2018, un nouveau départ pour l’Artisanat en France ?
L’artisanat est au coeur des enjeux gouvernementaux en 2018, toutes les réformes en cours de négociation concernent ce secteur professionnel. C’est pourquoi, les voeux 2018 de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat du Valenciennois étaient en présence du nouveau président des Hauts-de-France, Alain Griset avec un message fort a délivré aux professionnels… !
(Commission territoriale Alain Dhaussy, Karine Flament, Patricia Fournier, et Frédéric Clerc)
L’artisanat, gisement d’emplois ou survie des entreprises ?
Depuis le 01 janvier 2018, les 5 chambres départementales sont réunies en une seule, la Chambre des Métiers et de l’Artisanat des Hauts-de-France. « C’est une première en France et elle fut choisie à l’unanimité. Comme notre interlocuteur principal est la région, car elle a la compétence formation et apprentissage, il me semblait cohérent de coller à ce nouveau découpage administratif. D’ailleurs, autre première en France, Xavier Bertrand a nommé un vice-président en charge de la formation et de l’apprentissage », entame Alain Griset, le nouveau président de la CMA des Hauts de France.
Cette grande région de la CMA change la donne. On passe de 55 000 à 80 000 entreprises, de 14 CFA à 19, et de 25 à 39 sites de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat. « Sur le Valenciennois, sur 8 000 M2, le nouveau CFA sur Saint-Sauve/Bruay-sur-l’Escaut sera finalisé cet été avec une rentrée des apprentis en septembre. Ce sera le 1er bâtiment public passif (avant beaucoup d’autres) sur la région. J’espère que ce sera un bel exemple pour nos artisans du BTP. Nous mettrons en vente le terrain sur Prouvy (Zone aéroport) et également sur Valenciennes (Rue des Dentellières) », explique Alain Griset.
Stratégie de proximité
Avant de parler des grandes négociations du moment, il est essentiel de parler du terrain. Sur le Valenciennois, la commission territoriale est présidée par Patricia Fournier avec autour d’elle une équipe d’élus, Alain Dhaussy, Karine Flament, et Frédéric Clerc. « La proximité est au coeur de notre stratégie. Nous sommes présents pour les artisans afin de les accompagner dans la difficulté, leur besoin de formation, la transition numérique etc. », explique en discours liminaire Patricia Fournier.
Ensuite, cette cérémonie des voeux a permis la mise en lumière de quatre entreprises très diverses. Tout d’abord Maeva et Cynthia Desmaretz, deux soeurs dont le fait d’armes est la création ex nihilo d’un institut de beauté sur Lieu-st-Amand en novembre 2017. « Je remercie le maire de la commune pour sa confiance dans notre projet », souligne Maeva, 24 ans et pleine de fougue. « Nous avons réhabilité un ancien corps de ferme en 4 cellules commerciales, plus une maison de santé », précise Jean-Michel Denhez. Cette démarche s’inscrit pleinement dans la revitalisation des centres-bourgs dans le Hainaut, et partout ailleurs.
Ensuite, une entreprise jeune et dynamique de pompes funèbres. « Notre succès réside dans la commercialisation de cercueil en carton, et notamment pour les crématoriums. Ensuite, nous avons également un modèle personnalisé où chacun pourra écrire sur le cercueil », explique M. Hennard.
Pour ses voeux à l’assemblée, il n’a pas manqué d’humour « longue vie à tous »…. mort de rire !
Chemin faisant, un détour s’est fait pour l’apprentissage à travers le regard d’une boulangerie-pâtisserie sur Rumegies et Orchies. Avec plus de 16 salariés, les entrepreneurs ont formé 42 apprentis depuis 1995. « Nous sommes à l ‘écoute chaque année de leurs remarques, c’est un regard nouveau plein de jeunesse sur notre entreprise », explique Sylvie Delbassé. Dans ce cadre, Manon, une jeune apprentie a bénéficié d’un contrat d’apprentissage au sein de l’entreprise Delbassé.
Enfin, le 4ème témoignage s’inscrivait plus dans une formation collective d’un groupe d’artisans du BTP emmenée par Frédéric Clerc.
Ces 4 tranches de vie durant cette soirée ont souligné de concert le rôle essentiel d’un accompagnant de la CMA du Valenciennois, sur le plan administratif, relation avec les banques, conseil, formation etc., sans eux rien n’est possible ou cela devient plus compliqué.
