Quand Marko rencontre les élèves bellaingeois…
…pour transmettre sa passion de la bande dessinée. Un très joli projet. Les élèves de l’école de Bellaing ont rencontré le dessinateur et auteur de BD, Marc Armspach, dit Marko, à la médiathèque Le Labyrinthe. A sa plume notamment les Godillots aux éditions Bamboo, une série qui trouve de suite son public et devient une référence dans la BD jeunesse historique de la Grande Guerre. Une journée que les bambins ne sont pas prêts d’oublier.
Une journée dans la bulle de Marko.
Une journée pas comme les autres pour les élèves de CM1 et CM2, ce jeudi. Cartable allégé, juste quelques crayons et bonne humeur, sourire aux lèvres, ils sont entrés dans l’univers de la bande dessinée, par une bulle ouverte crayonnée par Marko. L’auteur de BD a partagé sa passion. Une chance. Les jeunes ont écrit l’histoire et Marko a dessiné avec eux. Presque une BD pas comme les autres écrite à plusieurs mains.
Les amoureux de BD et d’Histoire en ont lu des bandes dessinées sur la Grande Guerre, parmi lesquelles Tardi évidemment avec C’était la guerre des tranchées, et Putain de guerre, ou encore Paroles de poilus, lettres et carnets du front de Marc N’Guessan etc. Au chapitre, « quand la BD continue au devoir de mémoire », Les godillots de Marko est une BD coup de cœur, une vie aventureuse et pleine d’humanité d’une escouade pendant la guerre 14/18. Oui Marko, avec Olier, réussissent à parler de la guerre sans pathos ni images chocs, c’est décalé et plus léger. Une histoire de l’Histoire à lire et à relire, avec nos chères têtes blondes sur les genoux.
Marko, « à Bellaing, c’est unique. Le projet était un travail participatif. »
Quelques minutes attrapées entre deux vols, Marko est un passionné, il nous accorde avec plaisir en plein milieu d’une tournée, à la sortie du salon de la Bande Dessinée de Rumes, juste avant de reprendre un avion, une petite interview. Très sympathique. « C’est un très joli projet. A Bellaing, c’est un travail participatif. Les enfants ont dessiné. Ils ont préparé un texte sur la Grande Guerre, puis j’ai mis en place des ateliers. Tout le monde peut dessiner, et tout le monde a dessiné. L’idée est qu’à la fin, tous sont repartis avec leur dessin terminé », explique Marko, qui a raconté l’histoire des Godillots et a composé son illustration en même temps que les élèves. Armé d’un casque et d’un uniforme de poilu, il a fait le lien entre la BD et la réalité.
On le sent, Marko aime ce qu’il fait et a plaisir à le transmettre, «les enfants étaient à l’aise, ainsi ils ont dessiné vraiment ce qu’ils souhaitaient. » En amont, les élèves ont donc réalisé un travail en classe avec leurs maîtresses, Mesdames Soltysiak et Tailliez, sur la rédaction et la création. Ils ont écrit leur texte. «C’est un vrai travail avec les enfants », annonce Marko, qui est connu pour Les Godillots aux éditions Bamboo, bien sûr, qu’il signe avec Olier, son collaborateur mais qui a à son actif, de nombreuses BD, entre autres l’Agence Barbare, un travail sur la série GÉO BD aux éditions Dargaud , en collaboration avec le magazine Géo etc. et il en a des Prix à son crayon, celui du meilleur album, 12° Festival Bédécines, en 2011 pour le Tome 1 des Godillots, le Prix Méditerranée, festival international de la BD d’Ajaccio, en 2003 pour Gartxot, le Trophée lecture jeunesse 25e Heure du livre Le Mans 2011 pour Le crochet à nuages ou encore le Prix de la Ville d’Hérouville Saint-Clair, au 14e festival des Planches et des Vaches en 2013 et le Trophée jeunesse 2015 des 25h du Livre du salon du Mans pour La conteuse des Glaces. Autant dire que certains mômes avaient déjà posé leurs yeux de dévoreurs de livres sur les pages de Marko.
Actuellement l’auteur agrémente quotidiennement la série humoristique Vivre avec un dessinateur tout en travaillant sur la suite des aventures des Godillots et sur d’autres projets…même un tournage de film documentaire Sous les bulles de Maiana Bidegain qui dévoile les dessous de la BD.
La journée des petits bellaingeois.
«Les enfants ont tout d’abord écouté Denis et Sarah de la médiathèque, qui ont lu des extraits de lettres de poilus, puis ils ont été répartis dans trois ateliers : un atelier autour de l’exposition (recherche et réponse à un questionnaire), un atelier fusain où ils ont dû représenter un paysage durant la guerre et un troisième atelier plutôt axé production d’écrits où ils ont dû inventer une histoire à partir de vignettes de BD », explique Mme Soltysiak.
« L’après-midi, Marko a expliqué comment un illustrateur en arrive à tel ou tel dessin, en insistant sur l’importance de l’observation. Les enfants ont eu l’occasion de toucher des casques, français et allemand, et un véritable uniforme de poilu. Il leur a ensuite expliqué comment dessiner un personnage, ainsi que ses différentes humeurs. Puis les élèves ont lu à Marko le texte qu’ils ont écrit. Il a choisi une manière de l’illustrer en un seul dessin, que nous avons fait pas à pas en même temps que lui. » Des enfants qui, ravis de cette journée très riche et fiers de l’exposition de leurs œuvres à la médiathèque, ont fait un joli pas de plus dans l’univers de la lecture.
Le texte des élèves : « Karl et Henri : sacrée histoire «
En 1900, dans le petit village de Bellaing, un nouveau voisin, Karl, avait emménagé à côté de chez Henri, qui avait alors 10 ans. Ils étaient tous les deux dans la même classe et tous les soirs, quand la cloche sonnait, ils se retrouvaient dans leur cabane secrète. Personne d’autre ne voulait jouer avec Karl et ils devinrent très vite inséparables. Mais cinq ans après, Karl dût repartir en Allemagne pour le travail de son père. Ils restèrent en contact en s’envoyant des lettres.
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclara la guerre à la France. Tous deux furent envoyés au combat. Lors d’un assaut en 1916, ils se reconnurent. Que devaient-ils faire ? Se tuer ou s’allier en se souvenant de leur amitié passée ?
« Karl ??? C’est toi ???
– Hen… Hen…Henri ? »
Karl se demanda ce qu’il devait faire : le tuer ou l’épargner ? Tout à coup, un soldat allemand blessa Henri à l’épaule avec sa baïonnette.
« Va au diable ! » cria Karl, en larmes et l’abattit d’un coup de fusil.
Il porta Henri et alla se cacher derrière un buisson pour le soigner.
« Merci mon ami de m’avoir sauvé la vie.
– De rien, l’amitié compte plus que la guerre », répondit Karl.
Céline Druart Beaufort