« Job Reverse », un job dating à l’envers !
Au sein de la Ferme du Major à Raismes ce mardi 25 février, l’association d’insertion AGEVAL a proposé une version originale d’une rencontre entre l’entreprise et le demandeur d’emploi. On change le logiciel et on inverse les rôles. En effet, l’idée était de proposer aux entreprises de venir découvrir les compétences et le savoir faire des candidates et des candidats à un emploi pérenne, soit le contraire d’un job dating impersonnel souvent mal vécu par les postulants.
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Virginie Scelsi/Salariée insertion AGEVAL : « Les JOB DATING sont démotivants, voire frustrants.»
Face au succès très mitigé des participations répétées à des « Job dating », Céline Fleury, la responsable de l’accompagnement des CIP (Conseillers en Insertion Professionnelle) a demandé aux salariés en insertion de réfléchir à une autre proposition : « C’est pourquoi, nous avons réuni 2 personnes par filière au sein de l’association AGEVAL (9 sections au total) afin de chercher une meilleure solution. » Comment combattre une idée, tout simplement avec une autre idée plus porteuse et justement les premiers concernés, l’équipe projet de l’AGEVAL, a suggéré une inversion du système.
« Nous sommes peu à l’aise dans les conditions d’un job dating classique. De plus, on dépose juste son CV et on entend le même discours du représentant de l’entreprise, il ne s’adapte pas du tout à la personne en face », tance Virginie Scelsi, une salariée en insertion depuis un an dans la filière maraichère.
« Je me suis adaptée », Virginie Scelsi
Le profil de Virginie est symbolique du besoin d’un autre regard pour appréhender son potentiel. « Nous avons eu l’idée d’inverser les choses en invitant les entreprises à venir découvrir notre savoir faire. Ici, nous sommes dans un lieu que nous connaissons. Nous évoluons dans de meilleures conditions pour montrer nos qualités », poursuit-elle.
Effectivement, le public en insertion n’est pas une celui de cadres en col blanc prêt à enfiler le costume, parfois trompeur, de superman du verbe. Non, ces personnes souvent très éloignées de l’emploi ont besoin de reprendre confiance, la clé de tout. « J’étais secrétaire et j’ai dû arrêter pendant 5 ans pour suivre la maladie de mon enfant. Puis, 5 autres années et je suis restée 10 ans sans travailler. Ensuite, je n’ai pas pu intégrer la filière voulue, couture, compte tenu de sa disparition au sein d’AGEVAL. En fait, je suis arrivée dans celle de la maraichère sans affinités, mais je me suis adaptée. Aujourd’hui, j’apprécie mon travail. » Cette dernière vise un emploi pérenne dans le social car elle a trouvé sa voie, celle de l’accompagnement !
De l’humain…
La rupture par rapport à un job dating traditionnel n’est pas seulement pour les salariées en insertion. En effet, près d’une vingtaine d’entreprises sont venues sur site (O2, Supplie, Axeo, Nord Habitat, Manpower, Partenord, etc.) et l’une d’entres elles demandait à son arrivée « où est mon emplacement pour mon stand ? ».
Non, pas ici, car le public concerné se balade son CV à la main, voire réalise des démonstrations en direct dans ses domaines de compétences au sein du bâtiment de la « Ferme du Major ». Le responsable d’entreprise est abordé comme quelqu’un dans la rue et le membre d’AGEVAL se présente au débotté, un échange pas banal. Là, la crainte de mal faire s’envole !
Cette idée d’une rencontre différente n’est pas neuve ; elle est plutôt dans le tempérament anglo-saxon, chez les britanniques et surtout aux USA où la culture de la compétence dépasse celui du diplôme. Faire de l’argent sans diplôme démontre que tu es plus intelligent que celui d’à coté au CV de trois pages, mais sans ce petit plus qui fait la différence. Ça s’appelle l’envie !
Ce JOB REVERSE est un succès et après un débrief, mais surtout l’attente des retours suite au contact avec les entreprises, une nouvelle mouture pourrait voir le jour. « Nous pourrions organiser deux temps forts du même type durant l’année », conclut Céline Fleury. Une manifestation sans doute itinérante sur les sites de l’AGEVAL (bâtiment, espace vert, maraicher…) pourrait se graver dans le marbre durant les prochaines années.
En tout état de cause, attirer l’attention des employeurs dont chacun sait leurs difficultés de recrutement, montrer son savoir faire, son savoir être, et sa détermination à occuper un emploi sur le temps long ; voilà les atouts de cette organisation atypique, mais terriblement symbolique de notre mal du siècle… combattre l’indifférence !
Daniel Carlier