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Les agriculteurs de la FDSEA interpellent le député Guillaume Florquin (RN)

Dans chaque ferme de France, chaque agricultrice, chaque agriculteur, vit un moment torturé. D’une colère légitime exprimée en début d’année 2024, une dissolution a jeté une première fois dans le ruisseau quasi toutes les avancées d’une loi agricole attendue ; une deuxième fois les progrès annoncés, toujours insuffisants, ont été balayés par une censure le 04 décembre 2024. Gageons que l’ensemble de la classe politique (re)devienne à la hauteur du moment, une présidence (et son bloc central) qui n’a pas compris qu’elle avait perdu 3 élections, un Rassemblement National qui ne voulait pas gouverner sans 289 voix, soit la majorité absolue, et toujours avec des lignes rouges même sans ladite majorité absolue, et d’un Nouveau Front Populaire qui pense depuis le 07 juillet 2024 qu’il bénéficie de la majorité absolue pour appliquer son programme, rien que son programme ! Pendant qu’en France, la définition du parlementarisme a une signification différente de toutes les autres démocraties du monde ; les agriculteurs sont au bout du rouleau moral, social, et financier, mais La Politique attend un « je ne sais quoi » !

Dans la foulée de cette censure du gouvernement Michel Barnier, les représentants de la FDSEA du Nord ont choisi d’interpeller Guillaume Florquin, nouveau député de la 20ème circonscription depuis les dernières législatives en juin 2024, et votant avec le Groupe Rassemblement National la censure ce mercredi 04 décembre 2024. Le député est donc venu à la rencontre de ces derniers ce samedi 07 décembre.

Evidemment, deux mondes, deux ambiances, les dorures de la République et le quotidien du monde agricole ; néanmoins, les deux parties ont dialogué et échangé avec leurs convictions respectives. En sus de cette rupture de confiance, la signature brutale du Mercosur par l’UE a jeté encore plus de confusion. Attention, ce dossier n’est absolument pas finalisé, car les pays contestataires, dont la France, peuvent encore stopper ce processus sur le temps très long. Néanmoins, en toute légalité, la commissaire de l’Union européenne a signé le volet commercial du Mercosur. Les esprits chagrins noteront que Ursula Van Der Leyen est d’origine allemande, dont la gouvernance est en grande difficultés comme en France, et de manière concomitante l’arrivée de Donal Trump le 20 janvier prochain à la tête des U.S.A entamera un tir de barrage contre les voitures allemandes que le prochain Président outre-atlantique déteste autant que les produits chinois. L’histoire dans l’histoire écrit depuis des siècles notre quotidien… !

« Quasiment aucune avancée », Isabelle Pique

Sur l’état des lieux du monde agricole en France, il est très grave à plus d’un titre. Concernant les avancées depuis les manifestations en début d’année 2024, quelques concrétisations avec le remboursement du gazole non routier (part de l’agriculteur), l’accélération du versement (interminable) de la PAC, et autres mesures d’urgence. Toutefois, le contenu global du projet de loi « d’orientation sur la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations » a été interrompu le 09 juin dernier à travers cette dissolution incomprise ;  Isabelle Pique commente de manière factuelle la situation à ce stade : « Nous n’avons quasiment aucune avancée depuis le début de l’année. » 

Comme évoqué dans l’introduction, la reprise des négocations avec les syndicats agricoles, sur la base du 09 juin (une bonne chose) et les nouvelles avancées obtenues auprès du Gouvernement Barnier attendaient une mise en oeuvre indispensable et urgente. Bien sûr, le député défend la position de son groupe parlementaire sur la censure, mais un agriculteur présent lui répond : « Vous avez eu tort. Vous le paierez dans les urnes. »

Un autre résume la pensée des interlocuteurs présents : « Nous sommes très inquiets de cette situation. De notre côté, nous ne nous occupons pas de politique. » Sur le plan local, la liste de courses pour survivre est limpide : « Il faut soutenir la filière laitière et plus globalement le rôle de l’élevage avec d’autres mesures, notamment pour la lutte contre la fièvre catarrhale. Aujourd’hui, il n’y a pas de prévention concernant la prochaine épidémie. A ce stade, seules les bêtes de plus d’un an étaient concernées par l’indemnisation, alors que de très nombreux veaux sont morts. Ensuite, une simplification administrative est indispensable. En effet, beaucoup de professionnels n’essayent même pas de se faire rembourser tellement les formalités sont compliquées. Puis, ils nous faudrait un fonds de roulement (format à discuter) afin de pouvoir reconstituer notre cheptel. Enfin, la Ferme France doit grossir mécaniquement, mais il y a de moins en moins de monde pour venir travailler dans la ferme. »

A ce titre, Isabelle Pique donne un exemple parlant : « Aujourd’hui, un couple ne peut pas vivre avec 60 bêtes dans la filière laitière…en travaillant 80 heures par semaine. »

Et demain… !

A ce stade, le député promet de poursuivre son travail sur les sujets très locaux : « J’ai la main pour avancer sur un dossier local. Par contre, sur des sujets plus généraux, je suis obligé de passer par le Groupe parlementaire. » Ensuite, il énumère ses initiatives en la matière et déclare aux interlocuteurs dubitatifs : « Si de nouvelles avancées (par rapport au budget Barnier) sont incluses dans le prochain budget 2025, compte tenu que ce dossier fait consensus à l’Assemblée nationale, vous allez peut-être nous remercier de cette censure. » 

Pour autant, l’urgence, c’est demain et mars paraît tellement éloigné, car avec 70 jours d’examen d’un budget de l’Etat et de la Sécurité sociale prévus par la Constitution, le bicamérisme est une réalité parlementaire, la situation dans les fermes de France sera pire encore. Dans le Nord, contrairement à d’autre régions, le dialogue est encore possible, mais pour combien de temps ?

Daniel Carlier

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