Un débat « choc » autour du budget primitif à Saint-Amand-les-Eaux
Le moment du vote budgétaire demeure le temps fort de l’année pour une démocratie locale. A ce titre, la présentation du projet de budget 2024 de la cité thermale a été particulièrement critiquée par les diverses oppositions au moment où la combinaison des crises financières est problématique pour toutes les collectivités locales. Outre ce débat budgétaire, le dossier du SDIS est venu également animé un Conseil municipal déjà très contradictoire.
Sylvie Wiart : « Un choc de l’investissement »
En préambule de la présentation du budget primitif, l’adjointe aux finances commente l’affectation des résultats 2023. « La commune dégage un excédent net de 5,98 millions d’euros et ceci grâce aux recettes dynamiques du Pasino compte tenu d’un retard des travaux », souligne Sylvie Wiart. Un montant de recettes sous-estimé pour l’opposition « et vous feignez la surprise d’un excédent », tance Eric Renaud. L’adjointe aux finances répond tout de go : « Un montant estimé sur les prévisions du Groupe Partouche en 2023 ». En l’espèce, le début des travaux du Pasino, futur site phare du Groupe Partouche, est une source d’une perturbation des recettes du casinotier, un véritable questionnement budgétaire à venir !
Pour la présentation du Budget Primitif 2024, Sylvie Wiart avance un budget total de 49,43 millions d’euros, avec 33,22 en recettes de fonctionnement et 30 millions d’euros en dépenses de fonctionnement et « un choc de l’investissement à hauteur de 11,12 millions d’euros, ventilé comme suit avec 4,5 millions d’euros pour l’attractivité du Centre-Ville, 3,14 millions d’euros avec en principal un plan de rénovation des écoles, et 4,48 millions d’euros pour le cadre de vie, voirie, sécurisation et rénovation des bâtiments publics. Cela représente 813 euros par habitant en terme d’investissement ».
Un groupe scolaire ou des écoles de proximité ?
Ce volet investissement est croqué par l’opposition. « Tout est général, il n’y a pas de précisions sur les réalisation concrètes. Ensuite, dans les chiffres avancés, on voit des sur-estimations volontaires sur le mobilier de bureau, l’informatique…, et vous ne mobilisez pas l’emprunt l’année dernière, pourquoi une nouvelle ligne avec un emprunt à hauteur de 2 millions d’euros…., ce sont des manipulations budgétaires ! », commente Eric Castelain. Ensuite, ce dernier soulève des « rustines pour l’école du centre, 700 000 euros, et pas de nouvelles écoles. Enfin, je note que vous n’envisagez pas l’installation de bornes électriques en centre-ville ». Sur ce dernier point, plusieurs zones économiques, voire communes, dans le Valenciennois commencent à bénéficier de bornes électriques. En l’espèce comme sur tous les sujets, l’offre permet le besoin. Un commerce inaccessible pour les PMR ne verra jamais une personne en situation de handicap venir chez lui.
Sur le volet école, Eric Renaud est sur la même ligne, il ne comprend pas les sommes investies au lieu de concentrer ces budgets vers un nouveau projet. « Pourquoi le centre-ville ne bénéficie pas d’un programme de reconstruction d’un Groupe scolaire comme les autres quartiers ? », s’interroge Eric Renaud.
Sur cet item central pour toutes les collectivités locales, Florence Delférière défend le choix politique de la majorité municipale. La commune va investir plus de 600 000 euros dans les écoles du centre et 250 000 euros sur des travaux, non réalisés à ce stade, sur l’Ecole Eugène Pauwels, car elle va bénéficier d’une classe supplémentaire contre une classe en moins à l’école élémentaire Bracke-Desrousseaux. « Nous préférons investir dans des écoles de proximité. Interrogez les parents de l’école Barbusse, ils sont contents de conserver des établissements scolaires à taille humaine plutôt qu’un grand établissement scolaire usine à gaz », commente l’élue en charge de l’éducation. C’est incontestablement un choix politique assumé par la majorité municipale pour le centre-ville de la cité thermale.
La dette publique
La crise énergétique a impacté lourdement les 34 500 collectivités locales françaises même si nous assistons à un reflux en 2024 en la matière. Sur cette dette collective, Guillaume Florquin regrette « encore 2 millions d’emprunt avec encore 23 millions de dette publique, il faut désendetter la ville. De même, la commune ferait bien de baisser sa taxe foncière sur les propriétés bâties et non bâties pour un gain d’attractivité ».
