L’appel de la forêt… pour la journée mondiale du climat, le 08 décembre !
Si la COP 21, et son célèbre accord de Paris, avait marqué les esprits sur la nécessité mondiale d’agir pour la planète, la sécheresse 2022 a ancré ce même phénomène près de chez soi comme si le logiciel écologique de pensée était (enfin) activé chez les particuliers. Au sein des bonnes idées, des résolutions tonitruantes, la gestion de nos forêts est un peu le parent pauvre des grandes stratégies écologiques. Pour autant, sa préservation constitue un atout fondamental pour notre biodiversité, un enjeu à la fois planétaire et de proximité… (visuel DR/ONF).
Notre région des Hauts-de-France est concernée au premier chef, sa forêt couvre 13% du foncier régional, soit 446 000 hectares dont 102 000 hectares de forêts domaniales et de collectivités, donc plus de 100 000 hectares gérés par l’ONF (Office national des Forêts). Pour rappel, l’ONF gère 25 % de la forêt française et régionale. La filière forêt bois française emploie 400 000 personnes et compense 25 % des émissions nationale de gaz à effet de serre. En Hauts-de-France, la filière regroupe 40 000 personnes au sein de 8 000 TPE / PME.
En clair, le pouvoir écologique des arbres est phénoménal à travers sa compensation des émissions de gaz à effet de serre. C’est pourquoi, la gestion de nos forêts mérite mieux qu’une réduction drastique, depuis début 2000, des effectifs de l’ONF.
Bien sûr, on parle du solaire avec un rebond significatif des installations de panneaux photovoltaïques, le gaz vert à travers la méthanisation, l’éolien en mer, plus décrié sur terre, la protection des espèces, des abeilles, etc., mais si peu sur la préservation des forêts. Certes, les villes et intercommunalités lancent des opérations de plantations d’arbres, sans oublier les collectivités locales abattant allègrement les sujets existants toujours malades pour de l’aménagement urbain, mais en faveur de la forêt stricto sensu… peu d’initiatives mis à part un abattage des arbres, certes maîtrisé par l’ONF, pour vendre du bois…, et par ricochet s’autofinancer !
Evidemment, outre la biodiversité, la gestion de la forêt passe invariablement sur notre territoire par un respect de celle-ci et par suite l’absence de dépôt sauvages de déchets ! Ensuite, d’un point de vue plus global, les enjeux écologiques sont énormes. « L’impact du réchauffement climatique sur les forêts est identifié depuis les années 90. Mais les trois sècheresses de 2018 à 2020 ont provoqué une accélération des phénomènes de dépérissement sur les arbres adultes et d’importants échecs de renouvellement forestier, qu’il soit naturel ou par plantation. Les scénarios climatiques prédisent le climat d’Albi en 2050, et un été sur deux correspond désormais aux étés de 1976 ou 2003, tristement restés dans les mémoires… Aujourd’hui, plus de 300 000 ha de forêts publiques en France souffrent sévèrement et on estime que 50 % de la forêt française changera de visage d’ici cinquante ans. Cela ne veut pas dire qu’elle disparaitra, mais la physionomie de certains peuplements se modifiera », commente Eric Marquette, le Directeur de l’Agence ONF de Lille.
Clairement, sans une prise de conscience de l’importance de nos forêts, leur contenu sera bouleversé et par suite leur rôle de régulatrice de notre climat va décliner année après année.
Sur les Hauts-de-France, les problèmes sont spécifiques comme le souligne Bertrand Wimmers, Directeur de l’Agence de Compiègne. « En Hauts-de- France, on identifie principalement trois grandes problématiques en forêt publique : la chalarose (champignon aérien) qui déciment les frênaies ; le scolyte (coléoptère) qui détruit les épicéas ; et les dépérissements de chênes pédonculés et hêtres sur les sols sableux très sensibles aux sècheresses et infestés de hannetons, coléoptères qui dévorent les racines des arbres. Les surpopulations de grands animaux (sangliers et cervidés), insuffisamment régulés et grands consommateurs de jeunes pousses et de fruits forestiers affaiblissent encore plus la capacité naturelle des forêts à se renouveler ainsi que la biodiversité végétale de l’écosystème ».
Chacun d’entre nous peut participer à cette préservation à travers la gestion des domaines privés, celles gérées par l’ONF voire les collectivités, mais le plus important est une vision politique de la forêt et les moyens associés à sa préservation, pas sur la table à ce stade malgré qu’en 2020, le gouvernement a décidé d’un grand plan de relance de 300 M€ pour cartographier, reconstituer et adapter la forêt française aux changements climatiques. Certes, l’intention est bonne, mais les fonds alloués sont trop faibles, notamment sur l’humain. Pour être concret, au niveau national, un agent de l’ONF gère en moyenne 1 000 hectares… tout seul ! Gageons que cette journée mondiale du climat, ce 08 décembre, sera porteuse de sens et d’actes concrets !
Daniel Carlier