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(19ème) Anne-Lise Dufour, une mise au point politique sans concessions !

Le soutien affiché, au sens strict du terme, de la maire de Denain au binôme de la majorité présidentielle (Emmanuel Cherrier, Amélie Carpentier) a (un peu) animé cette campagne législative aux antipodes de celle en 2017. Face aux critiques fournies, Anne-Lise Dufour a choisi de s’expliquer sur ses choix, ses limites, ses valeurs politiques plutôt que de laisser la vox populi s’en occuper avec la retenue habituelle des réseaux sociaux.

Anne-Lise Dufour : « Jean-Luc Mélenchon 1er Ministre, c’est dangereux pour la France »

On pourrait se dire que faute d’un candidat de la sociale démocratie engagé dans cette élection législative sur la 19ème, car « il y a eu des réunions avec Laurent Depagne et Akim Derghal, mais rien n’a abouti véritablement » ; Anne-Lise Dufour aurait pu appuyer du bout des lèvres une candidature au second tour sans subir les foudres du commentariat. La chose eut été plus simple, mais que nenni, Anne-Lise Dufour a fait un choix à la mesure du défi post législative pour le Parti Socialiste. En effet, elle a voulu s’expliquer face à la presse locale sur ce soutien aux candidats Renaissance (ex LREM), une surprise, non, un coup de tonnerre politique pour tous les observateurs, un big-bang au regard de l’histoire récente de l’ancienne député de la 19ème circonscription. Néanmoins, les éléments posés sur la table sans les explications seraient infidèles au paysage de cette 19ème, voire dans de nombreuses circonscriptions, car le choix politique est complexe.

« Je suis une femme de gauche », Anne-Lise Dufour

Ses premiers mots étaient presque instinctivement pour rappeler ses fondamentaux, son lire et compter en politique, son mantra… : « Je suis une femme de gauche, ni de droite, ni d’extrême droite. Je reste une élue socialiste ». Pour autant, cet accord de la NUPES ne convient pas à l’ancienne députée, mais pas du tout, elle se demande comment Olivier Faure a pu signer en bas de cette page « pour sauver quelques circonscriptions. Le P.S en est là ! Faut-il rappeler les positions de Jean-Luc Mélenchon sur l’Europe, sur l’Otan, sur la dette souveraine, sur la laïcité… D’ailleurs, je m’oppose sans aucune ambiguïtés au maire de Grenoble, Eric Piolle, pour le sujet du Burkini. Cette loi de la République, sur la laïcité, est une chance pour la France. Jean-Luc Mélenchon 1er Ministre, c’est dangereux pour la France », assène Anne-Lise Dufour. Sur ce point, la NUPES apparaît franchement embarrassée sur le sujet de la laïcité et botte en touche sous le couvert d’une histoire locale en rapport avec l’hygiène… La vérité est que cette polémique balancée en pleine législative pourrait coûter, au second tour, des dizaines de circonscriptions à la NUPES qui n’avait pas besoin de ce sujet durant cet instant politique historique.

Sur son amie politique, Martine Aubry, avec un positionnement en faveur de la NUPES, car « nous n’avions pas d’autres choix », consterne l’édile de Denain « tout cela pour sauver une circonscription sur Lille… » !

Elle poursuit son propos sur les propositions de la NUPES « la retraite à 60 ans avec 40 annuités, mais tout le monde ne commence pas à 20 ans sa carrière. Oui, pour les carrières longues partant plus tôt, la prise en compte de la pénibilité. Pour autant, je n’adhère pas à la retraite à 65 ans. Il faut que le Président soit plus clair sur le sujet. Lorsqu’Emmanuel Macron est venu dès le 1er jour de la campagne de second tour, je lui ai dit que la baisse des APL en même temps que la fin de l’ISF, c’est ni de gauche, ni de gauche. Pour autant, jamais la ville de Denain n’a reçu autant de subventions depuis le quinquennat d’Emmanuel Macron, soit 45 millions d’euros. Toutes les classes concernées en école élémentaire sont dédoublées, le petit-déjeuner gratuit, le repas 1 euro, c’est aussi du pouvoir d’achat. Enfin, la zone des Pierres Blanches va (enfin) bénéficier d’une desserte pour l’accès à l’autoroute. On attend cela depuis des dizaines d’années, et c’est Emmanuel Macron, ministre, qui a débloqué le dossier ! ».

« On teste sur Denain, une proposition pilote », Anne-Lise Dufour

Toutefois, elle soutient « 100 fois la proposition sur le RSA, car il est insupportable de rencontrer des personnes sans perspectives. J’ai certains enfants sur Denain qui n’ont jamais connu leur père ou mère avec un travail. Le pire est le manque d’activité. Donc, oui à un retour à une activité, se lever, aller au travail, recommencer le lendemain et donc se coucher tôt, un retour à la normalité. Bien sûr, je serai très vigilante sur l’emploi proposé ».

