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Des installations textiles et des photographies, de passage au Lycée du Pays de Condé

Jean-Paul Manez, le proviseur du Lycée du Pays de Condé à Condé-sur-l’Escaut, peut être fier de ses élèves et de ses professeurs. En effet, ces derniers ont élaborés, dans une salle polyvalente, fraîchement repeinte pour l’occasion, un accueil d’œuvres bien particulières, faisant partie du dispositif EROA, permettant à des établissements scolaires, d’exposer des œuvres au sein même de leur lieu, pour ainsi les faire vivre, autrement, le temps de quelques semaines.

Ce projet existait depuis quelques temps dans la tête d’Anastasia Ghys, professeur documentaliste, qui a profité de l’arrivée d’Amandine Wilst, professeur d’arts plastiques, pour concrétiser ce projet. Cette dernière, sensible à l’art abstrait et aux collages dans sa propre pratique, a été attirée par le travail de Stéphanie Laleuw, artiste plasticienne, qui, à Condé-sur-l’Escaut, s’est montrée « touchée » par ce qui a été élaboré autour de ses installations. Un dialogue, dans un premier temps, avec des photographies prêtées par le Centre Régional de la photographie de Douchy-les-Mines mais aussi un énorme travail de médiation, qui va amener, il est certains, un public, averti ou non, à REGARDER son travail. « C’est important en tant qu’artiste de toucher un public le plus nombreux et large et cela commence par l’école ».

« Cette exposition, c’est notre fleur collective », énonce Mme Wilst en prenant la parole et en citant Montaigne : « Si la vie n’est qu’un passage, sur ce passage au moins, semons des fleurs ». Une œuvre « surprise », non prévue au départ, a été prêtée par l’artiste, une installation monumentale, composée de fragments de tissus assemblés, de fils brodés… Des formes cernées de fils mais semblant prête à s’échapper… Une fleur… abstraite !, élaborée avec des brodeuses, un travail collectif, terme qui revient souvent dans les propos d’Amandine Wilst, qui porte une attention bien particulière à cette dimension de projet partagé.

Les élèves ont contribué à l’élaboration de cette exposition car ils ont pensé la scénographie à partir de la thématique du passage. Ils ont établi des dialogues par groupement d’œuvres avec des thématiques telles que « Traversée du regard », « surfaces fragmentées » ou encore « Comme une fleur », des termes qui nous amène des images en tête, et pourtant, chaque espace, avec ses quelques œuvres qui se font écho, devient presque abstrait. Les photographies sont questionnées non plus comme des captures du réel, mais comme des moments. Accompagnés de Mme Ghys, les élèves ont aussi réalisé des textes, qui prennent la forme de fiches de route mais aussi de podcast audio, que le visiteur peut Q-R coder et écouter face à l’œuvre ou prolonger la magie à la maison.

L’artiste, quant à elle, a été bluffé par la préparation des élèves de 1ère spécialité art. Stéphanie Laleuw use, dans son travail, d’ornements : les couleurs, les motifs, les formes, les broderies… réalisés par l’artiste, mais aussi retrouvées dans les armoires de son arrière-grand-mère.

Pour l’artiste, « l’ornement permet d’exprimer un grand oui à la vie ».Cette explosion de motifs, ces juxtapositions, en rendant abstraites les formes apportent une énergie vitale, une force de vie. Son intention est de rendre vivant, de retranscrire l’énergie que l’on trouve dans la nature, mais aussi les événements de liesse, les carnavals, les marchés, avec leurs odeurs, les bruits… Stéphanie Laleuw veut que ses installations, denses de cette énergie, soient prête à exploser de la vie dont elles regorgent. Son travail est aussi un hommage aux femmes de sa famille mais aussi à toutes les femmes.  Cet art de la broderie, dit mineur doit retrouver le devant de la scène et être confronté à l’art contemporain. Elle veut transformer des éléments de la vie domestique (broderie, couture) et les réintégrer à l’espace public. Cette dimension fait complètement écho aux photographies choisies dans le fond du CRP, notamment celles de Claude Batho, La baignoire ; un point de vue frontal, une vue sur le quotidien, l’ordinaire.

Si son travail sur joue les codes féminins, couleur, brillance, sequins, c’est de manière complètement revendiqué. Dans cette ode à la femme, à la vie, il y a surtout la transmission de petits gestes, singuliers, qui réunis, sont une puissance inestimable. A l’unisson, les femmes de la soirée ont dit merci à la puissance du collectif.

Le réseau des EROA est soutenu par le rectorat de l’académie de Lille, la Direction régionale des affaires culturelles des Hauts-de-France, le conseil régional des Hauts-de-France, le conseil départemental du Nord et le conseil départemental du Pas-de-Calais.

L’exposition est visible jusqu’au 30 mars, sur rendez-vous, salle polyvalente du Lycée du Pays de Condé, 2 rue Jean Monnet à Condé-sur-l’Escaut.

Jane Huvelle

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