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Tout comprendre sur l’utilité de « Mon Espace Santé »

Non, ce n’est pas Thomas Pesquet que nous avons découvert à la CPAM du Hainaut, mais plutôt des acteurs du monde médical, des établissements de soins, des aidants numérique sans oublier le témoignage d’un assuré. Cette réunion de la famille santé sur le vaste territoire du Hainaut avait pour objectif de présenter le nouvel univers numérique pour l’assuré et les praticiens, le fameux « Mon Espace Santé ».

Xavier de Verdelhan : « L’usager doit devenir acteur de sa santé »

Dès le début du XXième siècle, l’espoir d’un dossier médical personnel numérique a germé dans les têtes des techniciens les plus hardis et le législateur a voté en 2004. Pour autant, il a fallu attendre plus d’une décade avant de lancer les premières initiatives en la matière, sérieuse techniquement parlant, avec la création du DMP (Dossier Médical Partagé) en 2015 (inscription plus possible en ligne depuis le 01 juillet 2021)

Depuis cette date, cet outil a connu un succès mitigé puisque « sur la CPAM du Grand Hainaut, nous avions environ 1 assuré sur 5 ou 6 avec un DMP », commente Isabelle Grimonpont, la cheffe de projet numérique santé. Cette inscription volontaire et indispensable du patient a généré un ratio très très insatisfaisant sur un sujet aussi essentiel. C’est pourquoi le législateur a validé dans la loi de finance 2021 de la sécurité sociale un changement radical.

Mon Espace Santé est complètement dissocié de votre compte AMELI

En effet, la logique du Gouvernement en 2021 était de rendre automatique la création de « Mon Espace Santé » pour tous les assurés sociaux. « Le législateur a inversé le système. En fait, c’est le carnet de santé numérique des assurés. L’usager doit devenir acteur de sa santé », précise le Directeur adjoint de la CPAM du Hainaut, Xavier de Verdelhan.

L’idée de base est une reprise des DMP existants et évidemment la création d’un dossier médical en ligne et ultra sécurisé pour chaque assuré à la Sécurité Sociale. « Sur Mon Espace Santé, l’assuré pourra intégrer lui même des documents médicaux, ses antécédents (allergies…), ses directives pour la fin de vie. De même, les praticiens (médecin traitant…) pourront intégrer dès la création les ordonnances médicales, les commentaires, les résultats d’analyse des laboratoires, compte rendu d’un établissement hospitalier . En terme d’antécédents, il n’y a pas votre historique des ordonnances, opérations… (sauf si vous l’intégrez vous-même), mais les deux dernières années des remboursements de la Sécurité Sociale. En fait , votre carnet de santé numérique commence au moment où vous allez l’activer », ajoute Isabelle Grimonpont.

Le 1er contact est très favorable avec les assurés du Grand Hainaut compte tenu qu’un premier courrier « à nos 650 000 assurés a généré un refus de ce dispositif de 0,6% », ajoute Isabelle Grimonpont. Attention, la CPAM n’aura jamais un accès « aux données médicales de l’assuré. Mon Espace Santé n’est pas le compte AMELI, nous gérons uniquement les remboursements de santé », précise Xavier de Verdelhan.

Vous restez le décideur sur « Mon Espace Santé »

Par suite, votre compte « Mon Espace Santé » existe « déjà pour tous les assurés où vos praticiens pourront intervenir, échanger sur votre pathologie. Ensuite, l’assuré est le seul à pouvoir activer son carnet de santé numérique, il peut s’opposer à la consultation de son dossier de santé par tel ou tel praticien (Kiné, infirmier, médecin…). L’assuré peut à tout moment changer d’avis sur l’ouverture de « Mon Espace Santé ». Par contre, sans aucune opposition de sa part sur l’ouverture totale ou partielle de Son Espace Santé, les praticiens pourront à minima échanger entre eux sur votre parcours médical », ajoute Isabelle Grimonpont. 

Le Dr Jacques Franzoni, Président de la CPTS du Valenciennois (communautés professionnelles territoriales de santé), valide cette avancée décisive. « Tous les médecins avaient des logiciels métiers compliqués, parfois très complexes, et très chronophage. Aujourd’hui, nous pouvons intervenir facilement, rapidement, et en toute transparence sur l’ Espace Santé de l’assuré ».

