Valenciennois

09.11 – 25.11. 17. Le Next, c’est un peu notre festival d’Avignon.

C’est sur les terres du festival d’Avignon que Xavier Bertrand, président de la région des Hauts de France a tendu une main au Next, durant l’été 2016, en le déclarant « festival d’intérêt régional », après l’obtention en 2015 de l’EFFE Award qui désigne le Next comme l’un des douze festivals les plus innovants d’Europe. La région aide la culture. 2017 : un cap. 2018 ? Un rayonnement immense pour ce festival international des arts vivants dans l’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai et Valenciennes (crédit photos Roland Verant).

(Crédit photos Roland Verant)

Next a un rôle à jouer dans le développement et la dynamique de la nouvelle métropole transfrontalière. A l’heure où les députés européens réclament plus de moyens pour la culture et où Françoise Nyssen, ministre de la culture, annonce dans les Inrocks « je pense que  l’Europe va se refonder par la culture. Tout le monde l’attend et le demande. »

«L’ aide de la Région est une véritable bouffée d’oxygène. Ce n’est pas qu’une question d’argent, c’est le soutien. Se sentir soutenu par les politiques, par les Hauts de France, c’est important. Tout le monde s’y met ensemble, il n’y a pas de frontières», explique Nathalie Le Corre, la directrice de l’espace Pasolini, accompagnée de Romaric Daurier, directeur du Phénix. Tous deux rêvent d’avenir et de croissance.  Une approche transfrontalière unique au delà des frontières linguistiques et nationales du festival soulignée lors de la soirée EFFE, Europe for Festivals, Festivals for Europe, « cette approche transfrontalière est unique et très innovante, et le jury a précisé que le Next pourrait constituer un modèle de collaboration transfrontalière pour d’autres festivals. » Next c’est 60 représentations de danse, théâtre et performance, dans 10 villes de la région transfrontalière. Une sélection d’artistes unique, des spectacles forts et contemporains, de nouvelles formes et langages innovants, le tout accessible à un large public. Ce festival a de l’ambition, les partenaires souhaitent poursuivre son évolution vers une plate-forme de collaboration durable pour ceux qui s’investissent dans l’Eurométropole. Plus qu’un festival d’arts, Next se veut un moteur de développement qui établit des connections, non seulement dans le secteur culturel, mais aussi l’économie, l’éducation…

La coupe budgétaire fût sombre mais les graines de lumière ont poussée. Le financement de la culture.

Il faut dire que quand le couperet est tombé, il a fauché les petites semences, mais n’a heureusement pas arraché les graines plantées ni abîmé les semeurs, l’arrêt des fonds européens et c’est toute l’existence du Next qui tangue. « Ce fût lourd. L’Europe n’aide plus la culture depuis 2014 ! Nous nous sommes inquiétés sur l’avenir des festivals. » Les six piliers n’ont pas vacillé, l’espace Pasolini, La Rose des vents de Villeneuve-d’Ascq, le Schouwburg et le BUDA de Courtrai, la Maison de la culture de Tournai et le Phénix. Quelques gouttes d’engrais et c’est reparti… « Ce qui va nous permettre de rayonner, cela redonne du souffle», annonce, visiblement soulagée, Nathalie Le Corre. Les portes s’ouvrent doucement, l’avenir se dessine radieux et naissent des «  nextensions » avec le Manège de Maubeuge et la Comédie de Béthune qui accueillent pour la première fois, puis « l’année prochaine, nous irons encore plus loin, Amiens, Beauvais, Compiègne, aux portes de Paris… »

Des rêves qui se réalisent. La Région flamande, côté Belge, subventionnait le festival à hauteur de 400 000 €, du côté Français rien. Le premier pas des Hauts-de-France s’annonce à 220 000 €. L’édition suivante, en 2018, via un contrat pluri-annuel d’objectifs, ce sont 400 000 € qui peuvent être espérés.

@Nora Rupp

Un financement qui permet de voir le jour, d’augmenter le programme et les co-productions et de frôler le doux rêve d’une production spéciale pour le Next.

«Ce festival est audacieux, parfois même à l’ extrême de la contemporanité, c’est important d’oser. De continuer à rechercher dans l’expérimental », ajoute Nathalie Le Corre, l’espace Pasolini est soutenu lui par Valenciennes Métropole depuis 2002. « Les moyens supplémentaires vont nous permettre d’accueillir des artistes en création, ce sont des gestes forts qui sont faits. On ouvre tout, cela va créer une synergie, des rencontres sur le territoire.Garder une grande qualité artistique sur la scène internationale et aussi de continuer à nourrir les artistes qui naissent sur le territoire. L’objectif est de monter en puissance…Cela nous permet de partir vers une nouvelle aventure, entre nous, avec le public et les artistes… »

La directrice de ce théâtre un peu à part a un rêve « nous souhaiterions qu’il y ait des créations pour le festival Next. Autrement dit passer des commandes à des artistes. » C’est tout le bien que l’on leur souhaite !

