(Patrimoine) Une dotation de 15 000€ du Crédit Agricole pour le 94 rue de Paris.
Alain Cybertowicz, président du Comité de Sauvegarde du Patrimoine Valenciennois, revient avec nous avant les Journées du Patrimoine, sur celui de l’Athènes du Nord. Fort d’un scoop, une dotation de 15 000 € de la Fondation d’entreprise CA du Nord pour aider à restaurer la maison scaldienne, le 94 rue de Paris. Le futur siège du CSPV est ouvert ce week-end avec des visites commentées par des architectes le samedi après midi et le dimanche après midi.
Le 94 rue de Paris avance, le regard du CSPV se tourne vers le Béguinage.
Autant dire qu’il est content le président du CSPV. L’association, née en 1969 dans le but de préserver et de faire connaître le patrimoine et l’histoire de Valenciennes, se porte bien. Plus de cent adhérents, de nombreux dons, du mécénat…Des projets plein la tête pour le CSPV qui fêtera ses 50 ans d’existence en 2019 ! Alain Cybertowicz parle d’avenir « bien sûr continuer à défendre la sauvegarde du Patrimoine et la restauration du 94 rue de Paris pour en faire notre siège…». Cette ancienne maison de tisserand, à pans de bois du XVe / XVIe siècle est caractéristique des maisons moyenâgeuses du long de la vallée de l’Escaut de cette époque.
15 000 € joli cadeau ! Pour cette association qui contribue à préserver plusieurs bâtiments de Valenciennes.
Séduite par le projet et ses objectifs, la Fondation d’Entreprise du Crédit Agricole Nord de France, banque qui œuvre depuis les années 70 pour la préservation du patrimoine régional, a décidé de soutenir le CSPV dans la rénovation de cette maison remarquable. Alain Cybertowicz annonce « le Crédit Agricole nous offre 15 000 euros à titre de mécénat ! En plus des 5 000 euros de l’an dernier offert par la chaîne l’Incroyable, cela va nous permettre d’avancer sérieusement dans les travaux du 94 rue de Paris ! Cela a été un travail de longue haleine, depuis plusieurs années j’ai déposé de nombreux dossiers de mécénat et deux ont été récompensés. »
Zoom sur les maisons scaldiennes. A la fin du XIXe siècle, Valenciennes en comptait de nombreuses. Le grand incendie de la ville, durant la seconde Guerre Mondiale, les a pratiquement toutes détruites. Les rescapées sont en nombre très réduit aujourd’hui, une dizaine seulement, dont trois à Valenciennes, les autres en Belgique, dont Bruges. Toutes construites sur le même modèle, en hauteur, le sous-sol abritait l’atelier, le rez-de-chaussée et la cuisine à la Boutique, les étages supérieurs à la famille. A l’époque, « le CSPV a fait l’acquisition de cette maison avec 3 objectifs : rénover la maison et en faire un exemple de restauration, constituer un espace muséal pour les habitants du Hainaut, notamment des enfants, unique en son genre en montrant l’intérieur d’une maison de tisserand avec ses différents espaces de vie et hauteurs et en faire le siège de l’Association. », note le président.
Forcément aujourd’hui les idées sont là avec ce soutien financier, « nous allons pouvoir créer un escalier qui permettra d’accéder au premier étage , essentiel pour l’ouverture de la Maison au grand public, ainsi qu’un cabinet de toilettes. »
Point de vue du CSPV sur le Patrimoine Valenciennois.