Attention, l’assuré reçoit une notification à « chaque 1er accès d’un praticien. S’il souhaite lui interdire la consultation de votre dossier médical, vous pouvez vous y opposer », précise Isabelle Grimonpont. D’ailleurs, tous les parents connaissent ce système, car « cela ressemble aux dispositifs ENT (Espace Numérique de Travail), vous recevez une notification vous avertissant d’un message de l’établissement scolaire  de votre enfant sur tel ou tel sujet. Je reconnais que Mon Espace Santé est une version en ligne très simple dans l’utilisation », précise Annick Pigot, de la clinique Sainte-Marie à Cambrai, établissement pilote sur ce projet.

Néanmoins, il faut parler de l’essentiel, la santé in fine du patient, car à minima votre état médical sera connu dans un service d’urgence. « Si vous êtes en urgence vitale dans un établissement de soins, cette connaissance de votre dossier personnel constitue une avancée médicale très importante », commente Rachid Dris du Centre Hospitalier de Maubeuge.

Enfin, une messagerie médicale… sécurisée

Parmi les avancées vraiment décisives, vous avez une messagerie sécurisée sur « Mon Espace Santé » où « le praticien peut vous envoyer un message. On peut dorénavant échanger avec son patient de manière sécurisée et plus sur un mail classique non sécurisé, voire par texto », ajoute Rachid Dris.

Par contre, la fin de la conversation est choisi par le professionnel de santé. « Ce carnet de santé numérique a fait l’objet d’une grande concertation avec les professionnels. Ils ne souhaitent pas une messagerie permanente. Cette messagerie n’est possible qu’à l’initiative du praticien », indique Isabelle Grimonpont.

Harmonisation des applications de santé…

Pour être transparent, le champ possible est devenu faisable grâce à un changement de pied technique, et décisif, du Gouvernement. En effet, depuis plus d’une décade, les concepteurs de logiciel travaillaient chacun dans leur zones avec des produits très différents dans la technologie développée. En clair, l’Etat a sifflé la fin de la récréation avec un cahier des charges OBLIGATOIRE à respecter par les concepteur de logiciel. De fait, les applications métiers existantes ont dû collecter toutes les données chez les médecins de proximité, etc., puis se rendre compatible à la connexion avec l’interface administrative « Mon Espace Santé ». Facile à écrire, mais aussi spectaculaire que le vote des députés européens pour la fabrication d’un câble unique pour les smartphones, énorme pour les constructeurs.

Sans cette révolution technique, on ne parlerait tout simplement pas de « Mon Espace Santé ». Ce système est également hébergé, et donc vos données personnelles, en France. Ce n’est pas anodin compte tenu que l’Europe est encore un nain de jardin par rapport aux Etats-Unis ou La Chine ; là également les choses bougent vers une nouvelle souveraineté des grands serveurs en Europe à minima, le chemin sera très long.

« Nous allons accompagner les assurés en difficultés », Pauline Villette

Evidemment, la fracture numérique ne doit et ne peut être un frein à l’activation de votre Dossier médical en ligne. « Il y a un véritable enjeu d’activation de Mon Espace Santé », rappelle le DGA de la CPAM du Hainaut.

A ce titre, un service « santé numérique » dédié de l’ARS (Agence Régionale de Santé) a été lancé sur cette thématique réelle et sensible. « Nous allons accompagner les assurés en difficultés à travers des animations, des actions de sensibilisation, des présences sur des manifestations… sur les 7 territoires de la région. Sur le Valenciennois, nous sommes deux à intervenir », déclare Pauline Villette, du service Santé Numérique.

Bien sûr, il y a des personnes âgées où « un professionnel de l’inclusion numérique peut lancer le carnet de santé de l’assuré avec lui, mais également vis à vis des plus jeunes très à l’aise sur le numérique, réseaux sociaux, mais totalement en difficultés sur l’e-administration », déclare Pauline Villette, le binôme sur le Valenciennois du service Santé Numérique.

Allez sur https://www.monespacesante.fr

Pour arriver à destination, vous pouvez activer votre carnet de santé numérique en allant sur le site internet www.monespacesante.fr ; puis, vous utilisez votre numéro de sécurité sociale, le numéro de série de Carte Vitale (à droite de la photo, sortez la loupe), intégrez un code d’accès… Si vous avez un problème, vous pouvez contacter le « 34 22 (service gratuit + prix d’un appel local ouvert du lundi au vendredi de 8H30 à 17H30) pour toutes les questions relatives à l’accès à « Mon Espace Santé », conclut Isabelle Grimonpont.

A titre d’exemple, un assuré témoin de 62 ans était présent à cette présentation exhaustive. « J’avais activé « Mon Espace Santé » dès le printemps 2022. Ensuite, j’ai eu récemment un accident de vélo et j’ai constaté que mes documents de soins étaient présents sur mon carnet de santé numérique », commente Jean-Luc.

Daniel Carlier

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