Laurent Rigot, vice-président de la CMA des Hauts-de-France et Président de la délégation Nord : « 1 000 rendez-vous par an sont prévus entre un élu et un chef d’entreprise »
Boucher-Charcutier dans son quotidien, Laurent Rigot connaît parfaitement la difficulté, voire l’isolement du chef d’entreprise face aux normes abondantes, à la gestion sociale, aux relations bancaires etc. « C’est pourquoi nos collaborateurs appellent 1 000 entreprises par mois pour prendre contact, répondre à un besoin, une demande particulière. De même, 1 000 rendez-vous par an sont prévus entre un élu et un chef d’entreprise. L’objectif est de tisser des liens entre la CMA et l’artisan. Enfin, le prochain CFA sur le Valenciennois sera un formidable outil « , indique le président de la délégation Nord.
Alain Griset : « Toutes les réformes en cours pour 2018 concernent les Artisans ! »
Clairement, l’artisanat, l’indépendant, est au coeur de tout. « Ne me dites pas que cela ne vous concerne pas, c’est faux ! Toutes les réformes en cours pour 2018 concernent les Artisans. Les 3 grands chantiers que sont l’indemnité chômage, la réforme du RSI, et celle de la micro-entreprise », assène Alain Griset.
Sur le RSI, il n’existe plus stricto sensu depuis le 01 janvier 2018. Toutefois, il bénéficie d’un régime spécial adosser au régime général : « Néanmoins, nous avons indiqué au gouvernement qu’il ne fallait pas se contenter de l’outil. En effet, il faut revoir l’assiette de cotisations, plus sur les bénéfices, mais sur la rémunération, et de plus en année réelle ! »
Ensuite, il faut bien admettre que le Code du Travail à la française, en pleine révolution avec les ordonnances Macron, a initialement été mis en place pour l’industrie. « Nous avons demandé des accords de branche par des professionnels, il nous faut plus de souplesse, et moins de rigidité », poursuit Alain Griset. Une partie de ces revendications se retrouvent dans l’absence d’un délégué syndical dans les entreprises de moins de 20 salariés. Même négociation aboutie avec le relèvement du plafond de l’auto-enrepreneur sauf que « le plafond de TVA ne change pas, 32 400 €. Dès qu’il passe au dessus, l’auto-entrepreneur va payer de la TVA comme vous dès le 1er € », indique le président de la CMA Hauts-de-France.
Sur l’apprentissage, Alain Griset ne fait pas dans le velours. « Retenez ce chiffre, à égalité des salaires, l’Artisan va prendre six fois plus d’apprentis que les grands groupes industriels. Aider Toyota, c’est parfait, mais avec ce même montant d’aide, nous embaucherions plus de personnes ».
Toujours sur le volet apprentissage, il tient à tuer une discrimination à l’âge. « Un jeune de 21 ans, après un cursus général raté, coûte trop cher à l’entreprise !Il faut stopper cette rémunération à l’âge », explique Alain Griset. Il est évident que de nos jours, il faut accepter qu’un jeune cherche sa voie, puisse revenir vers des métiers de l’Artisanat après d’autres essais. D’ailleurs, ces derniers apportent un lot pédagogique toujours utile dans le conduite d’une entreprise. Oui, le raisonnement professionnel en silos n’a que trop vécu. » Nous demandons la généralisation de l’expérimentation dans la région des Hauts-de-France pour la reprise d’un apprenti, signataire d’un CDD pendant 2 ou 3 ans avec une entreprise, en cas de difficulté d’exploitation de l’entreprise.«
Dans la même lignée, le président de la CMA des Hauts-de-France porte le fer sur « le contenu des diplômes élaborés par des Artisans, des professionnels, et pas par des hauts-fonctionnaires. Je n’ai rien contre eux, mais ils ne connaissent pas les métiers ».
Enfin, le dernier point mais pas le moindre, l’assurance chômage est au menu des grands réformes 2018. » Vous ne verrez jamais un document officiel du CMA réclamant l’assurance chômage. Le premier point, nous ne voulons pas payer de cotisations en plus, c’est déjà suffisant « , assène-t-il. Le candidat Macron a proposé cette disposition gratuite… évaluée pour une somme élyséenne ! « C’est pourquoi, nous voulons des critères très sélectifs pour les bénéficiaires de cette indemnité chômage, sans payer une cotisation de plus, mais avec la possibilité d’un financement volontaire », conclut-il.
Voilà le menu d’une année déterminante pour l’avenir d’un secteur professionnel en mal de reconnaissance, dont le potentiel de croissance est insoupçonné, en terme d’emplois, d’investissements matériels, etc. L’attente est immense, et la déception sera d’autant plus grande si rien ne bouge réellement !
Daniel Carlier