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(Sénatoriale) Stéphane Maurice : « Une droite qui s’assume ! »

Nous arrivons dans la dernière ligne droite de cette élection sénatoriale partielle (50% des mandats), le dimanche 24 septembre 2023. A cet effet, les listes se révèlent, les stratégies s’affinent, les positions et clivages se clarifient. Dans cette optique, Stéphane Maurice, élu au Conseil municipal de Cambrai, va emmener une liste de la droite radicale dans la mouvance du parti Reconquête.

Stéphane Maurice : « Il n’y a plus au Sénat de représentant du Cambrésis »

Pour Stéphane Maurice, 47 ans, ancien militaire de carrière dans l’Armée de l’air, l’engagement est venu sur le tard, car la politique n’est pas forcément une primo-vocation. Son parcours de vie, l’élu du Cambrésis le revendique comme une prise de conscience. A ce titre, ce dernier a présenté une liste, sans étiquette, contre le maire sortant de Cambrai, François Xavier Villain, en mars 2020. « Le conservatisme et l’attentisme de la majorité en place sont démesurés sur cette commune. Ma candidature se voulait citoyenne afin de changer les choses », souffle Stéphane Maurice comme le devoir de tout homme sensé.

Malgré son inexpérience, son absence de vécu en politique sur une commune où tous les grands partis politiques ont planté leur drapeau, Stéphane Maurice a réalisé l’exploit de finir deuxième sur les 7 listes engagées initialement. « Le maire sortant a été élu au 1er tour avec 500 voix de plus et une participation famélique. Ma liste a obtenu 3 sièges sur 7 au sein de l’opposition municipale au sein du Conseil municipal de Cambrai », précise le candidat à la prochaine élection sénatoriale et conseiller communautaire dans le Cambrésis.

La loi est claire, si le militaire en exercice peut se présenter à une élection, il doit faire un choix en cas d’élection, dans les dix jours après le résultat, entre la carrière militaire d’active et son mandat politique même si un détachement est possible durant le mandat. Pour sa part, Stéphane Maurice a choisi la radiation de l’Armée de l’air et par suite la mise en retraite immédiate. Toutefois, le paradoxe est que l’Armée vous incite tout de même à poursuivre votre engagement dans la réserve opérationnelle…

Législatives 2022, éviter une histoire de famille… !

Foncièrement ancré sur son mandat d’élu de proximité, Stéphane Maurice a pris de l’épaisseur politique en deux ans et en mars 2022, il s’est rapproché du parti Reconquête emmené par Eric Zemmour. Face à la victoire de François Xavier Villain aux municipales, il a présenté une « candidature par dépit » aux législatives de juin 2022 compte tenu du choix initial de Guy Bricout (UDI), le député sortant. « Face à cette situation, je ne voulais pas que Pierre-Antoine Villain (le fils du maire) puisse représenter notre territoire », indique Stéphane Maurice.

« J’ai déclenché le revirement de Guy Bricout et abandonné ma candidature. Sans le vouloir directement, j’ai fait barrage ! », assène-t-il. Guy Bricout a conservé son mandat à l’Assemblée nationale avec une victoire au second tour contre Mélanie Didier du Rassemblement national, Pierre-Antoine Villain arrive 3ème du scrutin au 1er tour.

Une droite radicalisée face au Rassemblement National

Bien sûr, son adhésion au parti d’Eric Zemmour constitue un engagement politique majuscule. « Tout n’est pas à prendre dans le discours d’Eric Zemmour, mais parfois il faut faire des choix. Certes, ce n’est pas toujours facile à entendre. Je me sens très en phase également avec les idées de Nicolas Dupont Aignan, tout comme certains membres du Parti Les Républicains », commente-t-il.

