Le bien manger près de chez soi, suivez le guide !
L’idée de porter secours aux producteurs agricoles locaux aurait pu paraître superfétatoire à peine 20 ans dans le rétroviseur. Aujourd’hui, la croisée d’une mal bouffe prégnante avec une agriculture qui ne vit plus de son seul métier débouche sur une action politique initiée par les 2 communautés d’agglomérations, La Porte du Hainaut et Valenciennes Métropole (point de vente dans la ferme Fromont-Thun Saint-Amand).
(A gauche, Monique Herbommez, Marie-Claire Bailleux, Hervé Brouillard, et Aymeric Robin)
A première vue, la promotion d’un guide des produits locaux pourrait paraître assez banal, une pincée de tourisme, un brin d’économie, basique. Et pourtant, nous sommes aux antipodes en 2017 de cette pensée première. Aujourd’hui, la promotion des producteurs locaux en fruits, légumes, produits laitiers etc. devient un enjeu sociétal, tout simplement ! Tout ceci expliquant la présence d’Aymeric Robin, vice-président à la CAPH en charge de l’environnement, de Hervé Brouillard, en charge du climat à la CAVM, de la vice-présidente à l’Office de Tourisme du Hainaut, et de la vice-présidente à la ruralité de la CAPH, pour cette promotion d’un « guide des producteurs locaux du Valenciennois ».
La matière première ne suffit plus
Sur Thun-Saint-Amand, la ferme Fromont est un cas typique de reconversion nécéssaire à la survie de son exploitation. Sylvie Fromont ne se voile pas la face « sans cette vente de mes produits transformés, nous serions fermés ». En effet, l’idée de vendre est venue dès 2006 avec les légumes et les fruits. Tous ses produits proviennent de producteurs dans le Valenciennois, voire ex Nord Pas-de-Calais. Ensuite, la crise du lait en 2009 a conforté ce choix. « Dans la foulée, en 2011, nous avons ouvert un magasin dans notre ferme avec en plus la vente de nos produits laitiers, oeufs, laits, yaourts. En 2017, la tendance s’inverse, c’est la vente de produits qui tend à à payer les charges de la ferme », explique Sylvie Fromont.
Voilà le cadre d’une ferme, avec 40 vaches laitières, dont la survie passe par l’agrégation d’une activité supplémentaire, la création d’une activité commerciale baptisée « Au Panier Thunois«
67 producteurs locaux volontaires
Conjointement, les deux intercommunalités ont décidé de concevoir un guide des producteurs locaux. « Nous avons 67 producteurs sur le Valenciennois qui ont répondu favorablement à cette initiative. Ce guide est un outil pratique sur lequel figure les producteurs locaux de légumes, fruits, viandes, volailles, produits laitiers sur le Valenciennois », explique Hervé Brouillard.
Ce guide sera disponible dans les mairies des communes des 2 anglos, au sein de leurs sièges, dans les offices de tourisme, chez les producteurs, et au sein de la Maison du Parc Naturel Régional Scarpe/Escaut.
Les producteurs locaux respectent les saisons. « Nous devons réapprendre la saisonnalité des produits. Ce livret a un rôle essentiel pour la santé dans le tissu local, mais également un volet économique. C’est un enjeu stratégique de territoire », ajoute Aymeric Robin. De concert, les deux élus précisent que « cela fait partie de nos plans climat respectifs » soulignant de facto la capillarité entre les thématiques du bien manger, de consommer des produits locaux, et de soutenir un tissu économique agricole sur son territoire.
En amont, le bien consommer localement, et en aval la lutte contre le gaspillage alimentaire, voilà « deux actions à mener en même temps », souligne Hervé Brouillard. Le milieu scolaire est parfait pour accentuer les bonnes pratiques anti-gaspi, déjà en oeuvre dans de nombreux établissements, mais il est possible de faire mille fois mieux !
La cantine scolaire, un défi à moindre coût
Ce point presse intervient concomitamment avec la déclaration de Stéphane Travers, ministre de l’agriculture, dans le Journal du Dimanche (03/12) : « L’objectif de passer à 50% de produits bio et locaux dans la restauration collective d’ici à 2022 fera l’objet d’une loi ».
En effet, les écoles communales, les collèges, les lycées… le potentiel de commandes dans le tissu local est vertigineux pour la production agricole du territoire, même à 50% de bio. Dans cette optique, des aménagements des commandes publiques pourraient voir le jour « nous voulons permettre de lisser la commande publique sur l’année pour un producteur local », précise Hervé Brouillard. Logiquement, seul des industriels de la restauration collective peuvent répondre à un appel d’offres d’un département, d’une région, voire d’une collectivité locale importante. « Néanmoins, les producteurs devront se regrouper afin de répondre à ce type d’appel d’offres », précise Aymeric Robin.
Produire, mais pas seulement
Marie-Claire Bailleux, la vice-présidente de l’Office de Tourisme de la Porte du Hainaut, connaît parfaitement le monde agricole. « Certes, il faut produire, mais surtout écouler pour vivre de son métier. Toutes les normes ont été accentuées par les autorités avec un coût très important pour les professionnels. Surtout, il faut arrêter d’opposer les productions végétales et animales. Néanmoins, l’agriculteur doit renouer avec le consommateur ».
Dans la ligne directe, la Porte du Hainaut a réalisé « une série de halles semi-ouvertes en ruralité afin d’accueillir les producteurs locaux. Celle de château de l’Abbaye fonctionne très bien », précise Monique Herbommez.
« Ce n’est qu’une première mouture, il y aura certainement un numéro 2 », précise Hervé Brouillard. « Néanmoins, je regrette que certains agriculteurs ont refusé notre proposition », souligne Monique Herbommez, vice-présidente à la ruralité au sein de la CAPH. Gageons que le succès de ce guide du bon goût local convertira les derniers récalcitrants.
Ce guide est déjà édité à 16 000 exemplaires, mais aussi en téléchargement gratuit sur les sites de http://www.agglo-porteduhainaut.fr et www.valenciennes-metropole.fr
Daniel Carlier