Handi’Week- Le handicap est une priorité de l’UVHC
Durant cette semaine du handicap au sein de l’UVHC, la Handi’Week, de multiples manifestions ont mis en exergue les thématiques les plus diverses sur la situation de la personne handicapée. D’ailleurs, certaines manifestations ont ébranlé quelque peu nos certitudes… (visuel Rédoine Abdoune et un signeur pour chaque conférence).
Sous la houlette de Rédoine Abdoune, Chef de Projets Handicap (Université), une conférence s’est tenue avec différents locuteurs dans le cadre de cette Handi’Week.
En discours liminaire, Abdelhakim Artiba, président de l’UVHC, insiste sur l’exemplarité de l’UVHC en la matière. « Nous avons une politique inclusive pour les étudiants en situation de handicap. D’ailleurs, c’est une priorité de l’UVHC ».
Ensuite, il cite un témoignage qui a marqué cet engagement de l’université de Valenciennes. « Le meilleur compliment est celui des usagers. En effet, récemment un étudiant de Droit sur Lille en situation de handicap est venu sur Valenciennes, car pour lui c’était à Valenciennes que l’on prenait réellement en compte son handicap », ajoute Abdelhakim Artiba.
Dire que l’on est deux fois plus content que cet étudiant délaisse Lille pour Valenciennes serait de la pure mauvaise foi…
Hervé Bordy, Philosophe du droit, spécialiste des discriminations : « L’Article 1 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789….-tous les hommes naissent libres et égaux en droits- C’est un mensonge ! »
Si les auditeurs de cette conférence sur » Depuis quand la compétence est-elle un handicap ?« avaient quelques certitudes, un raisonnement solide sur l’évolution de la condition de la personne handicapée d’hier comme aujourd’hui ; Hervé Bordy a décapé le sujet avec une lecture sans tabou de notre histoire expliquant notre retard endémique, mais également les nouveaux acquis depuis 2005… !
Le propos est cash, provocateur, mais de bon aloi compte tenu de la condition sociale de la personne handicapée à travers l’histoire. « Pour comprendre aujourd’hui, il faut s’attacher à l’histoire qui a réifier, chosifier la personne handicapée », assène Hervé Bordy.
La conséquence directe de ce statut est l’anonymat de la personne handicapée, il fallait la cacher. « Moins on parle de sexualité, moins ils se reproduisent. Au Danemark, à une époque, on ligaturait les trompes des personnes handicapées… », poursuit le conférencier.
Oui, il y a de la violence dans cette intervention, mais pas plus extrême que le sort longtemps réservé à cette population dès 540 avant J.C.
De 540 avant J.C à la période royale
Dès cette époque, une idée s’est construite autour de la personne en situation de handicap. En effet, une assimilation s’est opérée entre incapacité et personne handicapée. Ce postulat « s’est maintenu jusque dans les années 90…. », précise le philosophe.
Concrètement, si la personne handicapée était riche… « elle était mise sous tutelle, si elle ne l’était pas, la personne infirme restait dans la catégorie des exclus au même titre que les enfants abandonnés, les petits délinquants, et les vieillards désargentés. Pour cette catégorie de la population, des établissements seront créés, les asiles », déclare Hervé Bordy. On peut noter que dans le Valenciennois, l’ancien l’Hôtel Dieu à Valenciennes a rempli cette fonction (Reportage sur https://mag.va-infos.fr/ dans la catégorie « Valenciennois » titre : « De l’Hôpital Général au Grand Hôtel du Hainaut »)
La révolution de 1789
La Bastille, des phrases inoubliables sont dans notre inconscient collectif, une fronde populaire mythique avec en filigrane la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 : « Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ». Ce son vous fait plaisir et pourtant Hervé Bordy dégaine : « C’est un mensonge. En 1791, une citoyenne a écrit un texte sur les Droits de la Femme, ce fut la première femme décapitée ! Cet article 1 est uniquement pour les hommes ». Bigre, on prend un grand coup derrière la tête face à cette discrimnation historique. Rappelons que le droit de vote pour les femmes, en France, date du 21 avril 1944, mais en 1909 pour la Turquie dont la particularité est également le seul pays avec un principe de laïcité inscrit dans la constitution comme dans la notre.
Et pourtant, malgré l’avènement du principe de la laïcité depuis la révolution, la gestion des exclus de la société sera confiée au clergé. « C’est pourquoi, les bâtis sont conçus pour éviter toute extrusion. C’est une architecture concentrationnaire. Il fallait éviter à tout prix l’évasion de cette population, la cacher des yeux du reste au monde au point de les amener dans ces lieux dans la plus grande discrétion, via des souterrains par exemple comme sur un établissement bien connu sur Lille », indique Hervé Bordy.
Il a fallu attendre 2007 avec le lancement des EPHAD (au coeur de l’actualité) où ces établissements pour personnes âgées dépendantes commencent à s’installer en ville et plus au milieu des champs… !
L’Affaire Nicolas Perruche…
Tout professionnel du Droit connaît ce jugement mythique. « En Chambre Plénière , l’Hôpital public est condamné du fait de son handicap (Nicolas Perruche). Cette dernière instance du Droit a validé le principe d’une indemnisation après 15 ans de procédure (1789-1994). C’est une révolution ! », déclare Hervé Bordy.
Une jurisprudence gravée dans le marbre avec la fameuse loi de février 2005 « qui admet le Droit à la Compensation » Autre fait tangible dans cette loi fondatrice qui a réparé quelques dysfonctionnements comme « avant 60 ans une personne était reconnue handicapée, après 60 ans… on ne savait pas ! », poursuit le conférencier.
En conclusion, un commentaire de Hervé Bordy a retenu particulièrement l’attention. « En fait, le principe de citoyenneté de la personne en situation de handicap est validé depuis cette loi de 2005 ».
Autres participants
La MDPH ( Maison départementale des personnes handicapées) était également présente à cette demi-journée d’informations avec Sabrina Morel. D’abord, il est notable que la MDPH du Nord, avec une antenne à Valenciennes, reconnaît 10% de la population handicapée française. Le lancement de la carte unique de mobilité constitue un pas important dans la simplification administrative, toutes les infos sur www.carte-mobilite-inclusion.fr
La CAPM du Hainaut, pour sa part, a précisé le caractère particulier des décisions sur le volet du handicap. « Il y a 102 caisses en France, 102 choix différents sur l’indemnisation des prestations extra-légales. Chaque caisse peut retenir une politique différente. A la CPAM du Hainaut, nous veillons à un reste à charge minimum pour la personne en situation de handicap. Nous finançons du petit matériel, des semelles orthopédiques etc. », explique Karine Depoulain, manager stratégique au sein du pôle Action Sanitaire et Sociale de la CPAM.
La MGEN a également précisé son implantation forte au sein de l’UVHC du Hainaut-Cambrésis avec des permanences sur les 2 sites du Mont Houy et des Tertiales.
A l’issue de cette conférence, on sort moins ignorant sur le sujet du handicap, un bon point pour la Handi’Week !
Daniel Carlier