL », conclut Fabien Roussel.
Autre aspect qu’il ne faut pas négliger, presque sordide au demeurant, est l’impact politique d’une catastrophe industrielle et humaine sur le plan national pour le Ministre de l’Economie, et pour le Président de la République, tout comme une remontée en surface des actes des élus locaux (autre que l’affichage du 25 septembre dernier) sur le dossier ASCOVAL.
Bien plus qu’un site industriel isolé, cette décision du 24 octobre prochain, avec une intervention de l’Etat si nécessaire, sera la véritable boussole de la politique industrielle durant ce quinquennat. La logique du Business Plan, c’est bien, la préservation d’une industrie en France, c’est pas mal non plus. On peut pas tout demander à la balance commerciale de la France, et ne rien faire coté Français pour la préserver dans un secteur ô combien stratégique ! N’importe quel électeur français pourra facilement comprendre cette simple maxime !
Daniel Carlier