La Porte du Hainaut tournée vers l’avenir…durable !

Aymeric Robin : « Se projeter au delà de notre temps politique »

Présenté début 2022, la restitution du diagnostic du « Projet de Territoire » débouche début 2023 à la présentation du scénario « choisi par les élus communautaires. De plus, nous avons accompli un exercice difficile, celui de se projeter au delà de nos propres mandats, au delà de notre temps politique », insiste le Président de la CAPH ». « C’est une boussole à 10,15, et 20 ans, la marque, la signature d’un territoire », entame le locuteur d’Anthony Conseil.

Six axes de travail ont été recensés avec un fil rouge essentiel, leur réalité opérationnelle à terme : Solidarité et Promotion de la citoyenneté, égalité hommes-femmes, équité dans le développement des bassins de vie, création et répartition richesse au service de la réduction des inégalités et de l’attractivité du territoire, bien-être et bien vivre dans un environnement agréable où la nature est préservée, et enfin une vision commentaire partagée. Cette liste n’est pas qu’une succession de thématiques couchées sur un écran, elle imprime quelques notions majeures « comme l’équité et plus l’égalité entre les bassins de vie, le futur des femmes plus incertain sur le Hainaut qu’ailleurs sans oublier une vision communautaire supérieure au destin individuel d’une commune, sans doute le point le plus piquant pour les 46 édiles », indique Anthony Conseil.

Cette présentation est la dernière avant la phase 3, celle du financement de chacun de ces items sans oublier leur concrétisation dans le temps. « Cette phase 3 proposera sur chaque sujet son financement et leur arrimage », ajoute-t-il.

Les réactions des élus communautaires étaient attendues avec « un résultat transversal », indique Bruno Saligot, maire d’Escaudain. « C’est un projet sur 20 ans afin de préparer l’avenir », ajoute Pascal Jean, le maire de Neuville-sur-Escaut.

Un territoire fibré

Autre présentation importante pour le quotidien des administrés de La Porte du Hainaut, leur rapport à l’ère numérique. « Aujourd’hui, la CAPH est entièrement fibrée, mais la fracture numérique existe même si cette crise sanitaire a boosté le télé-travail, les ENT (Espace numérique de Travail) soutenus par la Porte du Hainaut… », explique Jean-Michel Michalak en charge de la politique numérique. Aujourd’hui, l’intercommunalité soutient une « Aide à la stratégie numérique » concernant 8 communes rurales afin que « toutes les générations puissent accéder au numérique », indique-t-il.

La mobilité durable

L’ordre du jour était particulièrement axé vers les modes de déplacements doux. A ce titre, l’aide à l’acquisition d’un vélo ou d’une trottinette, dévorée en 2022 « sur un temps très court », précise Aymeric Robin, est reconduite sur le même volume financier, soit 200 000 euros, à compter du 01 mars 2023. « Attention, il n’y a pas de liste d’attente, les compteurs sont remis à zéro au 01 mars 2023. C’est la seule méthode pour valider un financement année après année », conclut-il. Dans la foulée, la Porte du Hainaut prend la compétence sur 110Km de voies cyclables dans le cadre du schéma cyclable.

Sur ce point, Christophe Vanhersecker, souligne que l’Europe a validé « une stratégie du vélo à son niveau. C’est un événement avec une volonté de fabrication de vélo « Made In Europe » (dans de nombreux pays de l’UE et pas seulement au Portugal) ». L’élu communautaire profite de son temps de parole pour aborder la voiture « avec une ZFE (Zone à Faible Emission) dès le 01 janvier 2025 sur l’intercommunalité voisine, Valenciennes Métropole. Quel sera le rôle du SIMOUV, en charge des mobilités, sur ce sujet ? ». Enfin, la vitesse excessive sur l’autoroute traversant le Valenciennois demeure invariablement à 110 km, comme si les populations n’étaient que superfétatoires par rapport au temps de transport, une aberration convenue sur l’autel du Valenciennois, carrefour de l’Europe et des mobilités. On l’a compris, le goudron avant les âmes. « Les axes autoroutiers traversant la MEL sont à 70 km, mais nous restons sur le Valenciennois à 110 km », explique Christophe Vanhersecker.

Dépassons les « Borne » allègrement… !

Autre sujet de taille, le choix engagé de l’EPCI à travers un partenariat avec ENEDIS pour l’installation de bornes de recharges rapides. Presque naturellement, plusieurs maires ont montré leur réticence face à ce choix, car trop peu utilisé, trop long (45 minutes), et par suite l’utilisation de l’argent public pas forcément à bon escient pose question ; terriblement humain à l’heure où le sesterce se fait rare dans la marmite locale percutée par des factures énergétiques… de dingue !

Toutefois, cette hésitation, vertueuse sur l’utilisation approprié du denier public, se heure de plein fouet avec le « projet de territoire », présenté dans cette même assemblée communautaire, dans une réflexion à 20 ans. Bien sûr, la voiture électrique ne sera jamais l’unique alternative à l’énergie fossile, mais pour autant son usage en milieu urbain, notamment sur le dernier km reste incomparable à ce stade. C’est pourquoi, les EPCI doivent s’engager dans cette voie sans se poser si l’utilisation sera massive ou pas. C’est une vision, car si les communautés d’agglomérations ne participent pas, à l’instar de la fibre, les groupes privés ne viennent que sur les zones habités rentables. Plus concrètement, nous allons oser un cruel parallèle entendu durant une réunion à la CCI Grand Hainaut en novembre 2014, soit à deux mois de la mise en application de la loi de février 2005 sur, entre autres, l’accessibilité des commerces de proximité. Un entrepreneur indique à voix haute, fier de sa perspicacité devant une salle bondée : « Pourquoi je rendrai mon commerce accessible, je n’ai aucun client en situation de handicap… ! ». Tout est dit… !

Daniel Carlier