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Fabien Roussel : « Nous avons besoin d’investir dans la formation, pas de fermer une école (ENTE) ! »

A la sortie d’une période estivale où le changement climatique éclate devant les yeux écarquillés du grand public, la fermeture de l’ENTE (Ecole Nationale des Techniciens de l’Equipement), au 01 septembre 2023, continue de faire débat. Dans ce cadre, après la venue de Sandrine Rousseau pendant la campagne présidentielle, Fabien Roussel, le député de la 20ème circonscription, est venu échanger avec l’intersyndical présent et l’administration représentée sur le site de Valenciennes, mais également en distanciel avec Aix-en-Provence.

L’intersyndical : « Nous sommes opposés à la fermeture de cette école »

Parlons de la situation à ce stade concernant l’ENTE (Ecole Nationale des Techniciens de l’Equipement), car nous évoquons un coup parti à l’initiative de l’ancienne Ministre de la transition écologique, Barbara Pompili. En effet, cette dernière a choisi de lancer le processus d’une fermeture au 01 septembre 2023 de l’ENTE sur Aix en Provence et Valenciennes, seule école en France formatrice des fonctionnaires de catégorie « B » sur tous les champs de l’aménagement durable.

Par suite, le bâti sur Aix en Provence sera fermé purement et simplement, certainement revendu à une autre structure tandis que le site de Valenciennes sera transféré à la CVRH (Centre de valorisation des ressources humaines d’Arras-Valenciennes). Ensuite, les fonctionnaires « sur Aix en Provence devront trouver un nouveau poste d’ici le 01 septembre 2023 », explique Geneviève Joly, Adjointe à la secrétaire générale représentant l’administration, et « les fonctionnaires sur le site de Valenciennes seront tous repris sans exception », ajoute-t-elle. Enfin, l’ENTE au titre d’une école sera fermée avec sa formation initiale associée, mais sur Valenciennes la CVRH d’Arras va reprendre le site pour y intégrer la formation continue même si « toutes les formations initiales sur Valenciennes seront reprises », selon Geneviève Joly. Eric Antal, pour la CFDT, reprend la Secrétaire générale adjointe en soulignant « que deux fonctionnaires sur le site de Valenciennes ne sont pas repris à ce stade ».

Dans les faits, un arrêté de restructuration « a été signé avec des dispositifs en place pour les fonctionnaires, mais pas celui de de fermeture », commente Guy Vedrenne, pour la FSU sur Aix-en-Provence. Concrètement, des « abandons de formation initiale sur deux ans sont déjà en place », poursuit Guy Vedrenne.

L’ensemble des formations syndicales était présent à cet échange avec le député Fabien Roussel. L’intersyndical rappelle avec force son point de vue : « Nous sommes opposés à la fermeture de cette école. L’ENTE permet aux fonctionnaires une formation longue, et pas 4 à 5 jours, pour parfaitement appréhender l’ensemble de leur carrière dans leurs différents postes. C’est une chance et nous y sommes très attachés », rappelle avec force Peggy Lhomme pour l’intersyndical.

Enfin, outre les fonctionnaires stagiaires en formation à l’ENTE, des étudiants post-Bac pouvaient bénéficier de cet enseignement sur l’aménagement durable où, comme les fonctionnaires, « ils pourront travailler sur tous les documents d’urbanisme, les problèmes de la gestion de l’eau en zone urbaine, etc. », indique Marc Focret présent dans la délégation de Fabien Roussel. Ces jeunes pourront toujours bénéficier de cette pédagogie sur le site de Vaulx-en-Velin.

« On fait la peau au service opérationnel », Fabien Roussel

Tout le monde connaît la complexité administrative dans l’aménagement d’un territoire, les multiples règlements, les normes pléthoriques, les tutelles… ce labyrinthe administratif a besoin d’un guide, on appelle cela l’ingénierie. « En fait, on fait la peau au service opérationnel. Il n’y a pas plus d’ingénierie dans les collectivités locales. Il y a une véritable érosion des fonctionnaires de terrain. Je suis choqué que l’on ferme une école dédiée à la formation initiale sur la transition écologique après l’été que nous venons de passer. Plus que jamais, nous avons besoin d’investir dans la formation, mais pas de fermer une école (ENTE) ! », explique le député Fabien Roussel.

