La Mission Bassin Minier marque son territoire
Sur le site minier revisité de Wallers Arenberg, 5 ans après l’attribution prestigieuse du label UNESCO, la Mission Bassin Minier a réuni, pour la deuxième fois, tous les participants potentiels à la diffusion de cette reconnaissance mondiale. Audit, tables rondes, projets, interventions, beaucoup d’items ont été abordés sans éluder les problématiques sur ce sujet.
Bassin Minier-Patrimoine Mondial, rien que de l’écrire, on a encore du mal à réaliser l’importance de cette labellisation magnifique pour ce territoire. Et pourtant, le 01 juillet 2012, le bassin minier du Nord Pas-de-Calais a été reconnu au patrimoine mondial de l’Unesco au titre des paysages évolutifs.
Salvatore Castiglione, Vice-Président de la Mission Bassin Minier, mais également maire de la commune de Wallers, et Cathy Apourceau-Poly, président de la MBM, ont introduit cette deuxième manifestation « Les Rencontres du Bassin Minier-Patrimoine Mondial ». Leurs messages sont identiques, ils portent l’espérance d’un second souffle dans la transformation de ces espaces miniers, plus visibles, plus attractifs… !
Audit sur la communication
Un collectif de communication indépendant, « Bien fait pour ta com », a réalisé un audit sur l’impact de la communication de ce label UNESCO sur le bassin minier du Nord Pas-de-Calais.
Dès l’attribution de ce label Unesco en juillet 2012, le choix s’est porté rapidement sur la mise en place d’une dénomination particulière, une marque dénommée « Bassin Minier-Patrimoine Mondial ». Néanmoins, cette marque déposée, dès 2013, navigue dans un éco-système terriblement complexe. « D’ailleurs, « Bassin Minier-Patrimoine Mondial » est-elle une marque ? », pose comme question la consultante.
Premièrement, un constat sémantique est criant. « Nous avons observé qu’il y a confusion entre Patrimoine minier et Patrimoine mondial ? Ensuite, sur les 54 communes auditées, 40 % sont dans l’ignorance totale ! », commente la consultante.
Autre fait palpable recensé au sein des collectivités locales, il y a une carence faute d’informations à donner. « Les communes ont besoin d’un contenu à utiliser sur leur propre support, site internet, publication locale etc. », ajoute la consultante. Presque logique, car la contraction budgétaire décapite, souvent, le service communication. On réduit certaines compétences avant de toucher aux services directs à la population. En clair, il faut une prestation clé en main afin de fournir aux acteurs locaux, communes voire tissu associatif, des contenus rédigés, photos de qualité etc.
Sur le volet politique, le propos est sans détour. « Il n’y a pas assez de politiques qui portent ce label UNESCO ! », ajoute le Collectif.
Sur la marque «Bassin Minier-Patrimoine Mondial », l’impression est mitigée « cela me semble être plus un symbole, une empreinte », précise la consultante.
En résumé, on n’en fait jamais trop en communication… et le besoin est prégnant en la matière pour la marque « Bassin Minier-Patrimoine Mondial » .
Table Ronde
Ensuite, l’appropriation par la population a fait l’objet d’une table ronde, un enjeu fondamental pour ne pas dire le plus important. La directrice du Centre social Dutemple, à Valenciennes, a expliqué sa démarche de terrain. « Durant 3 jours, les jeunes de ce Centre social sont partis à la rencontre des habitants sur les villes de Valenciennes et Anzin. Ainsi, une vidéo de 45 minutes a été concoctée. Je partage avec vous quelques minutes de ce travail ». Cet extrait vidéo fut édifiant sur la connaissance très relative du label Patrimoine Mondial de l’Unesco par la population.
Ensuite, le Sous-Préfet de Valenciennes, Thierry Devimeux, a souligné sa joie de venir, dès septembre 2015, sur un site Unesco. « Je quittais la Réunion au patrimoine mondial de l’Unesco (novembre 2010) pour venir sur le Valenciennois. Pourtant, je n’ai pas vu d’informations UNESCO sur ce territoire ! » Véronique Hiolle, dirigeante de l’entreprise Hiolle et présidente du Hainaut Business Club, avoue humblement : « Je ne savais que le Bassin Minier dans le Valenciennois avait reçu cette labellisation UNESCO ».
