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Pierre Schroder : « Le temps administratif est un frein à l’action sociale »

Le mois de septembre est particulier au sein des centres sociaux. En effet, arrive le temps de la mise en oeuvre des animations travaillées en amont pour les 4 derniers mois de l’année, mais aussi la poursuite du tunnel administratif afin de boucler l’année sur le volet financier. Entretien avec Pierre Schroder, le Directeur depuis décembre 2023 du Centre social du quartier St Waast à Valenciennes, en provenance du Douaisis, partagé entre sa mission sociale et un temps administratif chronophage.

(Pierre Schroder et son équipe)

L’action sociale plombée par l’administratif  ?

Avant de faire un focus sur le Centre social du quartier St Waast à Valenciennes, Pierre Schroder met en lumière le financement de plus en plus complexe pour ce type de structure. D’ailleurs, les Centres sociaux, au niveau national, ont manifesté en février 2024 avec quelques avancées concrètes à la clé, mais ce n’est pas suffisant. « Nous savons que la subvention de la CAF (principal financeur) n’est pas suffisante pour assurer le fonctionnement financier tout au long de l’année », explique Pierre Schroder. Bien sûr, la CAF donne le « La » en attribuant un agrément social après la prise en compte du « Projet social » de la structure, sa vision de son action de proximité sur les 4 prochaines années.

Néanmoins, un Centre social en 2024, avant l’élaboration même de la 1ère animation, doit chercher des fonds auprès d’autres partenaires comme la commune, le Département, voire des fondations, afin de boucler l’année, les salaires, les charges fixes… Certes, chaque site a sa propre histoire, mais le dénominateur commun est le temps consacré à remplir des dossiers… « En 2024 sur ce site, nous avons répondu à 40 appels à projets. Ce temps passé est un frein à l’action sociale, au coeur de notre métier », déclare Pierre Schroder.

En dézoomant un peu, on est passé de l’enveloppe globale et ses abus à la compétition tous azimuts. Au bout du bout, la Direction et les agents peuvent passer presque la moitié de leur temps actif à remplir des dossiers… et par suite altérer « le lien social et le contact avec la population. Je rappelle qu’un Centre social est une structure d’animations de la vie sociale portée par les habitants », poursuit le Directeur du centre social Saint-Waast. Et si on pousse plus loin le raisonnement, les 15 centres sociaux sur le Valenciennois regroupés au sein de l’association ACSRV sont le terreau, pas le chapeau… : « Ce sont les centres sociaux qui font l’ACSRV et pas l’ACSRV qui fait les centres sociaux ».

En conclusion, le sujet est assez simple in fine. Ou nous parlons de co-social, en mode coworking, et à ce moment là quel est l’intérêt d’un suivi social ou nous évoquons un accompagnement social ciblé et dédié, pas un simple présentiel. Rien à voir, mais sur la forme le temps administratif contraint fait glisser doucement, mais sûrement, les centres sociaux vers une structure administrative d’abord, la vocation sociale… de moins en moins. 

« 80% d’adhérents de Valenciennes et 20% d’autres communes (Anzin-Petite-Forêt) », Pierre Schroder 

Avec 7 salariés, dont le Directeur, 1 référent jeunesse, 1 Référente enfance, 1 référent adulte et famille, 1 référent dans l’accompagnement, et 2 référents pour l’insertion, plus des vacataires saisonniers, ce centre social accueille 1 000 usagers chaque année. « Là, nous parlons de ceux qui utilisent nos services même une fois dans l’année. Au niveau des adhérents, nous avons entre 500 et 600 adhérents, 80% d’adhérents de Valenciennes et 20% d’autres communes (Anzin-Petite-Forêt). D’ailleurs, nos animations, nos ateliers, nos manifestations sont réservés uniquement à ces derniers », mentionne-t-il.

Centre social St Waast in vivo…

Façade Centre social Saint-Waast

Pour cette structure dans le quartier de Saint Waast, la relation est « bonne avec le CCAS de Valenciennes, les services et notamment Catherine Estaquet (Chargée de mission Politique de la Ville). Dans la même lignée, nous avons remporté un appel d’offres avec le Conseil départemental pour un travail avec les allocataires du RSA ». Ensuite, les diverses Fondations françaises sont sollicitées sur des projets précis avec, parfois, des bonnes nouvelles. 

La structure vient de boucler ces animations de la « semaine Bleue » en faveur des séniors sans oublier le démarrage d’Octobre Rose. « Un atelier aquarelle, un sur la prévention du cancer du sein, vont émailler les animations régulières de ladite structure. Notre objectif est d’intégrer la sensibilisation sur le cancer du sein, et la prévention indispensable, dans le cadre de toutes nos actions », commente sur cet item Pierre Schroder.

Plus globalement, l’idée est de créer un tiers-lieu d’initiatives avec un nouveau FAB-LAB (imprimante laser/découpe laser), les usagers/Adhérents travaillent sur un projet de sortie, ou autres, et « nous accompagnons celui-ci jusque’à son terme. Par exemple, nous avons suivi la création de plusieurs associations par des usagers suite à leur passage ici ».

« Nous avons besoin aussi de bénévoles », Pierre Schroder 

Le fil rouge demeure l’insertion sociale et un Centre social reste à disposition pour accompagner les citoyennes et citoyens dans leurs projets. Toutefois, comme dans de multiples associations, les bénévoles en soutien de la structure sont de plus en plus rare. « Par exemple, pour notre atelier dans le cadre de l’illettrisme, l’atelier pour l’accompagnement des seniors, on travaille aussi avec des associations comme AGIR pour bénéficier d’un écrivain public », conclut Le Directeur.

Voilà un bref aperçu du quotidien de l’action sociale portée par une structure dédiée. Et nos décideurs doivent bien réfléchir à leur utilité 365J/365…

Daniel Carlier

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