Comme dans beaucoup de collectivités locales, le coût de l’énergie est au coeur des débats municipaux avec des conséquences tangibles. Toutefois, la modification budgétaire ne s’arrête pas à ce seul sujet, car l’investissement de la commune était également largement au centre des échanges sans oublier le soutien à La Porte du Hainaut sur le dossier sans fin du Parc Le Fleury.
Anne-Lise Dufour : « Nous subissons la hausse de l’énergie sans amortisseur »
Très symptomatique de la pesée de l’énergie sur la gestion communale, la délibération relative à une modification budgétaire était la première étudiée par le Conseil municipal de Denain. L’édile de la commune détaille les lignes essentielles « avec 350 000 € pour le gaz en plus au sein de notre budget dans cette délibération modificative. Au total, nous avons 800 000 euros de plus en terme de consommation de gaz, c’est énorme ! Nous subissons la hausse de l’énergie sans amortisseur contrairement aux particuliers protégés par le bouclier tarifaire ». Il faut également noter l’arrivée du complexe aquatique avec sa consommation dans les chiffres énergétiques 2022.
Anne-Lise Dufour rappelle son plan de Sobri-Ethique présenté fin septembre dernier où au chapitre des bonnes nouvelles, le réseau de chaleur urbaine issu de la captation de la chaleur fatale émise par le Centre de Valorisation des déchets du SIAVED permet des économies significatives. « Sur les sites alimentés à Denain par Dalkia (le prestataire de la DSP du SIAVED), nous enregistrons une baisse de la consommation proche de 50% », commente le DGS de la commune de Demain.
Soumise au feu des critiques « cela fait deux ans que la crise est connue. Vous avez une source d’inspiration lilloise ; gouverner, c’est prévoir ! Ce n’est pas un simple slogan. La concertation est toujours un mot absent de votre vocabulaire », tance Youssouf Feddal pour l’opposition.
Anne-Lise Dufour s’appuie sur un bon vieux tableau avec des courbes où « vous voyez notre consommation diminuée, mais par contre le coût de l’énergie monté en flèche. Vous dispensez vos conseils, mais ils sont totalement faux. Nous ne vous avons pas attendu pour agir ».
Acquisition de l’ex bâtiment de la CPAM et de M. Bricolage
Toujours dans cette DM budgétaire, la commune fait jouer son droit de préemption afin de récupérer deux sites stratégiques, l’ex édifice de la CPAM rue Roger Salengro pour 350 000 euros, mais également le bâti occupé par Monsieur Bricolage pour un montant de 1 150 018 euros, Bd du 08 mai 1945. Dans les deux cas, ces acquisitions sont soutenues par un fonds de concours de la La Porte du Hainaut à hauteur de 50% de l’investissement.
De même, l’avancée des travaux du Groupe scolaire Berthelot est plus rapide que prévue avec un décalage comptable à la clé. « Cette réalisation d’un nouveau Groupe scolaire va dans le bon sens. Nous serons toujours à vos côtés pour l’Education des enfants de Denain », commente Valérie Gajda de l’opposition.
Justement, la section fonctionnement transfère 197 253 euros vers la section investissement au titre du budget 2022. Dans les autres choix d’investissements, la maîtrise d’oeuvre à hauteur de 60 000 euros pour l’édifice du Sacré-Coeur…
« Ce bâtiment (Sacré-Coeur) n’est pas une église », Anne-Lise Dufour
Suite aux différentes mouvements en faveur du sauvetage du bâtiment dit du Sacré-Coeur, en présentiel comme sur le net, la maire profite de cette ligne pour un rappel de la parole divine. « En 2011, les responsables du Diocèse de Cambrai en charge du dossier expliquent qu’ils sont dans l’incapacité totale de réparer et d’entretenir l’église du Sacré-Coeur », commente l’édile. « L’expertise est à disposition, elle indique un coût, en 2011, de deux millions d’euros nécessaires. Ils évoquent également la possibilité de conserver uniquement la façade et le clocher avec un espace paysager à l’arrière, voire en dernier lieu une démolition pure et simple pour 400 000 euros », ajoute-t-elle.
