« La Cité de l’Acier », un projet Titane-sque !
A travers ce premier comité de pilotage relatif à l’émergence d’une « Cité de l’Acier » dans le département du Nord, l’association de préfiguration à ce projet voulait marquer un point d’étape sur l’avancée de ce dossier très ambitieux, certes un peu fou, où néanmoins les pièces du puzzle s’emboîtent presque naturellement au fil des mois (visuel Michel Lefebvre).
Michel Lefebvre : « La Cité de l’Acier est une revanche du territoire ! »
Michel Lefebvre, président de ladite association, rappelle la genèse de cette idée construite autour des souvenirs d’un drame socio-industriel, la fermeture d’Usinor sur le Valenciennois. « C’était le 12 décembre 1978, le jour de l’annonce de la fermeture d’Usinor sur Denain avec 5 000 emplois en moins, 550 sur Trith-st-Léger et 400 sur Anzin », commente l’ancien maire de Douchy-les-Mines. Cette déflagration sociale a emporté beaucoup sur son passage, alors qu’en 1951, Usinor avait 6 usines dans le Nord, et qu’en 1962 le site de Denain était le plus prolifique avec deux millions de tonnes d’acier par an, la roue tourne très vite.
De cette base mémorielle, le début d’une initiative est née où se mêle à la fois l’histoire et son patrimoine, son partage, sa dimension culturelle évidente, la recherche et l’innovation, sans oublier la formation. « Ce sont les trois piliers d’un projet sur la construction d’une Cité de l’Acier, entre un Louvres de l’Acier et un MIT des technologies », ajoute Michel Lefebvre. Les volets se tiennent entre eux, mais positionne de suite ce dossier comme majuscule. D’ailleurs, récemment, la Directrice générale de la mission Bassin minier soulignait que « le patrimoine sidérurgique méritait autant d’intérêt que le bassin minier ».
« L’UPHF est partie prenante dans ce dossier », Arnaud Huftier
En mot d’accueil, le vice-président de l’UPHF, Arnaud Huftier, a mis en exergue cette initiative : « C’est un dossier très intéressant, d’avenir sans un regard seulement passéiste. A ce titre, l’UPHF est partie prenante dans ce dossier. Il s’inscrit dans un nouveau modèle de l’université, des filières basées sur les compétences, plus parlante pour l’entreprise, voire des micro-programmes plus adaptés ».
Dans ce cadre, l’association de préfiguration d’une « Cité de l’Acier » a été portée sur les fonts baptismaux en mars 2022. Les premiers contacts ont été assez fructueux, Le Muséum, le LAM, la FRAC, le Back light, permettant le déclenchement d’une étude de faisabilité. L’ADU (Agence de Développement et d’Urbanisme) a été retenue pour cette mission dont le rendu interviendra en juin 2025. Ce cabinet expérimenté, représenté par Aurélie Régnier, basé dans la Sambre-Avesnois, a débuté son étude sur un lieu d’implantation dans l’arrondissement de la Sambre-Avesnois et du Valenciennois. Plusieurs sites en Europe sur des reconversions de friches industrielles ont été visités, mais même d’une grande qualité, aucun d’entre eux ne réunit à la fois 3 items sur un même lieu ; un centre d’information sur l’histoire, un tiers lieu et une école, et enfin un incubateur d’innovation. « Il existe trois choix, un bâtiment unique, une cité avec plusieurs sites ou la réhabilitation d’une friche », commente Hugo Hamelin du cabinet ADU. Pour ce spécialiste dans l’accompagnement des collectivités locales et territoriales, le sujet central réside aussi dans l’attractivité du site « avec 250 000 visiteurs par an pour viabiliser cette réalisation ».
Pour autant, Jean-Luc Lambert, le trésorier de l’association, rappelle qu’il ne faut pas se limiter à « l’acier, mais à tous les filières de la Métallurgie. D’ailleurs, il faut mettre en avant les nouveaux métiers dans cette filière, avec l’IA, les Big Data, l’industrie 5.0. Il existe plein de beaux métiers dans les technologies nouvelles ».
Un copil actif
La présence d’acteurs dans les différentes parties du projet était intéressante à plus d’un titre. En effet, sur la partie patrimoine l’association Proscitec, spécialisée dans le patrimoine et la mémoire des métiers, a fait part de sa conviction sur la pertinence du projet. « Toutefois, ce n’est pas qu’un simple établissement sur un territoire », précise la vice-présidente de l’association, Martine Aubry.
Même une représentante d’Arcelor Mittal était là à l’UPHF pour signifier l’intérêt de l’entreprise internationale sur ce projet. Rappelons tout de même la mauvaise nouvelle avec le coup de frein « sur la décarbonation du site de Dunkerque », mentionne Jean-Luc Lambert.
Même un intervenant pour le GIP Europe Hainaut, outil d’informations sur ses politiques européennes dans les territoires, était présent pour proposer ses services dans la « recherche des financements européens en direct où pilotés par la région Hauts de France ». De multiples autres interventions ont souligné la nécessité d’un projet tourné vers l’avenir.
« Je suis très satisfait à quelques mois du rendu de l’étude de faisabilité », Michel Lefebvre
A ce stade, le président de l’association apprécie l’évolution de ce projet : « Je suis très satisfait à quelques mois du rendu de l’étude de faisabilité. Le foisonnement des idées est important. Il faut créer des réseaux. Pour moi, la Cité de l’Acier est une revanche du territoire ».
Après le rendu en juin 2025 de ce travail au long cours, le temps du financement sera sur la table. Sans doute la phase la plus complexe, mais l’avancement de ce dossier compte tenu de son ampleur est déjà une réussite, bénéficie d’un accueil bienveillant, mais il faudra le concours des institutions publiques territoriales, nationales, européennes et assurément d’un mécénat, fondations, voire entreprises pour y aboutir.
Daniel Carlier