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(Marly 1/2) La pratique du sport obligatoire en souffrance

Pour son premier succès populaire, le tout nouvel écrin (article édition du 07 septembre) de la Place Gabriel Péri a reçu une visite massive des enseignants du collège Alphonse Terroir sur Marly, les syndicats représentatifs et des élus communaux. L’objet du courroux repose sur un vieux contentieux où son apogée a conduit à l’empêchement de la pratique du sport obligatoire par les collégiens de l’établissement Alphonse Terroir dans une salle des sports dédiée sur cette commune ou ailleurs. Comment cette situation grave a-t-elle été possible ? Revenons sur le déroulé des faits (visuel de la mobilisation du 05 septembre 2024).

(La Place Gabriel Péri, nouveau théâtre sportif)

Contexte international, national, et très local

Tout d’abord, en février 2022, la Russie envahit l’Ukraine avec immédiatement un impact énergétique à venir pour l’hiver suivant 2022/2023. Il ne fallait pas être sorti de Polytechnique pour comprendre que la hausse du gaz, dont l’Europe était ultra dépendante sous l’impulsion de l’Allemagne, même si la France l’était moins compte tenu de sa puissance nucléaire civile, serait un problème crucial pour les dépenses des collectivités locales.

A cet effet, l’Etat a décidé de mettre en place un bouclier tarifaire pour les particuliers, creusant la dette publique un peu plus, mais limitant la casse énergétique dans les foyers français pour beaucoup à l’os. Cette bulle d’air n’a pas été proposée aux 35 000 environ cités françaises. Bien sûr, les communes avec de nombreux équipements publics étaient les principales victimes de cette hausse exponentielle. De Saint-Amand-les-Eaux à Denain en passant par Saint-Saulve, Condé-sur-l’Escaut, Vieux-Condé, Anzin et Marly, et bien sûr Valenciennes, ont subi de plein fouet cette nouvelle donne budgétaire. A ce niveau de trou d’air financier, la couleur politique disparaît et les cris d’orfraie ont le même son, celui de la panique budgétaire. C’est là que les réactions ont divergé suivant les communes même si toutes les collectivités de Valenciennes Métropole ont signé, en octobre 2022, un document commun sur la réduction de la consommation énergétique. Certaines dispositions ont été prises, parfois avec des évidences confondantes et l’arrêt de pratiques coupables, et d’autres sur le maintien à 14° (en hors gel) des températures au sein des équipements publics tous confondus. « La température est descendue à 6° rendant la pratique sportive impossible. D’ailleurs, elle eut été dangereuse pour les élèves », explique Hélène Froment, responsable syndicale au FSU dans le Valenciennois et professeur d’histoire-géo.

Autre paramètre en cause en 2022, la fin d’une convention entre la mairie de Marly et le Collège Alphonse Terroir. Même si les collèges sont sous la tutelle du Conseil départemental du Nord, tous n’ont pas une salle des sports dans leurs locaux. C’est pourquoi, dans de nombreuses communes, une convention entre la collectivité locale et le collège, voire le lycée, est en place pour l’usage d’une salle ou des sites sportifs. Sur Marly, la dernière convention a été signée sous l’ancien mandat de Fabien Thiémé et s’est éteinte en juin 2022. « Nous avions un accord verbal avec la principale du Collège », commente Jean-Noël Verfaillie. En l’absence de convention signée, la mairie a une latitude pour mettre fin à une coopération et de fait la ville ne permet plus de remplir une obligation légale, celle de la pratique du sport dans un établissement scolaire. 

Des causes locales persistantes et un contentieux financier soldé

Le nouvel édile depuis juin 2020 a planté dans son programme municipal une prédominance de son action publique, en terme d’investissement, sur les écoles communales. « Nous avons choisi d’investir sur les écoles avec la construction d’un Groupe scolaire en cours », explique le maire. Les finances publiques étant limitées, à Marly comme ailleurs, le choix de ne pas investir sur les équipements sportifs extrêmement vétustes est clair. La suite au prochain occupant du fauteuil majoral en mars 2026. 

