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Le Canal Seine Nord Europe, un CPI (chantier politique identifié) en approche !

Peu avant les élections au sein du parti « Les Ecologistes », le chantier gigantesque du Canal Seine Nord Europe, sous le boisseau médiatique depuis quelques temps, est revenu en pleine lumière pour le dernier Conseil régional des Hauts de France. Comme souvent, l’élection interne du parti « vert » plonge ce dernier dans d’interminables divisions, mais avec un sujet de fond, contrairement à l’A69, divisant les électrices et les électeurs écologistes… A cet effet, une réunion d’informations sur le CNSE est prévue ce jeudi 24 avril, plus d’infos en fin d’article !

Parfois, le non-dit est plus parlant que tous les discours en interview politique. En digression, une anecdote durant la campagne européenne 2019 était éclairante. En effet, la liste « Valenciennes Verte Solidaire » avait invité Marine Tondelier, pas encore la patronne du parti politique, mais élue régionale, et David Cormand (aujourd’hui Député européen), un des piliers de l’écologie politique. Ce dernier, pourtant très à l’aise et surtout structuré sur tous les sujets écologiques, fait face à une question sur le CNSE. Pas de réponse immédiate, le geste emprunté dans son body language, il se retourne vers ses collègues locaux, puis pilonne ce chantier à travers l’argument de base contre ce projet… « il existe déjà un canal (à grand gabarit), la Manche ! ». Retrouvez l’article ci-joint https://www.va-infos.fr/2019/04/24/lecologie-politique-a-aussi-un-parti-cest-eelv/

En clair, ce sujet devant diminuer sur la longue durée des milliers de haut fourneau en modèle réduit, sur le fameux autoroute A1, est (re)devenu le combat écologique du moment politique même si sa nocivité écologique à moyen et long terme laisse perplexe les écolos les plus convaincus. La construction des barrages hydroélectriques dans les Alpes ne fait plus débat depuis longtemps et apporte une énergie décarbonée incontestable. Pour autant, ses édifications ont généré à l’époque, certes sans les réseaux sociaux, une polémique nationale de premier plan ! 

Contre le CNSE, tous les arguments y passent comme celui du report modal insuffisant ! Premièrement, personne ne peut le quantifier à 5 ans, puis à 10 ans et suite, car l’évolution des véhicules et leur mode de carburation reste dans le flou. Ensuite, si vous prenez le réseau de transport en commun sur le Valenciennois, tramway et bus, certes ô combien perfectible sous la houlette de Kéolis, mais qui penserait dire que c’était mieux avant ? Concrètement, le report modal espéré à 10% initialement n’est jamais arrivé. On plafonne à 5%, une poussée à 8% fut constatée antan dans le Valenciennois, mais depuis la COVID, le retour de l’inflation, une paupérisation galopante sur le Valenciennois… pousse à constater que l’existence de ce réseau de transport partagé est utile même sans le report modal annoncé. 

Les ports du Havre et de Dunkerque impacté, là également, les dernières avancées n’ont pas été suivies visiblement par le parti « Les Ecologistes ». En effet, l’ancien premier ministre Edouard Philippe a tout fait pour stopper ce projet du CNSE. Toutefois, l’arrivée de Jean Castex et des efforts conjugués de Gérald Darmanin et Xavier Bertrand pour aplanir les problèmes financiers, de concurrence avec Le Havre et Dunkerque, et surtout la faisabilité de ce chantier, furent titanesques. Il faut rappeler que le CNSE est le premier chantier national délégué à une mise en oeuvre régionale, ce n’est pas rien d’où cette manifestation éruptive devant le Conseil régional des Hauts de France et une séance plénière très houleuse https://france3-regions.francetvinfo.fr/hauts-de-france/nord-0/lille/canal-seine-nord-europe-des-militants-ecologistes-et-des-opposants-au-projet-se-mobilisent-pour-denoncer-un-non-sens-3126124.html 

On peut noter que les 8 milliards d’euros fléchés pour ce projet le sont… depuis 2019 et consolidés à cet effet. https://www.va-infos.fr/2019/11/24/le-canal-seine-nord-europe-signe-sa-profession-de-foi-irreversible/ Ce n’est donc pas une décision surprise de l’année 2025… ! Oui, les Grands groupes privés ont refusé ce chantier en direct et c’est grâce à la puissance publique que ce CNSE verra, ou pas, le jour compte tenu qu’il n’est pas plus rentable à court terme que l’Eurotunnel au XXième siècle. Là également, qui demanderait l’arrêt de ce transport ferré entre l’Europe et la Grande Bretagne de nos jours ?

