(Le Boulon) Out of blue au Boulon : une heure à couper le souffle
Ce vendredi 9 février, le Boulon a fait salle comble pour un spectacle attendu par son originalité. En effet, les spectateurs ont pu assister au ballet de deux circassiens… dans l’eau (Crédit photos Kalimba).
Plus qu’une performance, les deux artistes Frédéric Vernier et Sébastien Davis-VanGelder ont réussi à nous raconter l’histoire de l’eau. Des souvenirs joyeux ou effrayants de l’enfance, aux enjeux liés à la pollutions marine. Des scènes drôles, mais aussi effrayantes se sont succédés, accompagnées d’une ambiance sonore, propre à nous plonger dans nos peurs les plus profondes ou nos souvenirs les plus enfouies.
Plus qu’un spectacle, une performance, physique, certes, mais aussi spirituelle. Le rythme des scènes nous fait passer de moment très ralentis, ou l’on en vient à arrêter de respirer pour contempler les corps flottants ( on ne peut s’empêcher d’y voir les images de l’artiste contemporain Bill Viola, et ses vidéos de corps immergés au ralenti qui arrêtent le temps et nous interrogent sur le rythme de nos vie mais aussi notre relation à la mort ), à des scènes de grandes euphories, provoquées probablement par le manque d’air, rythmées par une musique techno presque assourdissante.
Pendant 1h dans la grande salle du boulon, les deux artistes ont fait dialoguer danse, cirque et apnée, isolés dans leur bulle de 11000 m2, mais à la fois complètement offert à notre regard. Nous sommes avec eux, plongés dans le présent, au plus profond de nous-mêmes. Ils s’appuient sur des expériences communes comme l’image du fœtus mais aussi des jeux de l’enfance, les mythes aussi, tels que celui de la sirène, jusqu’à une plongée dans les abysses particulièrement hypnotisante. Ils sont dans l’eau, ils essayent de vaincre l’apesanteur et la gravité mais de manière sous-jacente, notre rapport à l’air est omniprésent. Sans arrêt, ils cherchent à reprendre leur souffle, et nous sommes tous suspendu à cet instant, de délivrance ou d’échec ?
Le Boulon a encore réussi à nous offrir un spectacle unique, du jamais vu sur scène, d’ailleurs c’est l’unique date qui a été proposée dans la région. Cette discipline qui dépasse et re-questionne l’acrobatie s’appelle « l’aquacité » : c’est l’art du déplacement aquatique. De nouvelles possibilités s’offrent aux artistes qui questionne alors la légèreté et l’instant présent.
Cette discipline pourrait se rapprocher de la méditation, celle du spectateur, mais aussi celle des artistes dans leur préparation. Elle leur demande environ 1h30 de préparation et tout un protocole d’extrême concentration.
Frédéric Vernier et Sébastien Davis-VanGelder veulent que « les spectateurs quittent la réalité du monde terrestre pour la rêverie du monde aquatique »
Et c’est chose faites, à l’unanimité. Nous avons passé une heure, le souffle coupé. « Le bon nageur y parvient, car il oublie l’eau » Confusius
Jane Huvelle