« Le savoir nager » en toute sécurité, une pédagogie… aussi !
A l’occasion des dix ans de l’équipement intercommunal du Centre aquatique de l’Amandinois, dit « Au Dragon d’eau », plusieurs manifestations étaient organisées dont une journée consacrée à cet écrin sportif sur Saint-Amand-les-Eaux, mais également un temps sur l’éducation des plus jeunes à la pratique de la nage.
Franck Baudoux (DG de la SPL) : « Les noyades sont la 1ère cause de mortalité chez les 16-25 ans »
Rembobinons le film où pour remplacer une piscine, modèle Tournesol, le 14 février 2014, une piscine intercommunal sortait des eaux avec deux particularités. Tout d’abord, elle utilisait l’enveloppe juridique de la SPL (Société Publique Locale), société de droit privé très prisée aujourd’hui où les actionnaires sont des collectivités publiques, afin de gouverner et gérer cet équipement sportif sur l’Amandinois. En pleine campagne européenne, on peut rappeler que cette entité juridique existe grâce à une initiative européenne afin d’éviter la captation de ces lieux sportifs par des consortiums privés.
Autre particularité, cette piscine avait « 10 ans d’avance à sa conception, car c’est un équipement décarboné et modulable. De plus, il est raisonnable pour la population de l’Amandinois, 1000 M2 pour 55 000 personnes », commente Franck Baudoux, le Directeur général de la SPL. Ensuite, la réflexion sur la pratique de la nage pour le plus grand nombre n’est pas tabou. « La performance n’est pas antagoniste avec le service public », ajoute un responsable de Dalkia.
« L’enseignant ne se sent pas légitime », Suzy Jacquemard
Tout d’abord, il faut planter le décor de l’apprentissage de la nage en France. C’est un enseignement obligatoire au même titre que les autres matières socles dans les classes élémentaires et autres. De plus, si la commune ne bénéficie pas de piscines sur son sol, elle a l’obligation d’organiser le transport des élèves de ces écoles communales vers un équipement dédié. Les écoles privées, même conventionnées avec l’Etat, n’ont pas la même obligation d’où une distorsion certaine lorsqu’une piscine est détruite par les flammes… comme à Valenciennes. L’église sauve les âmes, mais n’est pas capable de s’engager à sauver des vies…, trop coûteux sans doute !
Ceci nous amène à l’autre versant de cette pédagogie, car elle n’est pas pas forcément maîtrisée. « C’est une activité principale dans le temps scolaire avec ses décrets. Pour autant, l’enseignant ne se sent pas légitime face à cette pédagogie et se repose complètement sur le maître nageur », précise Suzy Jacquemard, la conseillère pédagogique de la Circonscription de Saint-Amand-les-Eaux. Dès le début, l’équipe du Centre aquatique a collaboré avec les instances académiques afin de proposer un projet cohérent sur le « savoir nager ». « Le succès de ce projet pédagogique réside dans une collaboration partenariale entre tous les différents acteurs, les enseignants , les conseillers de l’Education nationale, les responsables de la SPL, et les maîtres-nageurs », commente Catherine Bouchez, conseillère pédagogique sur la circonscription de Condé-sur-l’Escaut. « Nous avions tous la volonté de créer un projet avec une compétence technique forte », ajoute Franck Baudoux. Dans cette optique, les jeunes enfants bénéficient de 10 ans séances par an où « nous observons très peu d’absences ».
Ce travail collégial a débouché sur un programme pédagogique partagé « le nageur citoyen » https://www.va-infos.fr/2023/06/20/nageur-et-citoyen-au-centre-aquatique-de-lamandinois/.
Evolution vers un test unique…
Ensuite, l’idée a germé pour aller plus loin, celle de se sauver, mais aussi de sauver les autres. « 17 fédérations ont validé un test unique du savoir-nager avec un apprentissage sécuritaire », poursuit-il. Sur ce point, il ne faut pas se voiler la face, car ce défi reste immense face à des enfants « de moins en moins endurants, moins moteurs, car ils pratiquent de moins en moins de sports », déclare Franck Baudoux.
D’abord sur Livret et tableau exell, le suivi de ces nageurs en herbe a passé un cap. En effet, les données sont à ce stade en version numérique et les maîtres nageurs bénéficient d’une application dédiée.
Enfin, il ne faut jamais perdre de vue que cette initiative est également un choix politique des 19 communes engagées dans cette intercommunalité innovante, d’une implication sans faille de l’Education nationale, et d’une communauté pédagogique convaincue de l’importance de cette thématique.
Daniel Carlier