L’important est de raconter une histoire transmissible, ce bassin minier est élevé au même rang que le château de Versailles voire les Pyramides d’Egypte. Cela revêt une valeur mémorielle qu’il faut diffuser, faire connaître, et plus encore transmettre aux générations futures.
Le tourisme est bien sûr un corolaire incontournable au développement de ce label UNESCO. Le point positif est que les acteurs, Offices de Tourisme et Service Communication, locaux voire territoriaux, commencent à collaborer comme l’ont témoigné Sophie Wilhelm, directrice de l’Office de Tourisme et du Patrimoine de Lens-Lévin, mais également Nicolas Dionet, directeur de la Communication, Communauté d’agglomération de Lens-Liévin.
Le président de l’association des anciens mineurs marocains, auditeur avisé de cette table ronde, réagit : « On ne parle que du patrimoine physique, mais le bassin minier, c’est aussi les hommes. Il faut racontez à nos enfants l’histoire de la mine ! ».
Présent également dans cette salle Léaud, le recteur de l’Education nationale apporte sa pierre à l’édifice. En effet, l’Académie de Lille lance au sein des 4 territoires du Bassin minier (Douai, Valenciennes, Lens et Bethune/Bruay) une plate-forme collaborative numérique au bénéfice des 890 écoles. « Ces outils numériques pour tous les élèves devraient contribuer à faire connaître le patrimoine du Bassin minier », indique-t-il.
Patrimoine européen
L’Europe a décidé de prendre en compte le potentiel touristique des sites européens classés au patrimoine de l’Unesco. Dans cette optique, la communauté européenne lance un programme baptisé « Les Routes du Patrimoine mondial de l’Union Européenne ».
350 sites sont classés en Europe. L’horizon est de mettre en valeur chacun de ces patrimoines culturels. Pour se diriger vers cet objectif, l’Europe a classé dans plusieurs catégories ces pépites UNESCO : L’Europe royale, l’Europe artistique, l’Europe romantique et l’Europe souterraine qui concerne le Bassin minier du Nord Pas-de-Calais.
Une plate-forme numérique sera en ligne courant janvier 21018. Un site web « Underground » où vous pourrez découvrir ces merveilles de l’Unesco. « Ce sera le tout premier site de visite virtuelle du patrimoine en Europe. Les premières ébauches sont fantastiques », explique Johana Devine, responsable adjointe projet Programme du tourisme durable.
La LCAP (Liberté, Création, Architecture et Patrimoine)
Il faut le dire, cette loi LCAP du 07 juillet 2017 n’a pas fait les gros titres de la presse, et encore moins alimenté les chaines d’infos. Pourtant, c’est la première fois que la patrimoine se voit doter d’un outil de protection. Certes, depuis 2003, la notion de patrimoine culturel immatériel a été actée. Toutefois, la LCAP pose le principe, dès son article 1er, d’un renforcement de la protection d’un site patrimonial.
Cette loi prévoit également le maintien in situ du mobilier. « Avant, un patrimoine pouvait être classé, mais également vidé de tout son mobilier. Dorénavant, un patrimoine pourra être classé avec le maintien sur site du mobilier « , explique Christian Douale, directeur du pôle Patrimoine et Architecture, DRAC Hauts de France. Enfin, il conclut sur une évidence de terrain… « l’Etat seul ne peut sauver un patrimoine, ce sont les acteurs locaux qui doivent d’abord se mobiliser pour faire vivre, ou survivre un patrimoine local ».
