Jacky Loison, masseur-kinésithérapeute.
Après 48 ans d’exercice de la profession de masseur-kinésithérapeute sur Condé-sur-ll’Escaut et Escaupont, Jaclky Loison a cessé son activité le 13 décembre 2017. Sa vie professionnelle fut consacrée à un métier aujourd’hui en mutation, un emploi dévorant, mais passionnant grâce à la proximité avec sa clientèle.
Dans sa 71ème année, Jacky Loison a décidé de raccrocher après une carrière bien remplie. Diplômé en 1969, il est resté salarié trois mois. « Puis, le titulaire m’a proposé de reprendre sa clientèle », précise-t-il. Chose faite avec deux cabinets où il intervenait à tour de rôle.
Basé sur Condé-sur-l’Escaut et Escaupont, il a exercé sur ces deux points même s’il a cédé son cabinet condéen un peu avant le local sur Escaupont. « Un métier que j’ai exercé 14 heures par jour, du lundi au samedi, plus le bénévolat dans les clubs sportifs le dimanche », précise le jeune retraité.
Jacky Loison : « J’ai apprécié mon métier et la convivialité que j’ai tissé avec ma clientèle »
S’il est possible de résumer l’évolution d’un métier en une phrase, elle serait celle-ci : « J’ai obtenu un diplôme de Masseur-Kinésithérapeute en 1969. Aujourd’hui, le diplôme est plutôt celui d’un Kinésithérapeute », souligne Jacky Loison. En d’autres termes, le massage disparaît de la panoplie de ce métier avec les générations successives. La raison est double. D’abord, l’arrivée de nouveaux outils très performants comme l’électrothérapie, et bien sûr les ondes magnétiques très prisées. Ensuite, l’émergence d’une nouvelle spécialité, en l’occurrence l’ostéopathie. Cette dernière a basculé la notion de manipulation sur cette nouvelle discipline. « D’ailleurs, je trouve les deux professions très complémentaires. J’ai parfaitement collaboré avec les ostéopathes du Valenciennois et réciproquement », ajoute-t-il.
Néanmoins, dans l’inconscient collectif du commun des mortels, l’idée s’est forgée petit à petit avec une dichotomie bien claire, le Kiné ne masse plus, utilise des outils techniques, fait réaliser des exercices physiques etc., et en même temps l’ostéopathe vous manipule… ! Erreur fondamentale sur l’exercice d’un métier comme celui de Kiné de proximité, ce dernier doit masser. « Je suis très tactile. J’étais en capacité d’établir un diagnostic uniquement avec des palpations. Aujourd’hui, c’est rarement le cas avec la nouvelle génération de professionnels », précise Jacky Loison.
En effet, on retrouve un phénomène similaire chez le médecin généraliste. Le diagnostic devient superflu, la batterie d’examens est le nouveau mode de fonctionnement. Bien évidemment, la prudence est de mise dans l’élaboration d’un diagnostic médical, mais son absence totale au préalable place l’interprétation des analyses comme la clé de la pratique médicale. Deux conséquences, vous avez pléthore d’examens, parfois redondants faute d’une direction potentielle dans un diagnostic, voire un retard préjudiciable face à la carence d’un diagnostic de base comme tout médecin libéral devait être en capacité de réaliser.
Jacky Loison : « Je pense qu’il est important pour un Kiné de connaître la douleur »
Tout autant que son métier, Jacky Loison a établi une véritable relation de confiance avec sa clientèle sur la durée. « J’ai apprécié mon métier et la convivialité que j’ai tissé avec ma clientèle. Certains de mes patients ont fréquenté mon ancien cabinet depuis son origine. Le contact client était essentiel pour moi. Cela permet un suivi du malade dans le temps. Certains sont devenus des amis d’ailleurs. J’ai eu cette chance durant ma carrière », indique-t-il.
En parallèle de son métier de masseur-kinésithérapeute, Jacky Loison a pratiqué beaucoup d’activités sportives. « Du basket et football jusque l’âge de 40 ans, puis le VTT, de la course à pied également avec notamment une participation au marathon de New-York », explique Jacky Loison.
Cette appétence pour la pratique sportive a eu un effet notoire sur la perception de son métier. « Comme tout le monde, on connaît des pépins physiques lorsque l’on pratique régulièrement une activité sportive. De fait, vous avez un vécu sur les demandes de vos patients. Je pense qu’il est important pour un Kiné de connaître la douleur. C’est un métier physique si vous massez. Aujourd’hui, sans massage, il est certain qu’il est moins difficile sur cet aspect », commente-t-il.
Cette donnée lui a permis de tisser un lien étroit avec les clubs sportifs où le bénévolat, le service gratuit, ramène souvent le bénéficiaire dans son cabinet. Voilà un aperçu de la carrière sur le long cours d’un masseur-kinésithérapeute de proximité, d’hier même si « en Belgique, la formation revient au massage », précise-t-il.
Passionné de jardinage, il va pouvoir profiter de cette main verte plus encore. « Je vais également me mettre à l’informatique. J’ai besoin d’une formation », conclut-il. Pour son ancien métier, la page est définitivement tournée, d’autres passions se feront peut-être jour !
Daniel Carlier