Le Nouveau Front Populaire naturellement rassemblé sur la 21ème

Cap sur une triangulaire dans la 21ème pour le Nouveau Front Populaire

Bien sûr, le choc du dimanche 09 juin est encore dans tous les esprits. « Emmanuel Macron joue à un jeu dangereux avec le Rassemblement National aux portes du pouvoir », tance Michèle Greaume, sénatrice du Nord. Justement, le ticket de l’extrême droite avec Océane Valentin comme suppléante, ancienne candidature titulaire en 2022, et Laurence Bara comme titulaire, déplore dans un communiqué le scénario (dans le bloc central) du week-end dernier : « Nous dénonçons les pressions et intimidations qui ont amené certains candidats à renoncer à leur investiture à la dernière minute. Celles-ci sont non seulement inadmissibles, mais elles représentent également une véritable gifle à la démocratie et une insulte à l’engagement de ces personnes ». En clair, ce dernier communiqué de presse évoque le cas Pierre Griner, candidat soutenu par Gérald Darmanin, Ministre de l’intérieur en exercice, sans être investi toutefois, qui s’est retiré au dernier moment dimanche soir, peu avant 18H. Ce texte simple est sans doute la conclusion la plus cinglante suite à cette rocambolesque candidature de la Majorité Présidentielle sur le Valenciennois, quelle gifle politique pour le clan Borloo ! Comment ce propos politique est-il devenu possible, à méditer !

« Nous sommes submergés par les demandes de militants », Pierrick Colpin

De son coté, après la sidération, l’union de la gauche s’est rassemblée sur le Valenciennois (visuel en bas de l’article). Pas trop difficile puisqu’elle est déjà présente depuis novembre 2019 avec le P.S, LFI et Les Ecologistes, puis le PCF est venu s’agréger à cette force politique. Bien sûr, ce ne fut pas un long fleuve tranquille pour la désignation, mais la négociation est restée au vestiaire. Au final, La France Insoumise a toujours le lead avec Pierrick Colpin, 26 ans, Professeur d’activité physique adapté. Il est, malgré son jeune âge, un militant aguerri. Déjà engagé à l’université durant ses études au STAPS (cycle sport) de Valenciennes, il militait pour la CGT « où j’ai obtenu certains droits pour les étudiants ». Ensuite, il a plongé dans le bain de la France Insoumise. Ravi et honoré par cette désignation dans la 21ème, il est comme tous les militants de cette gauche plurielle, présents hier soir, consterné par le spectacle de la France Insoumise (Affaire Quatennens, candidats écartés) dernièrement. « On doit faire avec, les affaires à Paris reste à Paris », lance-t-il. 

Pour cette élection improbable, il est accompagné par Virginie Melki Tettini (PCF), élue de l’opposition municipale sur Marly, et adjointe sous l’ère de Fabien Thiémé. La petite entreprise, elle connaît, puisqu’elle a fondé une micro-crèche en 2012 avec toutes les difficultés connues pendant la Covid, même si plus globalement tous les acteurs de l’économie française ont oublié le « Quoi qu’il en coûte », tout en redemandant en 2021 ! « Pour continuer à payer ma salarié, j’ai pris un emploi à mi-temps chez Orange ». 

Le premier phénomène transpire sur le terrain, la gauche à l’habitude de travailler ensemble avec pléthore de bénévoles durant les campagnes électorales, mais cette fois « nous sommes submergés par les demandes de militants afin de s’engager sur le terrain. On sent qu’il se passe quelque que chose », mentionne le titulaire. Sur la forme, on l’a compris, ce scrutin éclair réveille les consciences : « Nous combattons la Droite et le Rassemblement National », poursuit-il.

Un soutien large sans ambiguïtés 

La sénatrice PCF, Michèle Greaume, prend la parole en premier, car le parti le plus ancien, le plus implanté aussi dans le Valenciennois se jette corps et âme dans la bataille : « On va la gagner j’y crois ! ». Elle vilipende le RN « comme si les étrangers étaient responsables de tous les maux de notre société, leur campagne est axée sur la Préférence nationale. Bien sûr, nous avons besoin de travailleurs étrangers dans de nombreux secteurs professionnels. Jordan Bardella marche sur notre devise républicaine, liberté, égalité, fraternité » même si Jordan Bardella renie un à un ses engagements de campagne comme si la peur du vide s’installait. Effectivement, la majorité relative est difficile, le jeune homme est visiblement mieux dans le cocon de l’opposition à l’abri des baffes. Presque touchante cette démission morale, mais elle n’est pas au niveau d’un homme d’Etat. 

Pour le Parti socialiste, José Pressoir, cet événement politique et social se pressentait : « On sentait la misère sociale ignorée dans les discussions budgétaires au sein de la ville de Valenciennes » à l’instar de l’abandon du service à la personne communale transférée à l’AVAD, association dédiée connaissant les pires problèmes à ce stade. Le service public nous oblige tous à l’action sociale de proximité à travers un bulletin de vote, quelle que soit sa nature, car il n’est pas une affaire de rentabilité, voire de procuration électorale collectée en retour.

Pour sa part, Xavier Jouanin (PCF), maire d’Onnaing, rappelle son souhait, figurant dans ce programme commun du NFP, du transport gratuit : « Comme elle existe dans d’autres agglomérations, Guy Marchant ne peut plus gouverner par 49-3 sur le sujet de la gratuité de la mobilité sur le Valenciennois. Je demande un vote solennel des élus du SIMOUV sur le transport partagé gratuit ». Bien sûr, plus largement, le moment politique et sociétal ne lui échappe pas : « C’est un moment grave pour notre république. Nous sommes la région la plus pauvre de France. Sur le Valenciennois, vous avez plus de 50 000 personnes sous le seuil de pauvreté. Seul le Nouveau Front Populaire porte l’espoir ».