Certes, la destruction d’espaces de biodiversité est pléthorique : 3000 hectares de terres agricoles et naturelles consommées, un village coupé en deux, des digues allant jusqu’à 42 mètres de haut, 78 millions de mètres cube de terre excavés (l’équivalent de 10 tunnels sous la Manche), 35 millions de mètres cube d’eau stockés dans le canal et sa retenue d’eau (grande comme 55 bassines de Sainte-Soline) et 300 espèces protégées menacées dont 169 qui ont été autorisées à être tout simplement éradiquées. Sur ce point, un chantier de cette ampleur sème un trouble écologique profond sur les bassins versants, la biodiversité, la faune et la flore. C’est une certitude. De l’autre, cela nous ramène au même sujet que la levée des boucliers écologiques sur les terres rares à exploiter en France. Surtout pas, il vaudrait mieux les importer de Chine… De même, difficilement compréhensible que Marine Tondelier arrive dans les meilleurs délais sur Trith St Léger au chevet de Valdunes, afin de soutenir une industrie française, et de préférer les avions cargos où une kyrielle de poids lourds sur l’A1. Pour se construire, ce site industriel du Valenciennois a détruit des espaces verts, de la biodiversité, etc., mais permettait une production française sans l’importer de Chine… !

C’est pourquoi, le raisonnement de tout sauf dans mon jardin connaît ses limites aussi. En résumé, la réflexion pour ou contre doit s’inscrire sur l’utilité d’une autoroute fluviale du Nord de l’Europe vers l’Ile de France ! Ce mode doux est-il à moyen et très long terme une belle avancée écologique pour la région Hauts de France ? En tout cas, plus près du Valenciennois, le curage et la remise en route de l’axe Condé-Pommeroeul constitue une réduction du temps de transport fluvial d’une demi-journée minimum. Là également, on pouvait contester ces travaux et la polémique associée sur les boues https://www.va-infos.fr/2019/12/15/le-silence-des-boues-sur-mortagne-du-nord-et-chateau-labbaye/

Enfin, il ne faut pas oublier que la décision historique de suspension des travaux, par le Tribunal administratif, de l’A69 a revigoré tous les militants écologistes. De plus, avec Marine Tondelier réélue au 1er tour de l’élection interne au parti « Les Ecologistes », l’arrivée des élections législatives (sauf changement), régionales et départementales en 2027 et 2028, sans oublier la Présidentielle (sauf changement), va galvaniser le mouvement politique « vert »en difficultés. En effet, ce dernier est tiraillé entre des polémiques locales pathétiques et un manque d’indépendance politique vis à vis de la France Insoumise. Ainsi, sa parole politique est cornaquée aux soubresauts politiques et non aux grands choix politiques écologiques du moment. C’est pourquoi, les deux chantiers de l’A69 et du CNSE constituent une aubaine pour l’ex EELV, comme pour dire… si nous parlions un peu d’écologie et non de notre nombril politique associé à notre gamelle politique rémunérée (député, sénateur, conseiller régional, conseiller départemental).

Pour conclure, l’A69, et maintenant le Canal Seine Nord Europe au Nord de Paris, sont donc des chantiers politiques identifiés, mais paradoxalement le CNSE est beaucoup plus compliqué à contester sur l’argumentation écologique, car il est intrinsèquement un symbole, avec le ferroutage, du transport écologique anti… poids lourds !

A cet effet, une réunion publique sur le CNSE du collectif « Extinction Rebellion Valenciennes » est prévue ce jeudi 24 avril à 18H30, au bar l’Incontournable 9 Place Poterne (accueil 18H30, présentation 19h-20h).

Daniel Carlier

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