Du côté de la municipalité, Anne-Lise Dufour rappelle que le bâtiment du Sacré-Coeur a été acquis (pour l’euro symbolique) « durant l’été 2019 ( à la surprise générale) à une association, car l’église du Sacré-Coeur a été désacralisée bien avant. Ce bâtiment n’est pas une église. D’ailleurs, elle n’avait jamais appartenue à la commune avant. Aujourd’hui, pour conserver la façade et le clocher, si c’est possible pour ce dernier, et un aménagement urbain, nous engageons environ 3 millions d’euros », précise-t-elle.
Toujours au chapitre des investissements, le culte est décidément très présent pour la locataire du fauteuil majoral « puisque sur l’église Saint-Martin depuis 2011, nous avons investi près de 5 millions d’euros, notamment à travers la création de vitraux uniques en Europe ».
Enfin, un sourire à la lecture de cette DM copieuse en voyant 41 663 euros d’amendes de Police dans la section subvention d’investissement. On est rassuré, la verbalisation de l’administré permet à la ville d’investir…, chouette un PV !
Le Qatar et les J.O 2029…
L’autre polémique du moment est la tenue de la Coupe du Monde au Qatar. Les élus de la majorité s’insurgent de cette réalité sportive et dévastatrice en terme écologique. « La climatisation sera folle et je ne parle même pas des futurs J.O 2029 en Arabie Saoudite », commente Anne-Lise Dufour. Si certains avaient un doute, le mouvement olympique est d’abord une machine à fric ! Certes, l’Arabie Saoudite est dotée de montagnes entre 1500 et 2600 mètres, mais il fait un peu chaud… ! Pôle Emploi devrait ajouter un nouveau métier en devenir dans la liste pléthorique des secteurs en souffrance de recrutement, en l’occurrence fabricant de canon à neige… !
Plus près de nous, la ville fait également un choix « pas de gaîte dé coeur, car nous aimons tous les illuminations de Noël. Néanmoins, dans le cadre de notre plan de Sobri-Ethique, nous faisons le choix de concentrer les illuminations de Noël dans le Parc Zola », indique Yannick Andrzejcak. « C’est là que nous pouvons regrouper le plus d’animations, comme Denain Glisse où les enfants peuvent faire de la luge », ajoute la maire.
Sur ce choix, Ludovic Tonneau « déplore l’absence d’illuminations pour les commerces de centre-ville ». Pour sa part, Joshua Hochart regrette le non choix « d’un véritable marché de Noël dans le centre-ville ».
« A un moment, il faut que cela s’arrête (Le Fleury) », Anne-Lise Dufour
Rares sont les sujets communautaires (hors TEOM) venant se nicher dans le débat local, mais pourtant l’avenir du Parc Le Fleury est venu sur la table suite à une intervention de Joshua Hochart. Ce dernier avec peu d’éléments en main « s’étonne de la (future) expulsion de l’exploitant compte tenu de l’intérêt un territoire doté d’un Parc d’attractions ».
La réponse ne tarda pas, car on appelle cela un… vieux contentieux. « Oui, je sais qu’il représente une activité d’intérêt général. Personne n’a envie de fermer le Fleury, mais je vais soutenir le Président de la CAPH dans sa démarche. Cela fait 8 ans que l’exploitant nous promet de payer ses dettes (en décembre 2019… une dette de 888 917 euros depuis 2011) Qu’il paye ce qu’il doit, mais à un moment, il faut que cela s’arrête ! Chaque année, il promet, mais ne paye jamais ! », tance Anne-Lise Dufour.
David Audin, élu communautaire, en rajoute une couche « malgré l’intérêt supérieur à le conserver. C’est de l’argent public, nous avons une responsabilité financière ».
Le sort de ce dossier sera scellé (peut-être) au prochain Conseil communautaire du 17 octobre prochain.
Daniel Carlier