Pour le coté recettes financières, Eric Renaud relance l’idée d’une hausse de la taxe (sur le droit de bouchon) plus importante sur les eaux minérales de Saint-Amand-les-Eaux : « Vous pouvez récupérer immédiatement 500 000 euros et cela ne va pas mettre en danger le Groupe Alma, un géant industriel, et nous ne risquons pas non plus une délocalisation des sources locales ». Sauf que visiblement le Conseil municipal occulte globalement l’inéluctable, à court ou moyen terme, la fin des bouteilles plastiques et le retour des bouteilles de verres. L’investissement dans des plastiques recyclables n’est qu’un palliatif, cela demeure toujours une des matières de destruction massive de notre biodiversité. Là, le choix des sites de production sera invariablement en lien avec la rentabilité locale. Nous parlons d’une entreprise privée mondiale, pas du prix d’entrée du bal du samedi soir. Baisser en urgence un taux fiscal local, une fois en place, est quasi impossible en terme budgétaire.
Bien sûr, le sujet de la TEOM est revenu sur le tapis dans l’attente de la décision finale le 12 mars prochain, par le Tribunal administratif de Lille, sur la validité de la délibération instaurant une taxe sur les ordures ménagères sur le territoire de La Porte du Hainaut. Il relance la commune pour se lancer dans la bataille contentieuse contre la CAPH à cet effet.
Eric Renaud conclut sur « un budget sans vision d’avenir, une léthargie budgétaire, aucune dynamique. C’est un budget de gestion ».
Sur le volet dette publique, Jean-Marc Mondino prend la balle au bond : « J’entends qu’il est urgent d’investir et d’apurer la dette. Il y a pourtant un équilibre à trouver ». Baisser les taxes locales et diminuer la dette publique en même temps relève du localxit. Ensuite, il compare les ratios d’un BP 2013, avec un ancien adjoint aux finances dans l’opposition aujourd’hui, et les chiffres actuels du BP 2024.
Pour sa part, Franc de Neve s’inscrit en faux, car « la commune, malgré la crise, a continué à soutenir la vie économique et solidaire. Notre budget a du sens, il a mobilisé notre énergie ».
Unanimité sur un dispositif !
Rare ce moment, mais majorité et opposition confondues ont trouvé un consensus sur l’exonération de la taxe foncière pour les constructions neuves en 2024 pendant 5 ans, 2 ans Etat et 3 ans ville, à condition de remplir des critères très précis, fixés par l’Etat, sur l’effort thermique, etc. Le conseil municipal s’est entendu pour appliquer ce même dispositif pour les logements anciens en 2025 comme envisagé par l’Etat.
Le Parc de la Scarpe à son rythme
Annoncé dans le programme de la campagne municipale comme Le projet majuscule, il est à noter que ce projet ambitieux de rénovation lourde du Parc de la Scarpe avance piano piano. Face à une remarque de Guillaume Florquin sur cette lenteur, Patrick Dufour concède : « Cela ne va pas assez vite à mon goût. Il y a le temps des études avec une aide de la Porte du Hainaut. Cela démarre ! ».
En parallèle, ce projet devait bénéficier d’une bienveillance du fonds vert, mais une économie de 10 milliards demandée par Bruno Lemaire a diminué ce denier de 500 à 100 millions d’euros pour le budget national 2024. Il faudra chercher ce soutien d’Etat avec les dents… !
La sécurité
Après le résultat du référendum local sur l’arrivée d’une Police municipale ou non, avec l’issue négative que nous connaissons, l’installation des caméras de vidéo-surveillance prend encore plus d’importance. « Nous prévoyons des caméras pour la sortie et l’entrée de ville », précise Patrick Dufour. Eric Castelain ajoute « qu’il y a des autres quartiers, comme le parking Jean Monnet avec une insécurité importante ».
Le SDIS stop ou encore !
Vive polémique sur la construction d’une nouvelle caserne des pompiers, car Patrick Dufour relate une réunion du SDIS où il était présent avec à son grand désarroi « un bouleversement du futur chantier de la caserne des pompiers, c’était tout juste si nous n’avions pas eu les cartons d’invitations pour 2027. Là, je suis resté abasourdi ! »
Sur ce sujet, Alain Bocquet sort la boîte à archives avec des courriers très anciens, plus de 15 ans, où la « ville a toujours été d’accord pour vous proposer une nouvelle localisation proche de la Rocade ».
Pour sa part, Fabien Roussel, il est temps d’agir : « A quoi servent les élus du SDIS ? On se moque du monde. On fait subir aux pompiers des locaux indignes avec des décisions de bureaucrates. Il faut respecter les délais de livraison en 2027 ! ».
Dans le viseur, l’élu au Conseil d’administration du SDIS, Eric Renaud, s’est trouvé sur le reculoir et a pris acte, durant le Conseil municipal, et à travers un communiqué de presse, d’une validation municipale d’une nouvelle localisation pour démarrer les travaux d’une caserne du SDIS. En clair, l’empêcheur de tourner en rond aura le très mauvais rôle dans cette histoire, chacun des deux parties l’a compris très clairement. Cela devrait se débloquer… !
Daniel Carlier