Pour ce conseil municipal de rentrée à Denain, durant une période politique iconoclaste, et le jour de la présentation du Budget par le premier Ministre Michel Barnier, quelques délibérations ont montré que la réalité du terrain est singulière, parfois éphémère, voire inattendue (visuel travaux centre-ville de Denain).
(Visuel/Maison des Projets d’un plan à l’ancienne des travaux de la commune sur Denain, ce n’est pas du 3D, mais du concret)
Dans les premières délibérations, il y avait la validation d’une dépense dans le cadre de la création ex nihilo d’une « cour oasis » à l’école La Fontaine. Outre l’objet de ces cours d’écoles visant à proposer un îlot de fraîcheur aux élèves, peut-être une obligation dans 15 ans, elle met en lumière son financement. En effet, 98 159 euros dont 80% du Fonds vert et 20% pour la ville souligne l’usage par de multiples collectivités locales de ce Fonds dédié à tous les travaux reliés au climat. Véritable couteau suisse de la transition écologique, pratique pour les édiles afin de boucler leur projet, ce Fonds vert est menacé dans le prochain budget national 2025 et pour être transparent, Bruno Lemaire voulait aussi tailler dedans. « Cette dotation est validée sur l’enveloppe 2024, nous avons l’assurance d’obtenir ces fonds », rassure Anne-Lise Dufour.
Le diable est dans le détail… foncier
Comme chacun sait, Denain traverse une période de travaux quasi inédite en terme de transformation d’ensemble, supérieure à ceux du tramway en comparaison, avec un centre-ville en mutation prochaine, des quartiers, des espaces publics revisités, etc. Le premier dossier, du premier projet global actuel NPNRU, d’une réflexion globale relative à une rénovation urbaine lourde est intervenu sur l’îlot Basly… en 2006 avec le rachat par l’EPF (Etablissement Public Foncier) de cet espace urbain dégradé. Acquisition amiable à « 90% et 10% d’expropriation », selon une chargée de mission (Maison des Projets), tout semble bordé. Pour autant, plusieurs délibérations absolument indispensables pour poursuivre cette transformation majuscule ont été passées au Conseil municipal. En résumé, l’adjoint Jean-Pierre Crasnault a indiqué « qu’un M2 » avait été mal attribué dans les cessions et par suite que la propriété foncière, entre l’EPF, puis la ville, et enfin le bailleur social, devait régulariser cette erreur administrative. « Toutes ces délibérations pour 1 M2, mais elles permettent de réaliser cette rénovation complète de l’îlot Basly », mentionne la maire.
Napoléon, l’inventeur du cadastre, ce projet un peu fou de mesurer tout le territoire français, au moins en Métropole au début, ne savait pas que son respect au mètre carré serait un mur administratif si complexe pour les propriétaires et une bénédiction pour les avocats… !
Installation d’un crématorium
Plus d’enterrement, mais une crémation, cette pratique se généralise, voire pourrait être l’usage premier dans peu de temps. La ville de Denain va se doter d’un crématorium sur sa commune. Proche du cimetière actuel, de l’autoroute et du tramway, des espaces fonciers ont été expropriés pour obtenir les terrains suffisants à la construction d’un site dédié.
Dans le cadre d’une DSP, l’entreprise OGF a remporté l’appel d’offres pour la construction et l’installation d’un crématorium. « Elle nous versera pendant 30 ans une soulte et au bout de ses 30 ans, le site appartiendra à la ville », précise Anne-Lise Dufour. Dans 50 ans, les cendres auront sans doute une seconde vie plus en phase avec le réemploi, c’est morbide…, mais certains y pensent !
« Contrats de quartier 2030 »
La délibération relative à l’adoption en Conseil municipal du nouveau « Contrat de quartier 2030 », fixant les nouvelles limites de la géographie prioritaire, les fameux QPV (Quartier Politique de la Ville), rappelle certaines données importantes. Parfois, on compare les dotations publiques du voisin, mais sur 8 700 foyers, soit plus de 21 000 habitants, 14 000 vivent dans un espace de géographie prioritaire sur Denain.
A ce titre, l’année 2025 sera une année de recensement. Une étape décisive pour les communes, car il détermine le nombre d’habitants et par capillarité les dotations à la clé (DGF/Dotation Générale de Fonctionnement). Et justement, la prise en compte, ou non, d’un futur peuplement nouveau dans un quartier en pleine révolution urbaine constitue un véritable sujet. Il est pris en compte ou pas ? A ce stade, il semblerait que le NPNRU (Nouveau Plan National de la Rénovation Urbaine), oui, mais pas l’ERBM (Engagement pour le Renouveau du Bassin minier), et quid des autres dispositifs de rénovation urbaine…, un enjeu colossal pour les communes concernées.
Sur cette délibération, Youssouf Fedal reproche à la premier magistrate « son manque de vision pour Denain ». Elle répond tout de go que la « présence en commission » aiderait à comprendre le dossier.
Volet éducatif
Une délibération et une question orale ont mis en lumière des aspects positifs d’une initiative locale et une nationale.
En premier lieu, la commune de Denain récompensait déjà les élèves diplômés d’une mention au BAC, entre autres, à travers une carte cadeaux chez ses partenaires locaux. Cette fois, elle ajoute un dispositif similaire pour les détenteurs d’un CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle).
Là encore, nous voyons que tous les chemins nous ramènent au budget national, car l’aide à l’apprentissage, très soutenu pendant dans 7 ans sous forme de prime à l’embauche d’un apprenti, sera réduite assez drastiquement. La Chambre des Métiers et de l’Artisanat va essayer de peser pour limiter la casse… !
Ensuite, une question orale de Michèle Dandois a évoqué le port de l’uniforme compte tenu du 1er mois de l’expérimentation au sein de l’école Michelet. Un peu comme un témoignage national dans une Matinale de grande écoute, l’expérience est instructive. Emmanuel Cherrier, adjoint en charge, a demandé un retour des personnes concernées. Pour la Directrice de l’école : « Très positif, unité, égalité entre les élèves sans distinction de classe sociale, notamment pour des enfants issus de familles aux ressources très modestes » ; pour certains enseignants « pas de difficulté, pas de changement dans l’apprentissage, mais un respect de l’uniforme et une certaine homogénéité », et les élèves « fierté de porter l’uniforme, contents, et notamment la tenue de sport ». Une adjointe/enseignante au sein de cette école témoigne : « Les élèves sont moins distraits par la tenue vestimentaire des autres. Je note qu’ils portent (dorénavant) tous une tenue de sport pour leur cours d’EPS, c’est très bien ! ».
Bien sûr, l’expérimentation « est prévue sur 2 ans, il est bien trop tôt », conclut Anne-Lise Dufour. Toutefois, ll semblerait que l’idée dans la pratique va exploser, façon puzzle, toutes les grandes idées sur les libertés individuelles. On est tellement doué sur le sujet… !
Daniel Carlier