Pour l’ouverture de la saison 2023-2024, le CRP de Douchy-Les –Mines a accueilli le public, ce 30 septembre 2023 pour un vernissage, une restitution et une inauguration. L’exposition Mytho de Robin Lopvet soulève la question de l’image digitale et de ses pouvoirs infinis.
Pour l’ouverture de la saison 2023-2024, le CRP de Douchy-Les –Mines a accueilli le public, ce 30 septembre 2023 pour un vernissage, une restitution et une inauguration. L’exposition Mytho de Robin Lopvet soulève la question de l’image digitale et de ses pouvoirs infinis.
Natif d’Epinal, il nous fait entrer dans son univers par une série de photographies crues, prises à la tombée de la nuit, avec des images à la fois drôles et inquiétantes. Il raconte que cette ville des Vosges, pourtant celle de son enfance, lui provoque une sensation d’oppressèrent quand il y retourne. Il joue de ce sentiment dans des mises en scènes clairement retouchées, avec dérision et dans une esthétique de conte fantastique.
Dans sa série D.O.G.S, il interroge particulièrement la propriété des images. Il y a aujourd’hui une vraie nécessité de s’interroger sur ce qui produit une image, qui la diffuse et qui la rediffuse. Cette série commence par la diffusion sur internet d’images qu’il a lui-même récupéré et détourné. Il découvre alors qu’une de ces images est devenue un même. Mais comment récupérer la propriété de cette image, sachant que lui-même l’avait re-employé ? Il a littéralement perdu le contrôle sur l’image qui a été diffusé dans le monde entier, sans qu’il soit crédité par l’auteur.
Dans les séries Prémices et le 7ème continent, il réinvente la nature morte par le photomontage.
Il montre une position forte sur l’écologie et la décroissance. Sa référence au 7e continent fait allusion à un espace au nord-est de l’océan Pacifique qui s’est formé à partir de millions de tonnes de détritus plastiques drainés par les courants océaniques.« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme : cette formule résume pour moi toute la création artistique ». Il entremêle fruits fatigués et divers objets dans des compositions de grand format, qui prennent vie comme sous l’effet d’un psychotrope hallucinatoire.
Ce jeune artiste sait surtout naviguer dans sa pratique entre références artistiques et recours à l’intelligence artificielle. Dans une réinterprétation du Christ aux limbes de Jérôme Bosch, des personnages générés par l’I.A remplacent les créatures de Bosch et recomposent une œuvre intrigante et pleine de paradoxe. Cette exposition nous interroge surtout sur le rôle de la photographie, sa véracité, et notre rapport à l’image aujourd’hui. La photographie est à la fois témoin du réel et manipulable.
Aujourd’hui, le mention « photographie retouchée » est devenue obligatoire sur certaines photographies. Pour Robin Lopvet, nul besoin de subterfuge. Il revendique clairement sa manipulation. Puisque la photographie est mytho, autant en sur-jouer.
Mais le titre Mytho peut aussi faire référence aux mythes. D’ailleurs c’est le mythe d’Ulysse qui est convoqué dans la restitution du projet « Odyssée », co-création entre l’artiste Caroline Pichon et un groupe d’adolescents du bassin minier.
Pour entrer dans l’exposition, il faut traverser deux oriflammes qui ornent la porte de l’ancienne poste, point de départ de ce projet. Le centre d’art et la Mission Bassin Minier ont invité l’artiste dunkerquoise Caroline Pichon à travailler avec une quinzaine d’adolescents habitant le Bassin Minier. Munis d’un appareil photo, ils ont pris le temps d’arpenter ce territoire pour envisager ses paysages sous un autre angle.
Ces jeunes ont pris la parole chacun leur tout pour évoquer cette démarche de « cueillette photographique » mais aussi « d’échanges de regards ». Des images glanées ici et là, des détails, des lumières infimes, qui sous leurs regards sont aujourd’hui exposés aux yeux de tous.
Odyssée se parcourt comme ils ont parcourus le leur, de Douchy-Les-Mines à Loos en Gohelle. Un parcours exposition est à découvrir dans 7 lieux du bassin minier jusqu’au 5 novembre 2023. Pour plus d’informations, contacter Sarah Perrier (03 21 08 72 72) ou Anaïs Perrin (03 27 43 56 69)
« Quand on ne sait où l’on va, qu’on sache d’où l’on vient », Ahmadou Kourouma
Cette citation peut résumer l’aventure qu’ont vécu ces jeunes qui en restant sur leur territoire, ont pu aussi voyager en l’observant plus attentivement.
Enfin, le C.R.P a également mené un projet de co-création entre No Sovereign Author et les services IME et SESSAD du centre « Alissa » de Aubry-du-Hainaut. Le centre Alissa accompagne toute l’année différents profils de jeunes autistes. La collaboration entre le duo d’artistes est née de l’envie de créer un espace de rencontre et de création. Avec les jeunes, Maroussia Prignot et Valerio Alvarez ont conçu un espace de jeu, avec la création de portraits en instantanée puis par des interventions sur des images prises autour du centre.
L’exposition est visible jusqu’au 14 janvier 2024, pour plus de renseignements https://www.crp.photo/expositions
Jane Huvelle