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Les turbulentes 2022 : se retrouver, enfin !

Pour beaucoup dans le Valenciennois et plus loin encore, le week-end du 1er mai, c’était un passage ou un week-end c aux turbulentes de vieux-Condé. Dans tous les cas, une date perpétuellement noté dans l’agenda, sans avoir à s’en souvenir. Et ces deux années d’absence ont révélé que ce rendez-vous était indispensable à la vie culturelle. Il est en quelque sorte, le passage d’une saison à une autre. Le soleil est souvent présent, les soirées sont fraîches mais le public, serré, se réchauffe sur les parterres bondés où il faut arriver tôt pour avoir une place de choix (visuel de Lucy’s).

(Visuel de Corasson)

Retour des moments partagés aux Turbulentes 2022

Le premier spectacle qu’il fallait absolument ne pas manquer, c’est celui du regard des spectateurs, avide de vibrer, et surtout à l’unisson.

Certains privilégiés ont eu l’opportunité de vivre avec la compagnie On/off, une série de soins thérapeutiques pour améliorer l’état de l’eau de leur corps, avec WATERS.

Une équipe de Lucy’s, à l’accent british ont emmené le public dans un voyage intérieur, de la tête, aux pieds. Ils se sont retrouvé dans un espace de sérénité, au milieu du tumulte du festival et finalement, c’est ça, les turbulentes : s’extraire de son quotidien pour entrer dans l’univers des artistes. Chaque spectacle distille sa magie, son univers, parfois sur des sujets tragiques, parfois plus légers mais toujours engagés.

Visuel spectacle PULSE

Avec PULSE, de la compagnie KIAÏ, le cœur du public, installé tout autour d’une structure presque organique, s’est mis à battre au rythme des mouvements des danseurs, pendant quelques minutes, en suspens. La scénographie épurée, la musique au diapason des corps, à l’unisson, pour un moment de grâce où le sol ne s’est pas dérobée sous nos pieds, mais s’est évaporé pour nous laisser flotter.

Sur le sol meuble de la vie, toujours rebondir. L’engagement physique des 6 danseurs qui n’en deviennent plus qu’un ont fait littéralement perdre leurs repères aux spectateurs.

Avec CORASON, de la compagnie LES RUSTINES DE L’ANGE, c’est autour des dissonances gracieuses de l’accordéons que les acteurs, chanteurs, musiciens… ont envouté le public pour ne plus faire qu’un avec eux. Belle métaphore, à la fin du spectacle, de découvrir un accordéon presque infini joué à multiples mains. 

Visuel spectacle Seul.e.s

Aves SEUL.E.S, c’est un coup de poing que l’on prend et c’est sûrement pour cela que la compagnie PLATEFORME a choisi une déambulation, pour laisser le choix au spectateur de suivre ou non. De bâtiments en bâtiments, nous sommes pris dans les récits de combats quotidiens, accompagnés par une danse macabre de poussettes dépouillées de leur tissu, fantômes d’enfants. « On s’en fou puisqu’on s’en sort », clame un acteur qui dénonce la galère du quotidien, des petits riens qui sont d’énormes charges pour certains. C’est le cri silencieux de ceux qui composent avec de moins en moins. C’est aussi le cri déchirant de certaines mères, seules, qui sont parties, se sont enfuies, parce que ce n’est plus possible. « Je croyais pas à la vie qui bascule, comme ça », pourtant, aucun regret, les témoignages montrent l’errance, la solitude, puis l’espoir qui renait.  Ce qui est le plus fort dans cette promenade dansante, c’est l’osmose entre les acteurs amateurs qui ont participé au spectacle, et les acteurs de la compagnie. Un appel à participation avait été lancé et le résultat était déchirant de poésie.   

Ils étaient seuls, mais ensemble. L’émotion était de plus en plus palpable, puis accentuée par l’installation de hauts parleurs diffusant des témoignages qui ont inspiré ce spectacle. Virginie Foucault, la directrice du boulon était à la fin du spectacle, visiblement touchée par cette mise en scène pleine d’amour.

Après cette période de solitude, de mise à distance, de peur de l’autre, artistes et spectateurs sont revenus investir avec fracas et folie, les rues de Vieux-Condé. Les sujets sont forts, l’équilibre est fragile, mais la convivialité est restée la même. Les turbulentes sont plus qu’un événement culturel, c’est un remède, un regard et une ouverture sur le monde, un moment de vie. Merci de nous avoir fait rêver, et s’élever encore.

Les Turbulentes en images…

Jane Huvelle

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