Les passionnés seront présents sur quatre sites lors de ces journées du Patrimoine : l’écluse des Repenties, le 94 rue de Paris, un jeu de piste autour de l’Hôpital Général et au village Patrimoine sur la place d’Armes. Il faut dire que du patrimoine, l’Athènes du Nord en regorge, et le moins que l’on puisse dire c’est que ça bouge. Comme l’explique le comité, site par site « pour le Mont de Piété et l’Hippodrome, nous avons été très surpris du changement brutal d’affectation alors que quelques mois auparavant on restait sur les projets antérieurs. La vente à des privés ne nous gêne pas dès l’instant que les bâtiments sont sauvegardés et restaurés dans les normes et que cela ne coûte rien aux Valenciennois ! Nous faisons confiance sur ces projets à la DRAC et aux Monuments Historiques pour surveiller la restauration. »
Le mur devant les casemates de la Citadelle ? « nous avons là aussi été surpris car nous n’avons pas été consultés alors que c’est le CSPV, grâce à l’article de Jérôme Guilleminot dans la revue Valentiana, qui a permis l’inscription à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques. Mais finalement ce mur est utile pour des raisons de sécurité et les casemates ne sont pas dégradées ! Nous attendons cependant que ces casemates soient restaurées, ce que nous demandons depuis de nombreuses années… »
L’aménagement des boulevards Watteau et Pater ? «nous n’avons pas été consultés mais nous apprécions que le boulevard Watteau retrouve son affectation d’origine de la fin du XIXéme siècle, c’est à dire un chemin de promenade entre le jardin de la Rhonelle et le musée des Beaux-Arts. Même s’il est toujours déchirant de voir abattre des arbres centenaires…. ! »
Le projet PNRQAD de la rue du Quesnoy ? «nous avons été informés et nous avons obtenu des promesses sur les façades, mais pour celui de l’impasse Onésime Leroy nous ne comprenons pas pourquoi on doit abattre des façades qui sont inventoriées comme « à conserver » ou « à restaurer » dans le règlement de la ZPPAUP »
Et ce fameux chantier de la basilique ? « nous n’avons que très peu d’informations, notre position est très claire depuis le début : nous désirons la conserver dans son intégralité, même si les travaux de restauration doivent durer des dizaines d’années. »
Des projets? « Oui, le Béguigage. » Quel joli nom. Souvenez vous André Gauvin, dans Petite Histoire des rues de Valenciennes, en parlait « le Béguinage occupait un veste espace compris entre la rue Delsaux et le Fossart que traversait la Rhonelle. Cette institution ne survécut pas à la Révolution. Son église et ses autres bâtiments furent démolis et sur leur emplacement furent ouvertes, dès 1805, de nouvelles rues (…) Toutefois, dans ce méandre de petites ruelles qui s’appelle toujours l’enclos du Béguinage, (…) quelques anciennes habitations des béguines sont encore visibles. Il s’agit d’un ensemble de treize petites maisons du XVII é siècle dont cinq ont conservé leur petit porche arrondi et qui ne manquent pas de pittoresque. » Des béguinages, il n’en reste que trois dans le Nord de la France, «Lille qui est assez récent et en bon état, Cambrai qui est entretenu et Valenciennes qui est dans un triste état… », confie Alain Cybertowicz, en notant que celui ci est bien rénové et entretenu à Bruges et Anvers… Alors le CSPV a un souhait : une aide de la ville pour épauler les propriétaires du Béguinage à remettre en état présentable ce joyau du patrimoine de la ville.
Des regrets. Alain Cybertowicz regrette la coupure de communication avec les élus. « Contrairement à ce qui se passait auparavant, il n’y a plus de communication et depuis la vente du Mont de Piété et de l’Hippodrome à des investisseurs privés, il s’est instauré une incompréhension mutuelle. Nous sommes perçus comme un parti d’opposition alors que nous ne sommes qu’une association qui a pour but de travailler avec les élus pour sauvegarder au mieux le patrimoine de la Ville… ! » A lui d’ajouter concernant la position du CSPV par rapport aux décisions récentes de la Ville « nous ne sommes pas systématiquement contre, mais nous aimerions être informés en amont des décisions et avoir quelques explications sur les motivations ».
Avoir des choses à dire et vouloir discuter pour faire avancer les dossiers, pour mettre en valeur le patrimoine Valenciennois qui le mérite, n’est pas systématiquement signe d’opposition. Les vertus de la discussion…
Céline Druart