Ensuite, elle enchaîne avec du concret à travers un nouveau CIE (Contrat Initiative Emploi) : « Le Président du Conseil départemental du Nord, Christian Poiret, a lancé un test sur Denain et le Denaisis, Douai et le Douaisis où un chef d’entreprise embauchant un bénéficiaire du RSA au SMIC va récupérer l’allocation (RSA) proprement dite durant 9 à 12 mois. Cette initiative vise véritablement à l’employabilité du bénéficiaire. L’Etat et le Département participent donc à cette initiative », indique Anne-Lise Dufour.

« Sébastien Chenu, un député populiste pour rien », Anne-Lise Dufour

Sur le député sortant, où comme Marine Le Pen, la campagne est à bas bruit. Elle avance son argument, central selon elle. « Il faut voter pour un député qui à l’oreille du gouvernement, mais pas 5 ans de plus pour Sébastien Chenu, un député populiste pour rien. Quel est son bilan ? », déclare-t-elle.

Elle justifie son choix de ne pas se présenter elle-même compte tenu « de la loi contre le cumul des mandats en application depuis 2017. Mon mandat est celui de maire, c’est ma ville, ma fierté. Je ne ferai pas comme Sébastien Chenu deux ans de procédure pour rester député, élu au Conseil municipal (et communautaire), et conseiller régional », précise-t-elle.

« Je suis étonnée que certains attendent mon soutien », Anne-Lise Dufour

Sur la NUPES et la candidature du duo Patrick Soloch/Isabelle Choain, elle ne comprend pas que « Patrick Soloch attendait mon soutien, alors que durant la campagne 2017, on m’a envoyé la Brigade Financière sur le choix du projet piscine avec l’appui de Sabine Hebbar. Franchement, humainement, avec Isabelle Choain comme titulaire, c’était plus simple même si sur le fond, cela reste le même », commente-t-elle. Sur cette procédure d’appel d’offres concernant la construction de la piscine, toutes les allégations ont été déboutées par la dite brigade financière, mais une amertume très palpable est restée indubitablement chez la première magistrate de la commune.

Ensuite, elle revient sur son alliance avec des militants du PCF pour construire sa majorité municipale, mais « ils soutenaient leur candidat en 2017, fort logiquement, mais ce n’était pas la NUPES », ajoute-t-elle. Visiblement, cet accord presque surprise à gauche rebat les cartes pour l’avenir du Parti Socialiste.

« Un député prêt à l’emploi », Anne-Lise Dufour

La maire de Denain ne veut pas faire de choix entre les « extrêmes de droite ou de gauche ». Elle s’inscrit dans un bloc républicain où « je suis plutôt sociale démocrate, Emmanuel Cherrier est social libéral, mais nous avons tous les deux une fibre sociale », commente-t-elle. Elle rappelle sa méthode de travail où nous avons fait du en même temps avant Macron. « J’ai contacté Emmanuel Cherrier afin de venir travailler avec nous, car il souhait se retirer de la vie politique compte tenu qu’il votait 95% des délibérations du Conseil municipal tout en étant dans l’opposition », précise-t-elle. Aujourd’hui, adjoint au Conseil municipal de la ville-centre du Denaisis depuis 2014, il n’est plus au parti Les Républicains depuis « le choix de François Fillon par LR » pour l’élection présidentielle 2017.

Sur le profil du binôme, elle est intarissable : « J’ai mis un peu de temps à comprendre les mécanismes de l’Assemblée nationale. Lui, c’est son métier, maître de conférence en science politique, c’est un député prêt à l’emploi. C’est un Denaisien, il aime cette ville. Ensuite, Amélie Carpentier est une femme médecin originaire de l’Ostrevant. Emmanuel Cherrier et Amélie Carpentier cochent toutes les cases ».

Par contre, elle concède que les candidats ont un déficit de notoriété. C’est pourquoi, elle s’engage à fond pour ce duo. « Ce n’est pas non plus un blanc-seing à Emmanuel Macron. J’assume totalement ma présence sur une affiche de campagne de la majorité présidentielle », ajoute-t-elle.

« Pas candidate pour un poste de Ministre », Anne-Lise Dufour

Enfin, pour balayer une rumeur de couloir où Anne-Lise Dufour pourrait entrer au gouvernement Ministre du logement, elle est radicale : « Je ne suis candidate à aucune fonction de Ministre, car lorsque vous êtes Ministre, vous devez épouser le tout. Là, ce n’est pas possible ! ».

Par contre, l’idée d’un laboratoire sur le RSA dans le Denaisis lui rend le sourire tant le chômage est un mal devenu endémique sur sa commune, un mal où il faut tout tenter pour y remédier.

Voilà une clarification bienvenue même si nombre de lecteurs seront toujours dans l’incompréhension d’un soutien d’Anne-Lise Dufour à la majorité présidentielle. Néanmoins, cette prise de parole volontaire constitue, certes une prise de risque… politique, mais « totalement assumée », ça c’est fait !

Daniel Carlier

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