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Réouverture du canal Condé-Pommeroeul à la fin de l’année 2023

Dans la lignée du chantier titanesque de l’autoroute fluvial Canal Seine Nord Europe, la prochaine remise en navigation du canal Condé-Pommeroeul constitue un atout majeur pour le transport des marchandises dans l’Europe du Nord-Ouest. Dans cette optique, VNF a présenté ce jeudi 28 septembre 2023 ce chantier transfrontalier dont le Valenciennois entend parler depuis plus de vingt ans, c’était un peu notre « Arlésienne » d’eau douce (visuel péniche passant devant l’usine ASCOVAL, l’industrie bord à canal).

(Visuel du terminal de Saint-Saulve)

Renaud Spazzi (DGA/VNF) : « Le canal Condé-Pommeroeul est le 1er maillon du Canal Seine Nord »

Pour mieux comprendre l’enjeu de cette voie d’eau douce, il faut dézoomer et redimensionner l’immense marché du transport fluvial entre les pays d’Europe du Nord et l’île de France, voire les grands ports maritimes français. Bien évidemment, le chantier du CSNE (Canal Seine Nord Europe) est la clé de voûte d’une vision régionale et européenne du transport fluvial. « C’est le coeur du monde ! », clame Olivier Matrat, en charge de la direction territoriale nord avec localement un port fluvial, en l’occurrence celui de Saint-Saulve, devenu le 3ème de France après Paris et Strasbourg.

En effet, sur 107 km, le CSNE va relier Compiègne à Aubencheul-au-Bac et connecter la région parisienne avec les voies navigables de l’euro/région Hauts-de-France/Bénélux. « Pour les septiques, le CNSE, il arrive. Le chantier a déjà commencé dans l’Oise ! Nous réalisons notre 1er pont prochainement et une enquête publique va démarrer pour la phase après Noyon. Ce chantier est prévu au calendrier officiel européen avec une mise en service en 2030 », précise le président du Syndicat mixte Canal Seine Nord Europe.

Pour sa part, le Canal Condé-Pommeroeul a été fermé en 1992 avec un temps de négociation entre la Belgique et la France durant… dix ans. Ensuite, le gouvernement français et wallon trouvent un accord au début des années 2000. Puis, une phase d’autorisation interminable entre 2008 et 2016 et enfin juin 2018 le démarrage du curage proprement dit https://www.va-infos.fr/2019/12/05/le-curage-du-canal-conde-pommeroeul-vue-de-la-belgique/

Pour ces travaux cruciaux, VNF (Voies Navigables de France) a été retenue pour comme Maître d’Ouvrage en France et en Belgique. « Nous ne sommes pas seulement des exploitants, mais également des aménageurs et des développeurs du réseau fluvial. A ce titre, le canal Condé-Pommeroeul est le 1er maillon du Canal Seine Nord  Europe », explique Renaud Spazzi, le DGA de VNF. Tout démarre après l’écluse de Fresnes-sur-Escaut.

Ecluse de Fresnes-sur-Escaut

« Transformer une voie non navigable en voie navigable », Manuel Philippe

Cette connexion entre deux réseaux de voies fluviales majeures devait s’accompagner d’un chantier d’une utilité économique évidente. En effet, sur 6 km, dont 500 mètres en Belgique, le canal Condé-Pommeroeul permet « un gain de temps d’une demi-journée à une journée suivant votre trajet », explique un responsable de la CCI régionale. Ce raccourci est donc par nature fondamental, mais le défi pour autant démentiel tant l’envasement de ce tracé fluvial a été massif et rapide. « Nous avons enlevé plus d’un million de mètres cubes de sédiment, dont la majeure partie en provenance de Belgique. C’était le plus gros chantier fluvial de France dans le domaine », explique Manuel Philippe en charge de chantier hors norme pour VNF.

Au démarrage du chantier en juin 2018, le stockage des sédiments, quelle que soit leur provenance, a suscité quelques oppositions tenaces  https://www.va-infos.fr/2019/12/15/le-silence-des-boues-sur-mortagne-du-nord-et-chateau-labbaye/ !

Manuel. Philippe, en charge du curage du canal Condé-Pommeroeul pour VNF

Chemin faisant, ce chantier majuscule dont le financement s’élève à 80 millions d’euros, contre 10 millions annoncé aux prémices, a été partagé entre l’Europe, la Région Hauts-de-France et la Wallonie. « Il a fallu transformer une voie d’eau de 5 mètres de large avec quelques centimètres de profondeur en une voie d’eau au gabarit européen », ajoute-t-il. Cette gageure a également été confrontée à la biodiversité à travers la « découverte du castor d’Europe (espèce protégée) que nous avons réussi à maintenir tout en réalisant notre chantier », commente Manuel Philippe.

Enfin, ce chantier est quasi achevé. « Nous finissons la sécurisation sur un pont et nous devrions ouvrir ce canal Condé-Pommeroeul d’ici la fin de l’automne 2023 », conclut Manuel Philippe.

Le Sous-Préfet de Valenciennes, Guillaume Quenet, rappelle à juste titre qu’avec cette réouverture prochaine  « le Valenciennois renoue avec son histoire. En effet, ce territoire s’est développé autour de la navigabilité de l’Escaut ».

Daniel Carlier

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