(LREM) Un bilan du quinquennat sur l’Education avant des propositions jeudi prochain
Au sein de la salle Pierre Richard à Valenciennes, le comité de soutien à la réélection d’Emmanuel Macron du Valenciennois-Cambrésis avait organisé une réunion sur le thème de l’Education, l’épanouissement de l’enfant. Ce fut l’occasion de jeter un oeil dans le rétroviseur d’un quinquennat mouvementé sur cette thématique centrale pour toutes les familles (visuel Delphine Alexandre).
IIana Cicurel : « Tout le monde est infantilisé dans le système actuel »
On oublie presque qu’il existe un bilan à commenter dans ce quinquennat tant les crises, Gilets Jaunes, sanitaire, et aujourd’hui l’Ukraine asphyxient notre capacité à réfléchir sereinement au temps passé. En l’occurrence, la thématique de l’Education nationale, comme celle de l’enseignement supérieur, a été anesthésiée dans notre inconscient collectif par une série de protocole sanitaire mal vécue par le corps pédagogique et le maintien de l’école ouverte contre vents et marées.
Sous un format moderne, présentiel et distanciel, une cinquantaine de personnes ont assisté à des interventions très diverses, mais chronologiques du fétus à l’enseignement supérieur. Présentée par Delphine Alexandre, membre très active du comité de soutien du Président sortant, cette série d’interventions s’est voulue pédagogique.
« 200 mots à 3 ans avec une niche sensorielle pauvre », Boris Cyrulnik
L’intervenant est une sommité dans son domaine. En effet, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik accompagne la commission des 1 000 premiers jours de l’enfant depuis le début du quinquennat. Sous forme d’un cours magistral, il décrit les différentes niches sensorielles dont l’impact est énorme sur l’évolution de l’enfant. Emotions, stress, cris, coups, entourage, affectif, situation monoparentale, tout contribue aux premières digestions sensorielles de l’enfant dès l’état de fétus, car dans le ventre de l’enfant le sensoriel n’est pas légende.
Au moment de l’addition au terme des 3 ans, le constat est accablant « un enfant avec un environnement sensoriel pauvre arrive à l’école avec un stock de 200 mots, un autre enfant avec une niche sensorielle plus sécurisée maîtrise environ 1 000 mots », commente Boris Cyrulnik. Oui, ce retard accumulé en 3 ans et 9 mois ne se rattrape pas ou plus que difficilement, un rapport à l’école humiliant, un trouble pédagogique, un avenir déjà en pointillé… !
« La pédagogie avec 12 élèves est différente », IIana Cicurel
Pour l’Euro-député LREM, le temps est venu de mettre en lumière le bilan de l’Education nationale sur ce quinquennat. « En premier, nous avons lancé le Congé paternité, il sera allongé par la suite (si le Président sortant est réélu) », indique-t-elle comme un écho aux propos du neuropsychiatre insistant sur l’attachement indispensable à plusieurs personnes à l’enfant.
Ensuite, plus connu, l’obligation de la scolarisation dès l’âge de 3 ans. « Certes, cela n’a concerné que 26 500 enfants, qui n’étaient pas déjà scolarisés, mais ils étaient souvent issus d’un milieu défavorisé », ajoute l’Euro-député.
Beaucoup plus massif, le dédoublement des classes dès la rentrée 2017 pour les classes de CP et CE1 dans les territoires classés en REP et REP + fut très apprécié par les collectivités locales même si le coût d’aménagement des classes ne fut pas toujours compensé. « Toutes les classes CP et CE1 sont concernés par le dédoublement des classes. Aujourd’hui, 50% des Grande sections sont également dédoublés, et toutes les Grandes sections en septembre 2022. De plus, nous avons lancé des formations pour les enseignants, car la pédagogie avec 12 élèves est différente », précise IIana Cicurel.
Elle revient sur le très mauvais classement de la France sur le baromètre PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves), la référence mondiale. « Oui, nous sommes mal classés, mais ces aménagements seront visibles dans les prochains PISA. D’ailleurs, l’écart des acquis fondamentaux entre les 12 élèves est quasi nul, c’est important pour l’acquisition du Lire, Ecrire, Compter en fin de CM2. Il faut se recentrer sur l’acquisition des savoirs fondamentaux », ajoute-t-elle.
Enfin, elle effleure les prochaines propositions du candidat Emmanuel Macron : « Tout le monde est infantilisé dans ce système existant. Il faut plus d’autonomie pour les responsables d’établissements tout comme pour l’équipe pédagogique ».
« Des savoirs fondamentaux consolidés », Jean-Michel Blanquer
Après son passage dans une école élémentaire à Valenciennes, Le Ministre de l’Education nationale était en distanciel avec l’assistance. Il insiste sur le rebond du Français et des Mathématiques et défend mordicus « l’école ouverte (hors confinement 1) où nous constaterons des élèves en progrès en comparaison avec les pays où les écoles restèrent fermées. Ensuite, il faut trouver un chemin de progrès vers des savoirs fondamentaux consolidés », explique Jean-Michel Blanquer.
Le décloisonnement du harcèlement scolaire
Rémy Kasprzyk, Président du comité de soutien, introduit cette thématique du harcèlement « dont je fus victime au collège. Je rappelle que le suicide est la 2ème cause de mortalité chez les adolescents. Durant cette pandémie, un jeune sur dix a eu l’idée de se suicider ».
En effet, cette thématique est historiquement cruelle, car la cour d’école est un concentré social sans concessions où la différence est stigmatisée. « Une loi du 13 août 2013 a introduit dans le Code de l’éducation la lutte contre le harcèlement scolaire », explique Bernard Butin, Président du Greta du Hainaut et Proviseur d’un lycée du Cambrésis.
Ensuite, le harcèlement est devenu virtuel à travers les réseaux sociaux. « Le cyberharcèlement est une priorité, il faut renforcer son cadre juridique », ajoute-t-il. Effectivement, le net a décloisonné le harcèlement scolaire, un fléau hors les murs scolaires dont l’impact demeure sous-estimé dans les établissements scolaires.
« Les alliances européennes universitaires », Abdel Hakim Artiba
Pour défendre le bilan de l’enseignement supérieur, le Président de l’UPHF rappelle la loi d’orientation et réussir des étudiants, mais également Parcours Sup, certes critiqué, « mais qui fonctionne bien, c’est un progrès significatif ».
Enfin, il veut illustrer ce changement de paradigme, le discours de la Sorbonne d’Emmanuel Macron, et une « ordonnance de décembre 2018. Elle a permis les alliances universitaires européennes avec le même crédit, la même évaluation, la même accréditation. Pour nous, le réseau d’alliances se traduit avec 7 universités européennes avec le même programme en commun. Nos étudiants peuvent suivre les cours des 7 autres universités en distanciel. Nous ramenons de fait l’Europe dans l’université », commente Abdel Hakim Artiba.
Derrière tout cela, vous avez l’employabilité de l’étudiant, car in fine nous parlons bien de cela ! « C’est un pas de géant en peu de temps », conclut le Président de l’UPHF.
Daniel Carlier