Souscription à la Fondation du Patrimoine
Jean-Claude Gonneau, délégué régional de la Fondation du Patrimoine, est venu présenter cet organisme au service du patrimoine. « En 2016, nous avons collecté 15,9 millions d’euros, dons et souscriptions confondus. Nous allons lancer une souscription sur le patrimoine minier dès janvier 2018 », déclare Jean-Claude Gonneau. Pour rappel, un don à la Fondation du Patrimoine bénéficie à l’action globale de protection du patrimoine français, une souscription est, quant à elle, liée en faveur d’un site déterminé.
Cette fondation du patrimoine bénéficie des déductions fiscales dans les limites exposées ci-après : https://www.fondation-patrimoine.org/les-dons-et-soutiens/pourquoi-donner
Pour cette souscription, voilà le lien associé : https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/patrimoine-minier-en-danger
Bailleurs sociaux et Unesco
La rénovation de l’habitat minier est fondamentale dans cet exercice de préservation. A ce titre, il faut souligner l’existence de 124 cités minières sur le dit bassin du Nord Pas-de-Calais, un poids indéniable dans une vision globale de ce label UNESCO.
Mécaniquement, les bailleurs sociaux sont concernés au premier chef. Cette manifestation a permis de souligner la signature récente d’une charte entre Maisons et Cités (ex Soginorpa), SIA Habitat l’Etat, et la Mission Bassin Minier. Pour Maisons et Cités, le logement minier représente 40% de leur patrimoine…, cela donne un indice sur la prépondérance d’un habitat minier rénové, performant énergétiquement, mais pas que… « Certes, ces cités minières doivent être aux normes. Pour autant, elles doivent être tout autant attractives. Une simple mise aux normes n’attire aucune population résidente, ni un touriste », assène Catherine Bertram, directrice de la MBM.
Une avancée notable, Catherine Bertram se félicite que l’ensemble des SCOT, et le dernier en date celui du Valenciennois en juillet 2014, ont pris en compte la thématique de ce label Unesco.
Conclusion
Jean-François Caron, porteur de cette candidature victorieuse UNESCO, met en exergue le plan de gestion de la Mission Bassin Minier. « Nous sommes remarqués par le Ministère. A telle enseigne qu’il m’a demandé de présenter en Corse notre bon plan de gestion dans le cadre d’un site remarquable à protéger », indique Jean-François Caron. La problématique de la signalétique UNESCO, peu visible ou absente, progresse positivement « notamment sur le Valenciennois » En effet, des panneaux sur l’autoroute à la frontière belge, une customisation des rames de tramway du réseau de transport public Transvilles dans le Valenciennois, une avancée significative sur certaines communes de l’arrondissement, font que cette mise en avant prend corps !
Ensuite, il insiste sur la fierté par rapport à cette labellisation « qui va se transmettre aux nouvelles générations. Je suis certain que le temps va jouer en ce sens. Notre dossier de candidature a pris dix ans, nous ne sommes qu’à 5 ans. Je reste profondément optimiste sur la diffusion et l’appropriation de ce label UNESCO par tous les acteurs. La valeur de l’authenticité sera forte dans ce 21ème siècle »… une parole authentique assurément !
Enfin, Thierry Devimeux, hyper actif sur ce sujet de l’Unesco, a avancé des nouvelles pistes de diffusion pour cette bonne parole. « Je pense au football, et aux clubs de Lens et au VAFC avec qui je suis rentré en contact sur ce sujet. Ensuite, la préservation du cheval le Trait du Nord, compagnon incontournable des mineurs de fond, et enfin la forêt qui dans le Valenciennois a digéré les terrils. Ils sont végétalisés aujourd’hui ».
Cette demi-journée fut riche en passion pour ces Rencontres du Bassin Minier-Patrimoine Mondial. L’enseignement principal est un optimisme sur le temps long, mais il n’en demeure pas moins que le patrimoine minier est là sous nos yeux. De manière factuelle, des sites miniers sont encore à l’abandon dans le Hainaut.
L’Unesco n’est pas seulement un logo, une pancarte pratique à afficher sur tous les supports de communication, c’est la reconnaissance aux yeux du monde de l’histoire de ce bassin minier dans le Nord Pas-de-Calais, rien que ça !
Daniel Carlier