Stéphane Costaglioli en « facilitateur raisonnable »
Stéphane Costaglioli, le Nouveau Sous-Préfet de Valenciennes a pris ses fonctions officielles le lundi 24 février 2025, deux inaugurations depuis sur Fresnes-sur-Escaut et Neuville-sur-Escaut soulignent le lien indéfectible entre l’Etat de proximité et les collectivités locales. Quelle que soit son obédience politique, le bras armé de l’Etat près de chez soi demeure un interlocuteur incontournable pour tous les élus d’un territoire.

Originaire de ce beau département des Pyrénées-Orientales, 50 ans, le nouveau Sous-Préfet de Valenciennes arrive dans sa fonction territoriale après un passage éclair au Ministère de l’Intérieur, le temps du Gouvernent Barnier… trois mois ! Comme haut fonctionnaire de l’Etat, les nominations s’articulent entre des fonctions « nationales », en clair dans les Ministères, ou dans la « territoriale », en résumé sur le terrain. « Depuis mes premières prises de fonctions, j’ai fait 1/3 de Nationale et 2/3 de Territoriale. Je préfère le terrain, car il faut aimer les gens. Il y a plus de contacts humains. Pour autant, comprendre les arcanes dans la construction d’une loi, et parfois du temps associé, est utile pour l’expliquer. » Pour ce premier poste dans la région des Hauts de France et donc le Département du Nord, le nouveau Sous-Préfet est conscient de la particularité de ce territoire à la fois dynamique sur le volet économique, avec de grandes signatures et une histoire industrielle, mais également avec un niveau de paupérisation très palpable d’où cette réputation de laboratoire sociale vivant du Valenciennois.
Autre singularité de ce territoire, le tissu urbain est particulièrement dense. « C’est ma première fonction où la zone police est plus importante que la zone gendarmerie ! », mentionne Stéphane Costaglioli. Pour ces premières rencontres sur le terrain, il subodore que les élus, malgré leur divergence politique, se rassemblent sur les grands sujets. « Les élus du Valenciennois jouent en pack », suggère-t-il en prenant une image rugbystique, sport roi dans le Sud-Ouest.
« Une stabilité des aides de l’Etat vers les territoires », Stéphane Costaglioli
Cette nomination d’un nouveau Sous-Préfet intervient dans un contexte quasiment unique sous la 5ème République. En effet, la dissolution et ses effets dévastateurs sur la confiance des élus de proximité vers les hautes sphères, puis un temps d’incertitude sur la stabilité institutionnelle, et enfin un budget de l’Etat voté au forceps en février 2025, ont abimé ce lien entre le citoyen et la politique, l’Etat régalien. Toutefois, la dette publique longtemps balayée du revers de la main par l’ensemble de la classe politique, ou presque, devient le coeur du moteur décisionnel. Alors, comment s’inscrit l’action d’un Sous-Préfet sur un territoire, voire d’un Préfet, en terme de collaboration avec les élus sur le terrain ?
A ce titre, tous les édiles ont scruté les lignes budgétaires relatives aux fonds destinés aux collectivités locales, le fameux DETR (Dotation d’Équipement des Territoires Ruraux) et l’autre aide très prisée, le Fonds Vert. Pour ces deux dispositifs, Stéphane Costaglioli veut être rassurant : « Nous n’avons pas encore les données exactes par région et encore moins par territoire. Toutefois, nous avons les chiffres globaux et j’observe une stabilité des aides de l’Etat vers les territoires, soit 2 milliards d’euros pour le DTER (au national) et 1,15 milliards d’euros pour le Fonds Vert (au national), vous avez même une progression (légère) de la DGF (Dotation Générale de Fonctionnement) de 150 millions d’euros (au national). »
Autre dispositif plébiscité sur le bassin minier, l’ANRU 1 de Jean-Louis Borloo et sa déclinaison par Manuel Valls, le NPNRU où « la signature de l’Etat sera respectée », précise le Sous-Prefet de Valenciennes. De même, le très prisé ERBM (Engagement pour le Renouveau du Bassin Minier) devrait poursuivre son chemin. D’ailleurs, sur le Valenciennois « 125 millions d’euros investis sur 10 ans au lieu de 10 millions programmés, cela prouve la dynamique de ce territoire. » Effectivement, dans la lignée du baby boom, vous avez une génération entière de logements vétuste, voire en grande souffrance sur ce territoire ; la réhabilitation de ces quartiers miniers, voire industrieux, est sans doute la problématique numéro un du territoire. Certes, moins spectaculaire que la sécurité, que l’accès à l’emploi pour tous, voire la main tendue sociale, mais le déclencheur de tout.
« Très attaché à la libre administration des communes », Stéphane Costaglioli
Bien sûr, un arrondissement pauvre se traduit par une activation de la DSU (Dotation de la Solidarité Urbaine) ou DSR (Dotation de Solidarité Rurale) dans de nombreuses communes du Valenciennois. Là également, les enveloppes demeurent stables.
Pour autant, la Sous-Préfecture doit accompagner les dossiers de terrain dans la limite de ses prérogatives. Un point structurant pour le dialogue entre l’Etat de proximité et les communes, Stéphane Costaglioli tient à préciser qu’il est « très attaché à la libre administration des communes et à son pouvoir de Police. » Ce discours n’a pas été, depuis le début du 21ème siècle, le propos commun à tous les Sous-Préfets passés par le Valenciennois, loin s’en faut, et il a l’immense mérite de laisser les maires libres et responsables.
Pour autant, son CV dans l’administration centrale des finances pousse ce serviteur de l’Etat à analyser chaque dossier sous le prisme budgétaire. « C’est un peu ma déformation professionnelle », souligne-t-il. C’est pourquoi, le Sous-Préfet étudiera chaque projet sur 3 angles : « La pertinence du projet, sa cohérence sur sa commune et dans son environnement proche, et les moyens financiers associés. Je peux suggérer de nouvelles pistes de financement, un étalement dans le temps, analyser un dossier à 180° et être un facilitateur responsable. »
Bien sûr, l’Etat est également là pour tirer la sonnette d’alarme. Techniquement, une mise sous tutelle à l’ancienne n’existe plus, mais une saisine préfectorale est possible afin de signaler à la Chambre Régionale des Comptes un souci local. Tout cela en dehors des contrôles récurrents de la CRC au sein des communes avec parfois des rapports très rudes pour une collectivité locale, nous l’avons vu sur le Valenciennois avec des conséquences sur les élections municipales.
« La sécurité, pas seulement une histoire de statistiques », Stéphane Costaglioli
La sécurité des concitoyens est le contrat de base entre l’Etat et sa population, inutile de dire que cette pensée est très difficile à traduire sur le terrain : « La sécurité, ce n’est pas seulement une historie de statistiques, car le traumatisme d’un cambriolage, d’une agression, etc., demeure. C’est d’abord notre première liberté. C’est pourquoi, nous allons nous attacher à surveiller les lieux de vie au titre de la prévention, voire de la répression. »
Néanmoins, l’Etat ne peut pas tout et la collaboration avec les collectivités locales est indispensable. « Nous avons besoin de partenaires, la Police Municipale assure un continuum de protection avec la Police Nationale, et les caméras de vidéo-protection. De la même manière, nous avons besoin de la participation des citoyens, notamment en terme de prudence », déclare Stéphane Costaglioli.
Fort de cette ligne de conduite, Stéphane Costaglioli va parcourir le territoire pour comprendre les besoins des grandes collectivités comme des plus modestes. A quelques encablures des municipales, les demandes risquent de ne pas manquer… !
Daniel Carlier