Des visages de l’Ukraine dans le coeur des Saint-Saulviens !
Au sein d’un département du Nord qui a connu l’exode durant la seconde Guerre Mondiale, la notion de population déplacée (vers la Bretagne pour le Valenciennois) résonne un peu plus qu’ailleurs. Sur Saint-Saulve, la solidarité n’est pas qu’un mot tiré d’un dictionnaire poussiéreux, elle est active et réactive avec des familles d’accueil et une municipalité aux petits soins pour ses invités si particuliers. Rencontre avec des réfugiés installés sur Saint-Saulve, un moment d’émotion où les mots de gratitude et de solidarité font écho aux missiles de la honte.
Yves Dusart : « Nous nous mettons au niveau de l’implication des familles d’accueil »
Dans le cadre de l’accueil des Ukrainiens et Ukrainiennes sur sa commune, un appel avait été lancé par la commune pour détecter les familles d’accueil sur Saint-Saulve. « 20 familles ont répondu à notre appel, nous avons été soufflés par ce volontarisme. C’est pourquoi, nous avons pris des mesures à travers des délibérations permettant la gratuité des services publics de la ville, cantine, activités péri-scolaires, piscines, etc.., pour les Ukrainiennes et les Ukrainiens, mais également pour les accueillants. Nous nous mettons au niveau de l’implication des familles d’accueil, nous avons la volonté de bien faire ! », commente Yves Dusart, le maire de la commune.
Concrètement, les petites mains sont en action avec le CCAS en soutien au quotidien, mais également « l’aide technique, car il est nécessaire pour remplir le dossier administratif lourd pour les réfugiés en France (et en Europe). Comment fait-on pour aller voir le médecin avant d’obtenir les papiers officiels ? », ajoute le maire. En effet, dans un temps record presque inédit, l’Europe permet aux réfugiés de l’Ukraine de bénéficier d’un statut permettant une protection temporaire en France https://www.interieur.gouv.fr/actualites/dossiers/situation-en-ukraine/information-a-destination-des-personnes-deplacees-dukraine. Toutefois, les besoins sont plus rapides que le temps administratif d’où un soutien universel administratif indispensable pour les réfugiés.
A ce stade, 3 familles d’accueil sont mobilisées pour 8 Ukrainiennes et Ukrainiens, voire deux autres arrivés sur Saint-Saulve et sur Valenciennes en ce moment. « Nous évoluons aussi sur notre accueil avec un temps dans une famille, puis vers un logement autonome. Dans cette optique, nous avons libéré et aménagé un ancien logement de gardien. On s’adapte ! », explique François Ducatillon, adjoint et référent sur ce dossier pour la ville de Saint-Saulve.
Elément facilitateur, une jeune étudiante Ukrainienne était déjà sur Saint-Saulve avant l’invasion de l’Ukraine, elle a été embauchée comme vacataire par la commune afin de traduire les temps d’échanges multiples entre les réfugiés et les familles, les élus… !
« Ces cours de français sont un moment de partage », Irina
Parmi ces visages de l’Ukraine, Irina en provenance de Kiev avoue « qu’elle est très contente de l’accueil de la ville de Saint-Saulve, il est parfait. L’ouverture de la cantine aide beaucoup les familles d’accueil sur le plan financier. Ensuite, ces cours de français sont un moment de partage », explique Irina.
En effet, tout comme des titres de transport offerts par la commune, la commune a mis les moyens financiers et techniques au bénéfice de deux volontaires de l’Alliance Française afin d’assurer des cours de Français aux réfugiés sur Saint-Saulve. « Nous sommes habitués à enseigner le Français à des étrangers. Ces cours sont importants pour eux », commente Raymond, l’enseignant avec Catherine et Bénédicte à la manœuvre de la langue de Molière enseignée. D’autres réfugiés devraient arriver sur la commune tant la fin de cette guerre est impalpable !
« Revenir en Ukraine », Nathalie
Une mère ukrainienne, Irina, exprime son immense gratitude « pour la ville de Saint-Saulve, mais également à tous les habitants au point que j’ai envie de dire bonjour à tout le monde. C’est pourquoi, j’ai envie de me rendre utile ». Pour autant, cette satisfaction n’altère pas « un stress inexplicable où nous avons quitté notre maison, voyagé pendant 2 semaines sans savoir où nous allions ! Ensuite, nous sommes arrivés en Pologne où nous avons constaté l’effort de solidarité, puis sur Saint-Saulve », déclare Nathalie.
Nathalie est en France aves ses deux filles. « Nous avons appris (hier) qu’un missile avait frappé à 200 mètres de notre habitation. Nous habitions dans une commune proche de Butcha (avec les exactions que nous connaissons proche de Kiev). C’est vrai que nous sommes moins affectés en étant sur Saint-Saulve. C’est une période de reconstruction pour un nouveau projet », indique Olga.
Pour Maria, cette parenthèse cruelle est également un temps où l’air que l’on respire est apprécié « Sur Saint-Saulve, cela nous change les idées, il y a moins de stress, la vie continue ici ». Puis, elle ajoute l’évidence « la maison nous manque énormément ».
En effet, Nathalie ne laisse pas un souffle d’hésitation sur ses intentions de revenir en Ukraine. « L’Ukraine est enracinée en nous. D’ailleurs, certains ne voulaient pas partir de chez eux. C’est notre nation », mais elle souhaite revenir sur ses terres uniquement « quand la sécurité de mes enfants sera assurée », conclut-elle.
Voilà, petit temps de partage, moment d’émotion indéniable, car ne nous y trompons pas, rien n’est anodin sur le temps long pour nous Français à la lumière des événements sur le sol de l’Ukraine. Notre comportement collectif, de l’Etat de proximité aux communes, des familles d’accueil au Chef de l’Etat, influence une ligne claire et indispensable de la France. Une fois n’est pas coutume, une lecture assez manichéenne de la situation est évidente même si une candidate à l’élection présidentielle louvoie sur ce sujet, elle est d’ailleurs invitée par les députés russes pour la reconnaissance de l’annexion de la Crimée…, trop sympa !
хай живе україна (vive l’ukraine)
Daniel Carlier