(CAVM) Le centre pénitentiaire, c’est oui, mais de principe (1/2) !
Evidemment, malgré plusieurs sujets majeurs, le dossier de l’arrivée d’une prison sur le Valenciennois, en l’occurrence sur la commune de Saint-Saulve, a tendu l’hémicycle communautaire avec un vote complexe sur le fond et la forme
Le vote d’un accord de principe pour la prison… dans l’attente de garanties !
Après une présentation liminaire que chaque élu connaissait par la médiatisation du dossier depuis la fin de semaine dernière, le président de Valenciennes Métropole, Laurent Degallaix, propose un vote pour valider ce projet. Toutefois, il précise « que la Maison d’Arrêt serait maintenue et réhabilitée pour un montant de 5 millions d’euros » afin de faire taire la petite musique sur l’aménagement nord prévu sur la ville de Valenciennes.
Le premier élu communautaire à s’exprimer est Quentin Omont, élu Valenciennes Verte Solidaire : « A quoi sert un élu communautaire ? Je sais que c’est l’Etat, mais on fait bien peu de cas d’une assemblée. Ce vote intervient, alors que nous n’avons pas eu d’échanges sur le sujet ».
Pour Xavier Jouanin, maire d’Onnaing et concerné sur ce projet, tance la méthode : « C’est la compétence de l’Etat, pas celle de l’agglo ! Pourquoi voter et pourquoi si vite ? ». A contrario, l’édile met en lumière un PLH (Plan Local Habitat) « ambitieux, vertueux, et concerté, comme le PLUI, le SCoT en cours de révision ». Il rappelle également qu’il « n’est pas hostile à la création de prison. Par contre, le choix de terres agricoles en bordure d’autoroute est-il le meilleur ? ».
Enfin, Jean Noël Verfaillie, le maire de Marly, est le plus remonté contre cette décision. « Je partage beaucoup des propos de Quentin Omont et Xavier Jouanin. Ensuite, le projet n’est pas tombé du ciel, la CAVM a sollicité le Ministère de la Justice. Les conséquences sont de deux ordres ; les 50 hectares consacrés à l’extension du PAVE 2 sur Onnaing sont compromis compte tenu qu’il ne sera plus possible d’installer une entreprise classée à coté de ce Centre de détention. Ensuite, ce centre pénitentiaire remet en cause le projet du Grand Cavin. Certes, la DREAL a indiqué qu’elle ferait du cas par cas, c’est pourquoi il est prématuré de voter ce soir ! Sur le volet pénitencier, le Valenciennois a déjà fait sa part. Ensuite, les emplois sont sur concours et les salariés n’habitent pas le territoire par sécurité pour leur famille. Je demande le report du vote et sinon, je voterai contre ! ».
Pour sa part, Laurent Degallaix répond tout de go. « Je ne me suis pas réveillé un matin en me disant… je veux une prison sur le Valenciennois. Ensuite, c’est le principe d’une installation. Chez Toyota, 25% des salariés seulement habite le Valenciennois. Par contre, je reconnais que cela n’est pas la méthode de concertation habituelle, mais c’est l’Etat qui nous l’a imposé. Par ailleurs, nous nous sommes assurés d’un certain nombre de choses en amont. Je pense que le projet du Grand Cavin se fera, sous une autre forme et plus raisonnable en consommation de terres agricoles ».
Enfin, le maire hôte du centre pénitentiaire toujours dans la lignée de ses propos précédents . Yves Dusart évoque notamment l’aspect financier pour sa commune, la DGF, une aide financière complémentaire. Ensuite, il rappelle la chronologie de ce dossier. « J’entends que personne n’a été consultée dans la population, mais la phase de concertation obligatoire débute maintenant durant le 1 semestre 2024. Ensuite, je distingue ce choix du Grand Cavin, ce sont deux dossiers différents (voir article). Enfin, le Conseil municipal a voté, lundi soir, à l’unanimité sur ce projet d’importance nationale ».
A l’issue de ces échanges tendus, le Président de Valenciennes Métropole suggère de modifier la délibération sur table avec les indications suivantes : « Je propose de modifier les attendus et de voter pour un accord de principe avec des demandes de garanties sur les dossiers (économique et aménagement du territoire) afin d’obtenir des confirmations de non remise en cause ».
Le vote final donne 6 voix (avec un pouvoir) contre, 5 abstentions (avec un pouvoir), et deux non participation (avec un pouvoir) au vote. Un score inédit depuis janvier 2026 et la prise de présidence de Valenciennes Métropole par Laurent Degallaix ; Il ne faut pas être devin pour savoir que ce dossier, toujours en cours, laissera des traces dans le Bureau communautaire où un vote est intervenu après l’annonce du Ministre de la Justice. De fait, quel est le sens du vote sur la forme ? Ensuite, sur le fond, l’Assemblée plénière vote sur un sujet de compétence nationale et mécaniquement quel est la réalité juridique de ce vote ? Enfin, la solution ne résidait-elle pas dans une information le 29 mars dernier, en Bureau communautaire, de ce projet afin que le projet, pour ou contre, soit clair et partagé ! L’Etat, maître sur ce dossier, doit-il régir pour autant la gouvernance d’une intercommunalité même si nous avons vu les réactions au delà de l’entendement du coté de Saint-Brévin sur un sujet sensible, certes pas le même. Chaque pièce du puzzle doit être mis sur la table !
Daniel Carlier