L’ESAD, victime de la logique du chéquier à Valenciennes
Les appels en soutien à l’école d’art de Valenciennes se multiplient tant sa fermeture, d’ici septembre 2024, apparaît comme injuste sur le contenu pédagogique, injustifiée à la lumière du diplôme reconnu décerné aux étudiants, incompréhensible dans une ville où Jean-Louis Borloo, puis Dominique Riquet, ont positionné en haut de l’affiche la signature culturelle de la ville de Valenciennes. En aucune manière, la majorité municipale ne respecte cet héritage artistique à travers de nombreux coups de canifs dans le contrat culturel, à l’instar de cette fermeture annoncée de l’ESAD de Valenciennes.
Julien Poix : « Ce serait un coup porté à l’héritage et au grand dessein de Jean-Louis Borloo »
Les manifestations contre la mise en oeuvre de la Réforme des Retraites ont permis de mettre sur le devant de la scène revendicative ce problème local. En effet, les jeunes ont déambulé massivement, pancartes à la clé, au milieu du cortège de l’intersyndicale et bien au delà.
De même, plusieurs élus du Conseil municipal de Valenciennes, dont Luce Troadec, Quentin Omont, et José Pressoir ont visité en compagnie de Julien Poix, conseiller régional de l’opposition, le 06 avril dernier cette pépite territoriale. Cet établissement fait partie d’un réseau national très structuré de 45 écoles en France. Depuis 2011, l’ESAD de Valenciennes est un établissement public de coopération culturelle (EPCC) régi par un conseil d’administration qui réunit les représentants de la Ville de Valenciennes, de Valenciennes Métropole, du ministère de la Culture – DRAC Hauts-de-France et de la Chambre de Commerce et d’Industrie Grand Hainaut.
Julien Poix rappelle le contour de cette pédagogie à la pointe : « L’école a diversifié son offre de formation en intégrant des pratiques contemporaines autour de la photographie, de l’infographie et de la vidéo. De plus, elle propose deux options à ses étudiants : Art et Design. Chacun de ces cursus est sanctionné par un diplôme de premier cycle (Bac+3 : diplôme national d’arts plastiques) et un diplôme de second cycle (Bac+5 : diplôme national supérieur d’expression plastique, ayant grade de master). Comme toutes les écoles supérieures d’art publiques territoriales, ces programmes sont placés sous la tutelle du ministère de la Culture et sous le contrôle du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur, qui procède à des évaluations régulières. L’ESAD de Valenciennes est par ailleurs une des seules écoles publiques de la région à proposer la formation en Design éco-social. Celle-ci aide les designers à agir face aux enjeux contemporains sociétaux et environnementaux. Le master design éco-social favorise l’affirmation d’une pratique de design ancré dans le quotidien, qui s’engage dans le territoire local et qui anticipe la place du designer dans nos sociétés en mutation ».
Plus sur ParcourSup 2023… !
Comme tous les établissements publics, l’impact de la facture énergétique fut lunaire. Il manque 400 000 euros dans les caisses, malgré un soutien récurent de la région à hauteur de 250 000 €. La menace de fermeture s’est concrétisée de la manière la plus insidieuse possible. En effet, l’ESAD de Valenciennes ne figurait plus sur l’offre ParcourSup 2023, une manière de supprimer concrètement la filière artistique à Valenciennes.
Les solutions passent par un peu d’imagination politique « en élargissant les collectivités et partenaires », propose Julien Poix. Comme toujours, ce choix 100% politique corseté dans un tableau excell où le chiffre négatif fera ressortir le mauvais élève comptable est complètement déconnecté de la réalité du rendu in fine. A juste titre, l’élu régional rappelle l’origine du tournant culturel sur la ville de Valenciennes : « Ce serait un coup porté à l’héritage et au grand dessein de Jean-Louis Borloo ».
A force de réduire, les services à la personne en régie, des piliers culturels, les subventions au tissu associatif, etc., il est légitime de se demander pour qui va profiter cette gestion locale des deniers publics ? Certes, le maire se revendique comme un bâtisseur, mais pour qui ? Oui, la ville de Valenciennes va perdre en attractivité sur ce dossier comme ailleurs. D’ailleurs, la médiatisation de la méthode locale dans les JT nationaux, en novembre dernier, où l’édile pense en premier lieu à fermer toutes les salles de sport pendant l’hiver, malgré un magnifique rétropédalage devant la caméra de TF1, démontre que la seule politique de la ville est comptable, le chiffre en bas de la colonne point barre. A cet effet, la très populaire voiture commerciale passe dans les rues pour vous apporter son message sur l’attractivité de l’Athènes du Nord, le PV mobile attire les foules indubitablement !
Une ville est riche de son humanité, ses habitant.e.s qui la composent, ses atouts culturels et sportifs, ses pépites associatives, son tissu de commerçants de proximité, son offre de logement et son rayonnement bienveillant, le moins que l’on puisse dire est qu’il y a des gros trous dans la raquette à Valenciennes, mais rassurons-nous la donnée de la comptabilité publique sera meilleure en fin d’année, super !
Daniel Carlier