(Vallourec) La rémunération de Philippe Crouzet ne connaît pas un « ajustement additionnel »
Fin janvier, le dossier ASCOVAL toujours en cours a vampirisé l’espace médiatique et secoué les salariés de l’entreprise. Dernier jour de février, le Groupe Vallourec décide de supprimer la chaîne « Chaudière » au sein de la Tuberie à Saint-Saulve avec 164 emplois à la clé. A votre avis, entre ces deux dates, comment se passe la gouvernance au sein de l’équipe dirigeante du Groupe Vallourec ? (Crédit photos la Tribune et Challenge).
(Vallourec) Philippe Crouzet, prime variable basée à 60 % sur le critère financier… !
Mercredi 28 février, le Groupe Vallourec diffusait un communiqué de presse lapidaire : « Le Groupe a pris la décision de procéder à certains ajustements additionnels parmi lesquels la fermeture de sa ligne dédiée à la finition de tubes chaudières de petits diamètres sur le site de Saint-Saulve. Cette activité subit de plein fouet la baisse continue des volumes dans l’énergie électrique conventionnelle ».
Huit jours plus tôt, le Conseil de Surveillance de Vallourec, lors de sa réunion du 20 février 2018, a statué sur les rémunérations 2017 et 2018 de l’équipe dirigeante. Le moins que l’on puisse dire est que les difficultés économiques rencontrées ne troublent pas la grille de rémunération dans les hautes sphères.
Le Conseil de Surveillance a décidé le 20 février 2018 les modalités de rémunération suivantes pour Philippe Crouzet. Le salaire fixe est de 798 000 euros et la prime est variable à hauteur de 98,5%, soit une possibilité de doubler sa rémunération annuelle. De plus, le critère principal pour cette rémunération additionnelle et variable (la pondération) est basé à 60 % sur les résultats financiers,.… seule la rentabilité compte ! En comparaison, la prime variable en 2015/2016 était de 83% et basé sur 2 critères principaux (pondérations) 45 % la transformation du Groupe (45%) et le Plan de Financement (45%). En résumé, le mardi 20 février, voire bien avant, Philippe Crouzet savait-il déjà son prochain fait d’armes à Saint-Saulve ? Devinez où est l’intérêt, financièrement parlant, pour les licenciements au sein de la Tuberie du Groupe Vallourec à Saint-Saulve !!!!
Information rémunération Philippe Crouzet 2017/2018
Et ensuite information rémunération Philippe Crouzet 2015/2016
Déjà lors de l’Assemblée générale en 2012, cette rémunération validée à 760.000 euros annuels auxquels il a fallu ajouter 550.000 euros de rémunération variable s’était mal passée…, car les projets aventureux de Philippe Crouzet étaient déjà en place depuis 2007/2010. L’excellent article de Challenges est édifiant, une pépite sur le mécanisme d’’auto-protection entre soit d’une certaine caste : https://www.challenges.fr/entreprise/le-salaire-du-patron-de-vallourec-passe-mal-aupres-des-actionnaires_7255
Philippe Crouzet major de l’ENA, tout comme son épouse, Sylvie Hubac ex directrice de cabinet de François Hollande entre 2012 et fin 2014, est issu de la fameuse promotion Voltaire (1981), comme François Hollande, Michel Sapin, Ségolène Royal…?
Bis repetita en 2016, Philippe Crouzet sauve sa tête en 2016 pour un nouveau mandat de 4 ans, toute affinité avec le pouvoir exécutif en place n’est que pure spéculation bien sûr, nouvel article intéressant https://www.challenges.fr/challenges-soir/comment-le-patron-de-vallourec-a-sauve-sa-tete_41912
Rémunération de Philippe Crouzet depuis les investissements au Brésil et aux USA
2015 Vallourec 802 404 € (-43,3 %)
2014 Vallourec 1 415 750 € (+6,9 %)
2013 Vallourec 1 324 493 € (+27,3 %)
2012 Vallourec 1 040 280 € (-21,2 %)
2011 Vallourec 1 319 344 € (-4,7 %)
2010 Vallourec. 1 384 344 €
Rappelons tout de même que l’Etat est présent à travers le FSI depuis 2010. En effet, le Fonds Stratégique d’Investissement a déclaré avoir franchi à la hausse, conjointement avec la Caisse des Dépôts (donc l’Etat), le seuil de 5% du capital de Vallourec en février 2010.
Commentant cette opération en 2010, Philippe Crouzet, Président du Directoire, avait déclaré à l’époque : « Nous nous réjouissons de voir le FSI, actionnaire de long terme du Groupe, renforcer sa position dans le capital de Vallourec. La présence de cet investisseur majeur à nos côtés est un signe fort de reconnaissance et de soutien de notre stratégie qui vise, par le renforcement de notre offre globale de solutions premium et l’amélioration de notre compétitivité, à créer de la valeur pour tous nos actionnaires. »
A cette date Nicolas Sarkozy, Président de la République, a justifié la participation du Fonds stratégique d’investissement (FSI) dans Vallourec par le caractère « stratégique » du spécialiste des tubes en acier sans soudure. :« Ce n’est pas avec 5% et quelque qu’on contrôle votre entreprise mais c’est un signal que nous envoyons : pas touche !« , a-t-il dit. « S’il faut faire plus, on fera plus ! Je considère que le groupe Vallourec, c’est stratégique pour la France« , a-t-il encore dit !
Aujourd’hui, Michelle Greaume, sénatrice dans la Valenciennois, souligne : « Comment croire que l’Etat, actionnaire à 15% du groupe Vallourec, n’était pas, lui aussi, au courant ? »… au moment de la gestion du dossier ASCOVAL ! l Elle dénonce également le regard financier du Groupe dans ces choix stratégiques : « La vision uniquement financière d’un groupe qui, rappelons-le, a réalisé plus de 3,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017, en progression de 26% ».
Qu’en est-il aujourd’hui de cette stratégie industrielle sur le long terme ?
L’investissement massif lancé en 2007 au Brésil et en 2010 aux Etats-Unis par le Groupe Vallourec n’a pas porté ses fruits, et le Valenciennois paye l’addition depuis. Forcément, face à ce pari à l’international raté, l’habit de super pompier doit s’enfiler manu militari par les élus locaux et nationaux quand la catastrophe industrielle arrive. Cette dernière était pourtant prévisible, et perçu en interne depuis des années avant même un soubresaut médiatique comme en témoigne ci-dessus.
Le substrat de cette nouvelle saignée de l’emploi sur ce territoire est évident. La fin de l’acier dans le Valenciennois est programmé tôt ou tard, un territoire sacrifié comme d’habitude. Ce dernier paye cash les choix d’une gouvernance industrielle aventureuse. Si nous pouvons tirer un enseignement, la prochaine révolution du management productif en France serait de placer à la tête d’un groupe industriel un technicien, de la métallurgie en l’occurrence, un bon connaisseur du potentiel industriel, de son produit inhérent à un brevet existant sur un tube sans soudure, de son développement adapté à son marché… ! En résumé, un homme ou une femme qui maîtrise le produit, sa stratégie de vision productive, bien plus que les circonvolutions du CAC 40… !
NAME and SHAME, vous connaissez ?
Daniel Carlier