(Retraites) Le vote Pour, Contre, Abstention ou Aquaponey… !
Jamais au XXIème siècle le parlement français n’a été autant sous les feux de la rampe, tant la chambre haute (Sénat) que la chambre basse (Assemblée nationale). En effet, le projet de réforme des retraites, porté par le Gouvernement d’Elisabeth Borne, vit des heures parlementaires, mais également dans la rue, particulièrement abrasives. Comme dans un coffret fabriqué avec du bois de Santal, ce choix politique retient l’odeur d’une pression sociale, après une crise sanitaire inédite, une guerre en Ukraine dont l’impact est palpable dans notre quotidien, avec une population ballottée entre résignation et contestation dans un ressenti de vase clos étouffant (visuel DR)
On se compte dans une majorité parlementaire… de projet !
Concernant ce vote du Sénat, durant un samedi 11 mars qui fera date, où le fameux train de sénateur a laissé place au TGV du Palais du Luxembourg, on peut noter les votes des deux sénatrices issues du Valenciennois : Valérie Létard (Union centriste) s’est abstenue et Michèle Greaume (PCF) a voté contre ce projet de Réforme des Retraites. Une nouvelle page parlementaire s’ouvre ce mercredi 15 mars 2023 à travers la réunion de la CMP (Commission Mixte Paritaire) afin de trouver un accord, ou pas, entre 7 sénateurs/sénatrices et 7 députés/députées à présenter aux deux chambres du parlement français, ce jeudi 16 mars.
Un jeudi 16 mars parlementaire…particulier !
Si le suspense est plus que relatif sur l’issue de la fameuse CMP, du mercredi 15 mars, compte tenu de la présence de 10 parlementaires favorables à cette réforme des retraites sur 14 au total, un accord sur un texte final devrait arriver dans les hémicycles ce jeudi 16 mars.
Dans cette hypothèse, le texte validé serait présenté au Sénat dès 9H du matin ce jeudi 16 mars, là également avec un suspense inexistant. Par contre, dès 15 heures, le même texte, à la virgule près, sera présenté devant l’Assemblée nationale où l’issue du vote est d’une grande incertitude.
On le sait déjà, la majorité présidentielle ne fera pas le plein (à ce mardi 14 mars) avec 5 voix manquantes chez Renaissance, sur 165 + 5 apparentés députés, un vote contre chez Horizons sur (27 + 2 apparentés), et à ce stade le plein chez le Modem, 51 député.e.s.
Sachant qu’il faut 289 voix pour obtenir la majorité absolue, avec ces défections annoncées dans la majorité relative, au final 244 voix acquises sur 250 potentielles, il est de facto nécessaire de récupérer 45 voix ailleurs.
Par suite, les marges de manoeuvre se tournent principalement vers le parti Les Républicains dont la colonne vertébrale est un report de l’âge légal, en clair un retour avant 1981, porté par Valérie Pécresse à la présidentielle 2022. Bien sûr, le texte initial, à 64 ans, est modifié, mais combien va-t-il rassembler de députés LR, composé de 59 députés + 2 apparentés. Ensuite, ne pas négliger le Groupe LIOT composé de députées sans une terre d’accueil, en juillet 2022, correspondant à leurs convictions profondes. Le charismatique Charles de Courson n’est pas le porte parole, sauf de lui même, et en quête de lumière indubitablement, des 19 autres député.e.s où chaque membre a choisi ce groupe avec une farouche indépendance au sein de celui-ci. En clair, mystère total sur les votants, toutes initiatives de Charles de Courson confondues, puisque nous parlons d’un vote où tout peut se jouer à une voix près.
Enfin, ne jamais oublier 5 députés non-inscrits, qui une fois n’est pas coutume, scrutés et approchés par les partis favorables et opposés à cette réforme, pas une voix ne sera oubliée dans un camp comme de l’autre (tableau des effectifs de l’Assemblée nationale en bas de cet article).
Vote pour, vote contre, abstention dont la portée est tout aussi importante, car ce type de vote abonde indirectement à l’adoption de cette Réforme des Retraites, car il ne s’y oppose pas, et enfin l’inévitable agenda surchargé où le ou la député trouvera toujours un rendez-vous impérieux, comme l’Aquaponey, la version moderne de la piscine, pour ne pas s’engager du tout…, courage fuyons !
Assurément, outre l’intérêt général en la matière, l’intérêt personnel n’est jamais très éloigné du sujet sur les deux faces de la pièce de monnaie parlementaire. Certain.e.s député.e.s jouent leur avenir personnel politique, compte tenu de leur positionnement durant la dernière campagne législative 2022, donc se dédire ou pas compte tenu du programme présidentiel, voire trouver des appuis intéressants pour faire avancer des dossiers dans leurs circonscriptions (soyons pragmatiques). En propos conclusif…, l’issue de cette loi, votée ou pas, avec le 49-3 ou pas, restera dans les mémoires pour chaque votant de ce jeudi 16 mars 2023.
Daniel Carlier