Le retour du Tour Saint-Cordon à Valenciennes
Six ans que les Valenciennois n’avaient plus connu de Tour du Saint-Cordon dans sa version longue. Le dimanche 11 septembre, le petit tour en ville du matin et grand tour sont de retour, tant de contraintes, sanitaires, mais aussi menaces terroristes. Les Valenciennois ont donc pu, cette année, marcher derrière la statue Notre-Dame du Saint-Cordon.
Ce 11 septembre 2022, pour la 1014ème fois, Valenciennes se souvient encore de cette nuit du 7 au 8 septembre 1008 qui vit sa délivrance miraculeuse de la peste. La vierge Marie entoura la ville de Valenciennes d’un précieux cordon et la sauva d’une terrible épidémie de peste. Suite à ce miracle, une garde d’honneur, une confrérie, fut constituée dans le but de garder le sanctuaire et perpétuer le souvenir de ce miracle. Depuis 1804, la relique ayant disparu pendant la Révolution, elle a été remplacée par la statue actuelle. Une centaine de pèlerins de Valenciennes et d’ailleurs ont marché aujourd’hui, autour de la cité en reconnaissance de cette libération Cette procession est l’une des plus anciennes et des plus longues d’Europe.
Depuis 7 ans, le Tour du Saint Cordon, malgré les contraintes sanitaires, les menaces terroristes… a été célébré, « grâce à la ténacité de la confrérie, l’engagement des officiers et personnels de police nationale et municipale, la solidarité active du maire de Valenciennes Laurent Degallaix et l’appui sans faille de la députée Béatrice Descamps », nous dit Père Jean-Marie LAUNAY. Mais cette année, c’est un tour « normal » que les valenciennois ont pu vivre, 17 km de parcours, la vierge portée, et non plus sur un camion.
La confrérie des Royés a élu un nouveau président, Denys BUDNIOK qui succède à Michel Ployart. La messe à de nouveau eu lieu en plein air et retrouvé son lieu habituel derrière le Musée du Beaux-Arts.
Le grand tour a emmené derrière la vierge environs 200 pèlerins, qui pour beaucoup, le vivent comme un événement populaire, « une tradition perpétuée depuis l’enfance, un moment en famille, sans être forcément pratiquant le reste de l’année », nous confie Jean-Michel, qui suit aujourd’hui la vierge avec sa sœur et ses filles, en trottinettes. Le pique-nique dans le sac à dos, qui sera pris lors d’un arrêt, il s’agit d’un moment sacré, qui fait partie de la mémoire collective.
Voici le témoignage de Solange, une Valenciennoise, qui a toujours connu cet événement : « Je connais ce tour depuis mon enfance puisque j’étais élève à Valenciennes de mes 7 ans à mes 18 ans d’abord à Sainte Marie puis au lycée Jeanne d’Arc (lycée de jeunes filles actuellement disparu absorbé par le lycée Notre Dame après les « événements de 1968 »). Après mes études universitaires à Lille, je suis revenue à Valenciennes en 1971 comme professeur de sciences physiques pendant 8 ans avant de partir à Maubeuge. Donc le tour je le connais depuis toujours et j’ai même fait le grand tour 2 fois … Depuis mon retour à Valenciennes en 2016, je me « contente » tous les ans (sauf pandémie) du petit tour. Et quand c’est possible je participe à la neuvaine à Saint Géry qui se déroule du vendredi, 2 jours avant le tour, jusqu’au dimanche qui suit le tour. Pour moi c’est un événement incontournable dans le valenciennois, événement sûrement religieux mais avant tout populaire dans le sens où, depuis ce miracle dans la vie difficile du peuple du Moyen âge, ce même « peuple », animé de la « Foi du charbonnier » qui espère contre toute espérance, vient confier à la Vierge Marie toutes ses demandes (pour eux-mêmes, leur famille, leur ville, leur pays ….) pour qu’elle intercède auprès de Dieu par l’intermédiaire de son Fils Jésus le Christ. C’est une Foi simple et c’est très beau. Processionner ensemble, chanter ensemble, cela donne de la chaleur dans un monde qui semble de plus en plus inhumain pour les plus faibles et sans but hors la « consommation », la « possession ». Je regrette que la ville de Valenciennes ne soit plus pavoisée sur le trajet du grand tour comme cela a eu lieu pendant si longtemps ; il n’y a plus guère que les environs de l’église Saint Géry !!. »
Plus que religieux, c’est un événement qui fait partie de l’histoire de Valenciennes.
D’ailleurs, un dossier de candidature du Saint-Cordon de Valenciennes pour un classement au patrimoine culturel immatériel national a été déposé au ministère de la Culture le 17 mai dernier. « Constitué par une vingtaine d’auteurs sollicités, le dossier a été bien accueilli par la direction générale des patrimoines et de l’architecture lors de la rencontre du comité du patrimoine ethnologique et immatériel du 8 juin. Le dossier finalisé par tel ou tel des auteurs sera à nouveau présenté au comité en février 2023, dans l’espoir de l’inscription du Tour du Saint-Cordon à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel », nous a confié Père Jean-Marie LAUNAY, doyen de Valenciennes, curé de la paroisse Notre-Dame du Saint Cordon et recteur du sanctuaire Notre-Dame du Saint-Cordon.
Jane Huvelle