Compte tenu du paramètre évoqué ci-dessus, la mairie a facturé au Collège Alphonse Terroir, à hauteur de 14 000 euros par an, soit 28 000 € pour les deux derniers hivers. Les instances du collège ont refusé estimant entre 4 000 et 5 000 € la consommation énergétique effective. Le contentieux s’est éternisé et envenimé. Enfin, la municipalité a donc demandé aux enseignants d’EPS de récupérer leurs matériels, en juillet dernier, et par suite que l’enseignement sportif serait en extérieur mécaniquement d’où cette manifestation du 05 septembre 2024.

Un accord a été trouvé à 9 000 euros par an, soit 18 000 euros, afin de solder ce contentieux financier. « Une nouvelle convention sera proposée le 19 septembre prochain au Conseil d’administration du Collège Alphonse Terroir », précise le maire. Pour autant, les doléances ne s’arrêtent pas là, car les équipements sportifs sur Marly sont en souffrance totale, rien n’a été fait sous deux mandats de Fabien Thiéme, rien n’est programmé sous celui de Jean-Noël Verfaillie. Bien sûr, on peut revenir à l’âge de pierre politique pour expliquer cet état de fait, mais cela ne fera pas progresser le sujet, l’absence de salle de sports qualitatives, voire tout simplement décentes.

En clair, il faut gérer l’existant. Sur le parvis de la Place Gabriel Péri, rebaptisée « Place des Sports » par la porte parole de la mobilisation, Hélène Froment énumère la dégradation des équipements proposés, dont la commune est en charge, à travers une liste à la Prévert. Tout y passe, des vestiaires aux sanitaires en passant par les issues de secours, rien n’est bon à l’intérieur ou presque. En réponse, le maire rappelle le comportement de certains usagers. « Nous sommes très sévères avec des associations dont les pratiquants dégradent les vestiaires, les sanitaires, les petits équipements intérieurs, etc. Par contre, nous demandons aux enseignants de surveiller les collégiens avec le même comportement. Evidemment, nous réparons autant que faire se peut les dégradations. D’ailleurs, la commission de sécurité vient de passer et a validé ses équipement sportifs. La présentation de ces salles (Denayer et Schumann) est loin de la réalité », explique le maire.

D’autre syndicats, comme le SNEP (syndicat majoritaire chez les enseignants d’EPS, où Emilie Jankowiak déplore le message sportif au moment « où nous traversons une période olympique (positive). Je suis présent pour apporter notre solidarité à cette mobilisation ».

Au bout du bout, rappelons qu’en haut de la pile, la pratique du sport à l’école est gravée dans la loi, ce n’est pas une option à telle enseigne que toutes les communes doivent assurer la pratique de la nage et le transport associé si la collectivité locale n’a pas un équipement dédié. En clair, le sport à l’école dans sa globalité n’est pas superfétatoire et ne devrait jamais être l’objet d’un contentieux dont l’issue est sous nos yeux. Rien n’est tout blanc d’un côté et tout noir de l’autre, mais seuls les collégiens payent tout comme les enseignants d’EPS dont les conditions de travail sont lamentables. Et en dézoomant un peu plus, les indicateurs sanitaires du Valenciennois sont sans surprises catastrophiques, l’obésité chez nos enfants un fléau mortifère, et sans oublier un « lâcher l’affaire » de nombreux ado suite à la Covid… un zapage de la pratique sportive dans le tissu associatif très marqué dans les clubs sportifs sur notre territoire. Cette année du sport olympique, l’Etat a relancé une dynamique dont le succès aux J.O, et en ce moment paralympique, constitue un espoir de rebooster la pratique sportive. C’est là que le sport au collège comme au lycée doit être au rendez-vous du sport/santé. Un peu de hauteur sur le sujet serait intéressant de part et d’autre. 

Daniel Carlier

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