Le député de la 20ème circonscription Fabien Roussel

Après plusieurs interventions par courrier en février et en mai 2021 auprès de l’ancienne ministre, Fabien Roussel s’engage à interpeller le nouveau ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, le plus proche homme politique d’Edouard Philippe…, maire du Havre en compétition avec le Valenciennois sur le projet du Canal Seine Nord Europe.

Deux sites, deux avenirs, un résultat… !

Chaque syndicat représenté s’est exprimé sur l’ENTE, un double site vieux de 50 ans « mais cet anniversaire n’est pas dans l’allégresse. Nous sommes tous très inquiets », ajoute Guy Vedrenne. En effet, rendons à César…, car la création de l’ENTE était « innovante à l’époque. Elle s’est réalisée sous la tutelle du Ministère de l’Equipement (et supervisé par Michel Lalande-ex Préfet de région). Depuis 20 ans, on supprime l’ingénierie publique », ajoute Marc Focret.

D’ailleurs, l’apprenant à l’ENTE sortait avec un titre « Chargé de projet aménagement durable de territoire ». « Ce titre va disparaître avec la fermeture de l’ENTE », mentionne Guillaume Cantineau, pour le syndicat UNSA. C’est sans doute la phrase la plus choquante durant cette réunion de 45 minutes, car elle sous-entend que la transition écologique peut se faire sans compétences publiques associées sur les territoires, donc un appel illimité aux Cabinets de conseil extérieurs… !

« Même si nous avions les financements pour changer toutes nos infrastructures, nous n’avons plus les compétences. La formation initiale est fondamentale. Le Gouvernement peint en vert sa politique, mais ici, on ferme une rare école en capacité de former les fonctionnaires au développement durable », tance Fabien Roussel.

Si l’avenir de ces deux sites est différent, une fermeture sèche sur Aix-en-Provence et une reprise par la formation continue à Valenciennes, le résultat est identique pour la maîtrise par les agents publics de la compétence transition écologique. « C’est très compliqué à avaler », déclare Luc Talassinos pour la CGT faisant part de sa vive inquiétude comme ses collègues syndicalistes.

L’aménagement durable essentiel ou pas ?

Les organisations syndicales en distanciel sur Aix-en-Provence

On l’a compris, les sites sont jugés surdimensionnés pour le nombre de fonctionnaires stagiaires accueillis. « Pour la rentrée 2022/2023, nous accueillons 125 apprenants à Valenciennes et 125 sur Aix-en-Provence. Avant la Covid, nous pouvions monter à 200 sur chaque site par session », précise Geneviève Joly. Logique puisque l’Etat recrute moins de fonctionnaires, donc une baisse des besoins en formations. Le point final est de savoir si les techniciens de l’environnement sont aussi essentiels que les fonctionnaires de Police, ceux dans l’Hôpital public, voire dans la Justice, sauf si un incident comme le pont de Gènes en Italie nous laisse de marbre… !

Le plus piquant dans ce dossier est que nous ne sommes pas dans une administration dépassée, sans mission, comme dans certains corps de l’Etat depuis l’e-administration. Non, nous sommes au coeur du sujet, la technicité à la transition écologique en milieu urbain notamment. Oui, une formation d’une semaine ici et là coûte moins cher à l’Etat, mais si nous ajoutons les cabinets privés pour apporter une expertise, il faut relativiser. Enfin, par quelle fatalité la formation initiale pourrait-elle devenir rentable, jamais ! C’est le prix à payer pour un meilleur aménagement durable piloté par le public sans compter sur une kyrielle d’experts extérieurs.

En clair, le Ministère remet en cause l’apprentissage sur le temps long, sur une ou deux années, de toutes les facettes liées à la transition écologique. L’avenir pourrait être tout autre « nous pouvons élargir le périmètre de la formation initiale aux autres catégories de fonctionnaires », conclut Marc Focret. Il est donc tout à fait possible de (re)remplir l’ENTE sur ses deux sites, l’un au sud, l’un au nord.

La conclusion de ce rendez-vous se traduit par deux questions du député, car évidemment l’écologie est vivante qu’elle soit urbaine ou rurale, il faut s’adapter aux besoins finaux. « Quels sont les besoins de notre société ? Quels sont les besoins des collectivités locales et territoriales ? », conclut Fabien Roussel.

Notre maison brûle… et le Ministère de la transition écologique regarde-t-il ailleurs ?

Daniel Carlier

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