Christophe Desmet (ADAV) : « Le vélo favorise le vivre-ensemble »
En pleine révolution sur la mobilité urbaine, la pratique du vélo en ville comme à la campagne est au coeur de la transition écologique. Pour mener à bien cette nécessité pour la planète, et bien au delà, l’association régionale ADAV (Association Droit au Vélo) promeut le cycle et travaille avec les collectivités locales à l’instar de Christophe Desmet, responsable de l’antenne ADAV sur l’Amandinois.
Depuis une dizaine d’années, et la COVID a amplifié le phénomène, on ne parle plus seulement du vélo sport ou de loisirs uniquement, mais aussi comme un outil de mobilité pour le trajet domicile/travail, voire des achats du quotidien. En effet, certaines grandes collectivités transforment les modes déplacement comme celle de Lille. « Il y a dix ans, le cycliste se sentait comme un intrus dans la Métropole lilloise face aux voitures. Aujourd’hui, c’est l’inverse ! C’est un choix politique courageux. Pour autant, le pari est loin d’être gagné dans toutes les communes, certaines sont très en retard. Prenez Paris, Anne Hidalgo est devenue un symbole de la persécution des automobilistes », commente Christophe Desmet.
A ce stade, il y a encore pléthore de communes où il faut presque une dose d’inconscience pour sortir à vélo tant la ville a été conçue sans le deux-roues, l’esthétisme souvent beaucoup plus recherchée que la sécurité de la mobilité douce, un manque d’anticipation problématique tant l’utilisation des deniers public est coupable dans une urbanité réfléchie à court terme.
L’ADAV est une association devenue imposante et dorénavant incontournable dans le paysage de la mobilité régionale. Dotée de 9 salariés, elle permet aux responsables d’une antenne locale de rencontrer les élus et leurs services avec un technicien. « C’est précieux, car généralement nous avons une forte expérience comme usager, mais il y a des aspects techniques et juridiques que nous pouvons ignorer », ajoute-t-il.
Le Droit du vélo évolue rapidement sans même parler de la complexe législation de la trottinette électrique. Par exemple, une circulation cyclable en contre sens (fléchée au sol) est obligatoire en zone 30 (comme tout le centre de Valenciennes) et récemment la législation a changé sur le sens unique en zone 30. « Même sans fléchage au sol d’un contre sens cyclable, il existe de fait dans une voie à sens unique », précise Christophe Desmet
« Le vélo est un levier de développement touristique énorme », Christophe Desmet
L’association régionale déploie donc ses antennes dans les Hauts-de-France et celle de l’Amandinois s’est ouverte en 2019 sous l’impulsion de Christophe Desmet, chef de service d’un IME dans le Douaisis et très proche de la retraite effective. L’objectif de l’association est évidemment la promotion de la pratique du vélo à travers des animations, mais surtout une collaboration active avec les collectivités locales. La multiplicité des partenaires de l’association témoigne de cette dynamique établie même si chaque convention a son point de départ et ses évolutions particulières.
Sur la cité thermale, Christophe Desmet souligne une excellente coordination avec les élus et les services : « Nous collaborons très bien avec Saint-Amand-les-Eaux, mais nous partons de loin. Aujourd’hui encore, vous avez des pistes cyclables qui tournent à angle droit. Avant 2019, la pratique du vélo était perçue uniquement comme sportive, voire ludique, mais pas du tout un outil de développement de la mobilité urbaine. Aujourd’hui, nous avons par endroit des pistes cyclables en double sens cyclable sur site propre, beaucoup d’autres partagées avec la voiture en contre sens, l’installation d’arceaux sur de nombreux point et inexistants avant notre collaboration est concrète. En fait, nous avons surtout résolus les points noirs. Maintenant, nous travaillons sur une véritable réflexion sur la mobilité dans la ville ».
Ensuite, cette commune d’un peu moins de 17 000 habitants répond à d’autres critères économiques très porteurs. En effet, en 2023, voyager en vélo devient une véritable phénomène de déplacement. « Le vélo est un levier de développement touristique énorme », commente le responsable de l’antenne valenciennoise.
« Vacances en vélo, vous êtes un voyageur, pas un touriste », Christophe Desmet
Dans cette optique, le développement de la pratique vélo pourrait également profiter à une commune dont le profil correspond terriblement à une tendance en plein boom. « La commune répond parfaitement au slow tourisme, c’est une façon de voyager en plein développement. D’ailleurs, lorsque vous prenez vos vacances en vélo, l’accueil est très différent ! Il y a un capital sympathie immédiat. Vous êtes un voyageur, pas un touriste consommateur. Il y a automatiquement beaucoup plus d’empathie des autochtones. Le vélo favorise le vivre-ensemble », précise Christophe Desmet.
Très habitué aux voyages en vélo où il a réalisé en couple (en tandem) un trajet jusqu’à Istanbul, soit plus de 4 000 km, la famille Desmet pédale beaucoup dans les pays nordiques où le vélo est une composante majeure et intégrée depuis bien longtemps dans le mode de déplacement urbain, voire rural. De plus, l’usage du vélo n’implique pas obligatoirement une conscience écologique certaine, souvent un aspect économique criant, mais pas seulement. Enfin, lorsque l’aménagement urbain est fabriqué pour les modes de déplacement doux, cela devient une évidence. « Un sondage au Danemark paru ces dernières semaines demandaient aux habitants pourquoi ils roulaient en vélo. De très loin, la réponse numéro un était-plus pratique- tout simplement ».
En France, certaines régions sont plus volontaires que d’autres. La Loire et ses merveilleux édifices a quelques coudées d’avance sur les autres. « Le vélo tourisme est totalement organisée pour accéder aux Châteaux de la Loire », indique-t-il. Concernant celle des Hauts-de-France, des parcours vélo/route sur des grands axes comme celui du Bassin minier, de Paris-Roubaix et bien d’autres sont dans les tuyaux, mais le chemin est encore très long dans un bassin de vie où le véhicule est roi, parcheminée de grands axes routiers dont le plus fréquenté des autoroutes d’Europe.
Pour autant, une indicible fibre pour le deux-roues arrive tranquillement dans 35 000 communes françaises. Une révolution par la base où les usagers poussent les décideurs élus à réfléchir sur un chantier, un aménagement, voire simplement un changement de circulation… avec le vélo et plus après la fin des travaux.
Daniel Carlier