Un souffle de renouveau pour le centre d’art l’H du siège
Si la galerie l’H du siège existe grâce à des financements telles que la DRAC, la ville de Valenciennes et la Région Hauts-de-France…, c’est indéniablement les artistes qui l’ont fait vivre aussi longtemps, mais aussi une équipe de salariés dévoués totalement à ce lieu (visuel l’artiste Gye Hoon Park).
(Le fils de l’artiste était présent pour interpréter quelques morceaux de guitare)
Le nouveau président de la galerie l’H du siège, Henri Duhamel, Professeur Agrégé d’Arts Plastiques à l’Université de Valenciennes, qui remplace Philipe Bétrancourt, en route pour une retraite bien méritée, a pris la parole ce vendredi 6 janvier devant une assemblée très nombreuse, composé d’étudiants, de représentants de structures du Valenciennois, mais aussi d’habitués de la galerie, tout simplement attirés par ce que propose ce lieu atypique situé dans une ancienne menuiserie : une œuvre sensible, mais présente physiquement, un équilibre ténu entre la matérialité plastique et l’évanescence des émotions. Mais surtout un espace qui à toute sa place, à investir, autant par l’œuvre que le spectateur.
Depuis quelques mois, un artiste en résidence, Gye Hoon Park, venu de Corée du sud avait élu domicile dans un atelier de la galerie. Il a dévoilé son travail ce soir, tout en pudeur. Pascal Pesez, le directeur de la galerie, a été choisi par l’artiste pour lire un texte de présentation, simple, limpide, comme un regard vers le ciel : « L’espace inconnu s’est transformé en espace heureux ».
Il y raconte également un moment de poésie quand, seul, dans la galerie vide, il a vu s’y déposer un rayon de lumière. Cette image est un peu la métaphore de ce qu’il se passe depuis 35 ans dans la galerie, une osmose, un lien qui se crée peu à peu, entre l’artiste et l’espace qui l’accueille pour ensuite s’étendre à la ville, puis au territoire.
L’exposition s’intitule, Les 7 plans qui respirent » – 호흡하는7개의 쇼
La galerie s’est ainsi transformée en plateau de cinéma, la scénographie, de grandes feuilles de papiers superposées, se mouvants au gré du déplacement des spectateurs, tels des plans séquences, un film ouvert à l’interprétation, propre à chacun.
Le spectateur peut ainsi déambuler entre les feuilles de papiers très épais, travaillés par l’artiste dans un geste répétitif, pour les rendre presque évanescentes. Il ouvre le papier, il nous fait regarder au travers, comme on pourrait lire dans un livre. Avec un récit riche de multiples interprétations. La peinture est apposée en geste léger, apparemment. Car seul le geste l’est. Gye Hoon Park fait référence à l’histoire, celle avec un grand H mais aussi l’histoire de son quotidien. Une histoire difficile à entendre. Mais qu’il faut garder en mémoire, et surtout continuer à transmettre. Ne pas oublier.
L’émotion était palpable à la galerie à l’aube de cette année 2023
Selon Pascal Pesez, son travail est une observation emphatique du présent, du passé, du futur. Ce dernier n’a pu s’empêcher de nommer la solidarité de la galerie avec l’ESAD (l’école supérieure d’art et de design) de Valenciennes, menacée de fermeture, un drame selon lui, pour la culture.
L’association avait choisi de rendre ce moment encore plus doux avec un buffet préparé par des élèves de CAP de l’établissement Saint Jean Baptiste de la salle. Cet établissement est également partenaire de la galerie depuis un vingtaine d’années, avec des centaines d’élèves qui ont pu découvrir la variété d’artistes présenté.
L’artiste Maturin Van Heeghe était également présent pour faire « diversion », avec son travail exposé dans la galerie « Côté cour », face à la galerie. Cet artiste roubaisien fraîchement diplômé, « explore les relations entre art et artisanat, questionne les notions de territoire et de mémoire, s’appuie sur le partage de différents savoir-faire. ». Ces dessins et installations sont à découvrir dans l’intimité de la petite galerie.
L’artiste allemande Henrike Stahl était également présente pour présenter son installation photographique, Un projet transgénérationnel autour du souvenir et de la mémoire collective, réalisé avec des habitants du territoire. Ce projet existe dans le cadre du dispositif Delta, programme mené par les deux centres d’art implantés sur un même territoire : L’H du Siège à Valenciennes et le CRP / Centre régional de la photographie Hauts-de-France à Douchy-les-Mines. La FLAC, fédération locale alternative culturelle, a également été associée à ce dossier avec un soutien remarqué par la DRAC Hauts-de-France.
D’autres œuvres sont également à découvrir dans 2 autres lieux : du 4 mars au 8 avril au CRP/, Place des Nations, Douchy-les-Mines et du 15 avril au 3 juin à La Barjo, 261 rue Jean Jaurès, Onnaing
On souhaite que l’année se poursuive aussi sereinement cette année pour la galerie que l’a été cette belle soirée. Un mélange de tradition et de nouveauté, un nouveau départ pour une longévité égale et plus encore à celle qu’elle a déjà connue. Les expositions de Maturin Van Heeghe et de Gye Hoon Park sont visibles du 7 janvier au 11 mars 2023. Le projet Delta est à découvrir du 6 janvier au 28 février à L’H du Siège, 15 rue de l’Hôpital de siège, Valenciennes : https://hdusiege.org/
Jane Huvelle