Concernant son regard sur le Rassemblement National, il admet de fait certaines idées communes et traduites par des rattachements spectaculaires durant la Présidentielle, mais il met en exergue ses différences sur l’Europe et la politique sociale. « Sur l’Europe, on n’y adhère ou pas, il n’y a aucune cohérence du parti sur ce sujet », précise-t-il. Presque logiquement, il rappelle les propos élogieux de Marine Le Pen sur le Brexit dont la catastrophe économique se traduit depuis quelques mois avec des défaillances chroniques compte tenu de la TVA à 20% sur tous les prix importés. Quand vous dépendez dans tous les secteurs, même la pêche, des produits et/ou des ventes vers le continent, c’est un tsunami qui va ravager durant les prochaines années la Grande-Bretagne. La grève des poids lourds à l’aube de ce passage réel au Brexit fut une traduction concrète avec une pénurie énorme des produits, comme durant la Seconde guerre mondiale, dans les étals britanniques. Ensuite, sur le volet social, il insiste « sur la perte de souveraineté de la France. Nous devons la retrouver dans le domaine industriel, économique plus généralement, et de l’Etat. D’ailleurs, quand nous dépendons du marché du gaz allemand pour fixer notre prix de l’électricité, nous parlons également du pouvoir d’achat ! ».

Cette maturité politique le pousse à proposer une liste pour la prochaine élection sénatoriale. Cette dernière s’annonce particulièrement encombrée avec potentiellement 13,14, 15, voire 16 listes dans le Nord. Dans ce cadre, cette abondance réduit le ticket d’entrée à « 300, voire 320 voix. Le vote obligatoire (amende de 150 euros) le dimanche 24 septembre prochain m’avantage. Ensuite, il n’y a plus au Sénat de représentant du Cambrésis depuis 2017. Avant, nous avions deux sénateurs, Jacques Legendre et Delphine Bataille ! Bien sûr, en cas d’élection, je serai le sénateur de tout le département. Ainsi, je souhaite mettre en place une commission où les 6 arrondissements seraient représentés afin de mettre tous les sujets locaux sur la table », indique-t-il.

Sur l’évolution du rapport Etat/Commune, Stéphane Maurice vilipende la loi NOTRe initiée sous le gouvernement de François Hollande comme un poison à mort lente sur certains aspects avec un délitement de la gouvernance locale. « Les communes doivent retrouver des moyens financiers, une autonomie fiscale, et surtout cesser de transférer toutes les compétences des collectivités locales aux intercommunalités. Enfin, j’insiste sur la protection des élus et des forces de l’ordre, il faut mieux s’armer juridiquement sur ce sujet », poursuit-il.

« avec Maxime Pottelle… », Stéphane Maurice

Stéphane Maurice entame sa campagne pour les Sénatoriales même s’il a déjà parcouru le département et rassemblé autour de lui des colistiers. « Chaque arrondissement sera représenté sur ma liste (11 colistiers + 2 suppléants). Sur le Valenciennois, Maxime Pottelle, élu sur la commune de Fresnes-sur-l’Escaut sera sur ma liste, mais elle n’est pas figée, un ou une autre citoyenne pourrait nous rejoindre », précise-t-il. A cet effet, il est utile de rappeler que n’importe quel citoyen peut se présenter aux sénatoriales contrairement aux grands électeurs de ce scrutin, obligatoirement élus de la République.

Pour ce lancement, l’élu de Cambrai a envoyé une lettre à tous les élus du département, l’organisation d’une ou plusieurs conférences de presse est en cours sans oublier le terrain, indispensable vecteur de communication. Afin de balayer tout idée d’une copie du Rassemblement National, Stéphane Maurice veut afficher un message simple, celui d’une « droite qui s’assume ».

Un paysage sénatorial aux conséquences nationales

Contrairement aux élections précédentes au sein de la Chambre haute du parlement, cette élection sénatoriale s’annonce comme une répétition d’un nouveau dessin politique national pour les prochaines échéances nationales. La NUPES explose en vol à travers un accord entre les 3 autres composantes politiques, EELV, P.S, et PCF, la droite et le Centre espèrent conserver une majorité, mais l’arrivée de la droite radicale inquiète ses troupes. Dans le Nord avec 11 mandats sur le table, toutes les hypothèses sont ouvertes, même la stabilité légendaire du Sénat, comme une masse politique immobile, se voit remise en question.

Sur le Valenciennois, la candidature annoncée de la tête de liste Joshua Hochart, élu sur Denain du Rassemblement National, avec une capacité élective extrêmement forte (voire plus d’un siège) verra cette annonce d’une liste « Reconquête » comme une concurrence directe. Tout est permis avec peut-être un électorat plus large parmi les grands électeurs pour la droite radicale, contrairement au suffrage direct comme vérifié durant la Présidentielle ? Décidément, cette élection sénatoriale 2023 a tout d’une Grande… !

Daniel Carlier

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