Le Next ce sont des vrais moments de partage avec l’art au centre.

Ici ce n’est pas « une programmation mais un collectif de programmation ! Le programme se fait autour de la table ». Y sont réunies des structures culturelles qui n’ont pas les mêmes politiques, pas les mêmes réseaux, « pas toujours les mêmes points de vue, et cela se passe très bien. C’est hyper innovant et très enrichissant, les débats sont très riches.» Les six structures co-organisatrices ont réuni leur festival respectif et ainsi toutes ont donné naissance à un seul festival commun en 2008, « chacun a gardé ses lignes artistiques, les identités ne sont pas avalées par le festival. »

Aujourd’hui c’est le Phénix qui entre dans la danse comme nouveau partenaire actif associé, une belle entente, qui au départ avait la forme d’un partenariat afin d’ accueillir des spectacles d’envergure, Romaric Daurier note « c’est grâce à l’espace Pasolini que nous sommes entrés dans le Next, cela s’est fait en plusieurs étapes, au départ la programmation de Pasolini se jouait au Phénix de temps en temps car la scène est plus grande » et voilà que cette année, dans les créations, le Next croise la dynamique du pôle européen de création.

@Yoram Lehmann

Un festival transfrontalier, 68 représentations, 36 compagnies, 19 partenaires culturels, 13 villes, 35 navettes…Cinq spectacles se joueront sur les planches de Pasolini, et cinq sur celles du Phénix.

A l’espace Pasolini ce sont quatre jeunes chorégraphes femmes, une islandaise deux argentines une suissesse, qui se questionnent sur l’identité, l’intimité…puissant. Au Phénix, c’est Tunnel Boring Machine, les 10, 11 et 12 novembre, seule vraie création de cette édition 2017 de Next. L’artiste Israélien Yuval Rozman, en résidence au Phénix en octobre, a écrit « un texte magnifique » qui sera en français, sous titré en anglais et en néerlandais, où «qu’est ce que cela veut dire pour moi, aujourd’hui en 2017, être israélien? » Un spectacle sera joué pour une première fois en France : L’Ivanov d’Émilie Charriot, 22, 23 novembre, bénéficie du soutien du pôle européen de création. Un Tchekhov… Émilie Charriot chemine avec brio sur le fil des doutes de Tchekhov, s’insinuant avec finesse dans les abyssaux interstices de la pièce pour mieux nous dévoiler une condition féminine victime des relations incestueuses entre l’institution du mariage et le pouvoir patriarcal.

Des navettes parcourent les terres du Next pour amener les spectateurs d’un point culturel à un autre. http://www.nextfestival.eu/fr

Quelques dates sur les terres valenciennoises.

*Tunnel Boring Machine (théâtre, performance), de Yuval Rozman : au Phénix le 10 novembre, à 20 h ; le 11 novembre, à 21 h ; le 12 novembre, à 17 h. 15, 13 et 8 €.

*Being (danse), de Bara Sigfusdottir : à l’Espace Pasolini le 11 novembre, à 19 h. 10 et 8 €.

*25.06.76 (danse), d’Ayelen Parolin : à l’Espace Pasolini le 13 novembre, à 20 h. 15, 13 et 8 €.

*La Esclava (danse), d’Ayelin Parolin : à l’Espace Pasolini le 13 novembre, à 21 h. 15, 13 et 8 €.

*Blablabla (théâtre, à partir de 6 ans), d’Emmanuelle Lafon / Encyclopédie de la parole : au Phénix le 15 novembre, à 15 h (séances scolaires les 16 et 17). 10 et 8 €.

*Suite nº 3 (théâtre), de Joris Lacoste et Pierre-Yves Macé / Encyclopédie de la parole : au Phénix le 15 novembre, à 20 h. 21, 19 et 8 €.

*ECCE (H)OMO (danse), de Paula Pi : à l’Espace Pasolini le 17 novembre, à 20 h. 10 et 8 €.

*Ivanov (théâtre), d’Émilie Charriot : au Phénix les 22 et 23 novembre, à 20 h. 21, 19 et 8 €.

*To come (extended) (danse, performance), de Mette Ingvartsen : au Phénix le 25 novembre, à 20 h 30. 21, 19 et 8 €.

*Se sentir vivant (danse), de Yasmine Hugonnet : à l’Espace Pasolini le 25 novembre, à 19 h. 10 et 8 €.

* See you Next Time, la soirée de clôture, au Tri Postal à Lille.

Céline Druart Beaufort

 

 

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