Julien Poix, divers gauche, conseiller régional met en lumière la double fierté « d’une gauche unie. Elle est au rendez-vous de l’histoire, elle renoue avec son passé ». Concernant le procès économique de la majorité présidentielle relatif à une hausse impossible du SMIG, cet enseignant rappelle « qu’en 1936, les congés payés devaient mettre à terre l’économie française tout comme l’interdiction du travail des enfants de 14 ans ». N’oubliant pas le RN, il fustige « une future police des subventions sur le plan culturel ». A la question, comment M. Poutou et M. Hollande peuvent-ils se retrouver sur ce programme ? Il répond tout de go, « tout le monde a signé ce programme ». D’ailleurs, relisez bien le programme de François Hollande durant sa présidentielle, la partie fiscalité qu’il n’a jamais mis en oeuvre est repris par le NFP et sa réforme des retraites est amodiée, mais pas tant que cela !

Concernant Quentin Omont, pour le parti Les Ecologistes, il est sans ambiguïtés : « J’ai peur. Sur le Valenciennois, nous n’avons pas attendue l’union de la gauche. Elle est là depuis quelques années. Ensuite, je valide ce programme radical (de rupture), mais surtout il associe l’écologie et le social, il porte un espoir. En effet, sans le social, l’écologie n’est pas grand chose (juste pour quelques uns) ».

Dans la même lignée pour les Ecologistes, Romain Aubert, souligne le volet éducatif du RN. « C’est le retour de la blouse et de l’encrier à l’école. On change aussi les manuels scolaires, notamment d’histoire ». Cela nous rappelle furieusement des pratiques d’hier, mais aussi d’aujourd’hui des partis autoritaires au pouvoir, même moins connus comme en Inde. Pour l’élève, Romain Aubert insiste sur ce programme où « le transport et la cantine sont gratuits pour tous ».

L’urgence du pouvoir d’achat pour Virginie Melki Tettini

Evidemment, la suppléante aborde le sujet au coeur des françaises et des français, même le Premier ministre commence à desserrer la ceinture, le fameux pouvoir d’achat. La bourse est vide pour des millions de nos compatriotes. En ce sens la plateforme programmatique du NFP répond à quelques urgences sociales. 

Avec un peu de recul, sur 10 jours, une éternité sur l’échelle de la dissolution, vous observez que le programme du Nouveau Front Populaire ne varie pas d’un pouce. Par contre, celui du Rassemblement National connaît une hémiplégie, des lois ne peuvent plus d’appliquer, d’autres sont compliqués, tout est difficile. Par exemple, personne ne soumettra de force l’Algérie et les pays voisins à reprendre les OQTF, surtout quand vous êtes dépendant du gaz naturel algérien (et de Norvège), et plus encore en 2029 à la fin du gaz de hollande. Franchement, le RN prend les français pour des idiots. 

Ensuite, le programme de la majorité présidentielle navigue à vue, mais cela ne trompe personne, malgré le talent de Gabriel Attal. On pense à réduire la note de l’électricité, à acheter en groupe les fournitures scolaires, diable pourquoi pas avant sur ce dernier point ; on s’ajuste par rapport aux autres programmes en compétition. Il saisit le sujet des enfants mineurs, en souhaitant dénationaliser cette compétence gérée par le Conseil départemental dont chacun sait que ce dossier est explosif depuis longtemps. Là encore pourquoi seulement maintenant !

Pour le parti qui a choisi de s’immoler par le feu, tout seul, cela montre le degré d’impréparation absolue. Nous ne sommes pas dans une partie de Monopoly sauf erreur funeste.

« Gagner cette circonscription », Pierrick Colpin

Pour le titulaire de cette candidature, l’objectif est de taille, mais la ligne d’arrivée visible. Ce dernier se félicite et s’appuie sur cette « gauche unie. Votez utile dès le 1er tour sur la liste du Nouveau Front Populaire qui n’est pas la NUPES 2. Nous sommes dans une belle dynamique sur cette circonscription suite aux européennes, il faut mobiliser ! Les sondages annoncent 67% de participation (soit presque + 20% qu’en 2022) ». Vers quelle formation politique vont se reporter ces nouveaux bulletins de vote ?

Luce Troadec, ancienne candidate titulaire en 2022, soutient que « l’abstention est dans toutes les catégories d’âge. Nous sentons une mobilisation pour le 30 juin et 07 juillet prochain. Une triangulaire est tout à fait possible sur la 21ème et qui sait ! ». Effectivement, le RN comme la Majorité présidentielle feront un score, mais comme 12,5% des inscrits suffisent à se maintenir en second tour, une fenêtre de tir existe pour que la gauche se mobilise encore plus le 07 juillet, mais également un électorat mitigé rejetant la majorité présidentielle in fine. 

C’est la 1ère fois sur la ligne de départ dans la 21ème circonscription, car soyons honnête, elle était pliée au 21ème siècle et fin du XXème d’avance pour le ticket Borloosite avant même le coup d’envoi, que l’idée d’une bascule n’est pas incongrue. Incontestablement, les électrices et les électeurs peuvent penser, ça peut le faire. Il est très probable que cela booste la participation citoyenne à la hauteur de ce vote historique. 

Retrouvez le communiqué de presse du PCF valable pour toutes les circonscriptions du Valenciennois (Communiqué de Presse).

Daniel Carlier