René Dosière tance le décalage des indemnités entre les élus (1/2)
Jeudi 24 et vendredi 25 novembre sur le site minier de Wallers Arenberg, les Assisses nationales de l’éthique publique locale ont proposé des tables rondes thématiques sur un état des lieux en la matière en 2022. L’après-midi consacrée aux indemnités des maires et au traitement des Affaires méritait le détour, voici un extrait de ces convictions affichées, sans concessions, d’un état des lieux très inquiétant, avec tout de même une lueur d’espoir comme dans toute démocratie.
Evidemment, l’animatrice de cette table ronde commence par l’essentiel « l’immense majorité des élu.e.s exercent leur mandat avec probité ». Pour autant, quelques un.e.s prennent des chemins détournés et apportent un éclairage négatif sur nos représentants locaux et nationaux. Le fameux adage « tous pourris » est une erreur de fond, mais pourtant sur la forme il trouve ses justifications au gré de l’actualité connue et méconnue.
Le grand spécialiste de la rémunération des élus.e.s de la république est l’ex député René Dosière. Il était présent, en Guest, à ces assisses avec son vécu et sa gouaille habituelle. Tout d’abord, l’enveloppe globale est à noter : « La masse financière des indemnités versées aux élus représente 2,2 milliards annuel sur une enveloppe globale de 270 milliards d’euros destinée aux collectivités locales et territoriales ». A savoir que le nombre d’élus est pléthorique toutes collectivités publiques confondues, une spécifique française, car il atteint 577 614 élus, avec des doublons, donc un chiffre environ à 510 000 élu.e.s différents en France.
« Un amendement interdisant cette pratique », René Dosière
René Dosière annonce en 2018 l’annonce de l’observatoire de l’éthique publique après plusieurs élections, contre vents et marées, comme député. Ces anecdotes sont croustillantes, il rappelle le pire cauchemar qu’il a infligé aux élus de la République lui valant un courroux de toutes les formations politiques sans exceptions. « Avant, un député ou sénateur avec le cumul du mandat pouvait gagner 8 000 à 10 000 euros, le principe de l’écrêtement limitaient cette somme à 5 à 6000 euros par exemple, mais le parlementaire reversait ce surplus à son 1er adjoint, dans une commune, voire son attaché parlementaire notamment quand son conjoint, ou un membre de sa famille, occupait cette fonction. J’ai fait passer un amendement interdisant cette pratique de reversement et cela m’a valu beaucoup d’ennuis avec tous les partis politiques ».
« un effet inhibiteur sur ces élus », René Dosière
Pour autant, la technicité de la fonction de maire est devenue une évidence, un aspect chronophage rendant de plus en plus difficile de conjuguer un mandat de maire et un métier extérieur. « Les mairies ruraux sont peu indemnisés et pourtant sont au contact presque 365 jours sur 365, un travail avec largement plus de 35 heures par semaine au compteur (1 026,51 brut pour un maire d’une commune de moins de 500 habitants au 01 juillet 2022). De l’autre côté, vous avez les élus Conseillers régionaux et départementaux, dans l’opposition avec moins de travail qu’un maire, avec une rémunération à hauteur de 2 800 à 2 600 euros bruts mensuels. Il y a un véritable déséquilibre et ceci explique la course pour figurer sur les listes régionales voire l’accès aux fonctions de conseiller départemental. Cela a un effet inhibiteur sur ces élus (savoureuse réflexion) », commente René Dosière.
On ne saurait mieux dire sur les batailles rangées pour figurer sur une liste régionale, favorite qui plus est, comme nous l’avons vu durant l’élection en juin 2021 dans les Hauts-de-France. Et que dire de la guerre interne sur différents cantons du Valenciennois pour les fonctions départementales, certaines promesses de démission en faveur de suppléant sont assez improbables. « Follow the money » disent nos collègues anglo-saxon, car vous trouverez l’intégralité des convictions politiques en l’espèce.
Daniel Carlier