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Yann Kempen et Bertand Lefebvre, un voyage rue des Récollets à Valenciennes

Pour les portes ouvertes des ateliers d’artistes 2023, c’est rue des Récollets à Valenciennes où nous nous sommes invités, pour rencontrer deux artistes du Valenciennois, Yann Kempen et Bertrand Lefebvre, que l’on peut qualifier d’artistes de la pop culture (série de sérigraphies de Bertrand Lefebvre).

(Peinture de Yann Kempen)

Yann Kempen et Bertand Lefebvre, histoire d’une rencontre artistique !

Quand on entre dans le local, on est saisi par la quantité impressionnante de toiles, de divers formats, qui nous donnent à voir la carrière artistique de Yann Kempen, son évolution, mais aussi la complicité avec son ami Bertrand Lefebvre, qu’il a invité à l’occasion des POAA.

Les artistes à l’accueil de cet « Atelier d’artistes »

Leur rencontre commence par un échange quand Bertrand a un coup de cœur pour une toile de Yann, exposée dans la galerie Arnaud Rogez à Lille. L’attirance est réciproque, et s’ensuit un échange de toiles qui se poursuivra par une amitié qui perdure depuis une quinzaine d’années. A l’occasion des portes ouvertes, leurs toiles vont cohabiter naturellement, la pratique de l’un complétant celle de l’autre, tout en gardant leur singularité.

Yann Kempen, l’inspiration du Soleil levant

Yann Kempen est bien connu dans le Valenciennois. Depuis 25 ans, il représente « La femme », mais pas celle des ateliers de modèle vivant. Il a vite choisi de se les approprier dans un style manga, qu’il n’a jamais quitté. Seule sa technique et ses formats évoluent. Il est intéressant de redécouvrir dans l’atelier sa première toile, rangée, presque cachée derrière d’autres, plus récentes ; jusqu’à ses dernières réalisations, des yeux recouverts de résine, d’une extrême précision.

Il a également une attirance pour les cartes anciennes, qu’il collectionne pour en faire des supports. Une, particulièrement rare, représentation du Japon, voyage qui a fortement marqué sa pratique, a été numérisée pour être re-exploité à d’autres occasions. S’il aime ce palimpseste qui laisse apparaitre les traces du passé, reliques des classes d’antan, il s’essaye aussi à des finitions en résines qui « apportent de la profondeur » à son travail.

Bertrand Lefebvre, le 7ème art inventif

Pour Bertrand Lefebvre, pas de voyage aux Etats-Unis, mais pour le regardeur, une vague impression de connaître ces paysages. Peut-être parce qu’ils appartiennent à la mémoire collective, celle des films du mardi soir de son/notre enfance, « La dernière séance ». Bertrand Lefebvre dit qu’il « invente » certains détails mais on sent une culture cinématographique encrée depuis l’enfance. Mais surtout, si l’on y regarde de plus près, on y trouve une critique bienveillance, une empathie profonde de la société de consommation et des dérives du capitalisme.

Regard croisé

Si Yann fait des focus sur des détails, Bertrand nous oblige à nous approcher pour saisir des mots, des phrases, des messages, des détails glanés ici et là. 

D’ailleurs, le glanage est une récurrence dans la pratique de Bertrand. Certaines toiles sont des morceaux de planches trouvés essentiellement dans une région qu’il affectionne, la Bretagne, où il se rend régulièrement. Une série de sculpture de maisons sur pilotis, (« la sculpture permet une pause, un souffle, après des périodes particulièrement intenses de créations peintes ») est entièrement composée de morceaux de bois récupérés de l’épave d’un bateau du film Drakkar de Chris Crow. Ces petites maisons font références aux cabanes de son enfances mais aussi aux favelas. La patine de ses sculptures, l’attention qu’il porte à la surface, montre bien que Bertrand est avant tout un peintre.

Cet atelier aujourd’hui, c’est tout d’abord l’histoire d’une rencontre entre les deux artistes. Deux artistes qui vivent de leur travail, qui se lèvent chaque jour avec l’envie de peindre, un élan vital, une seconde nature. Leur production très prolixe le prouve bien. L’idée que l’art est un voyage aussi. Qu’ils soient réels ou inspirés des lectures, des films, des rencontres. Ces deux artistes ont pour point commun cette volonté de faire voyager le spectateur. 

Bertrand Lefebvre s’est fait connaître grâce à ses carnets de voyage. Ses toiles sont-elles l’aboutissement de ses pages vibrantes de vitalité ? Chez Yann Kampen, le besoin de faire entrer dans le regard de ces femmes mystérieuses est-elle une invitation à percer leurs secrets, son secret ?

Dans tous les cas, on se sent invité par les deux artistes, par leur œuvre qui nous accueille, un véritable échange entre l’artiste et le spectateur.

 Jane Huvelle

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