L’AVAD, un appel à l’aide des salariés des services à la personne
La structure la plus importante du Valenciennois dans le secteur de l’aide à domicile, avec près de 400 salariés, prend feu avec des salariés de terrain à bout de nerfs. Sous le régime associatif, l’AVAD, dont le siège social est situé rue de Mons à Valenciennes, a vu ce vendredi 11 février plus d’une vingtaine de salariés sous les fenêtres de la direction, un appel clair à faire bouger les lignes.
Yasmina Boulahfa, déléguée CGT : « Nous demandons 3 mesures d’urgence »
Chose atypique où souvent les salariés sont opposés à la Gouvernance, vous retrouvez aux cotés des salariés le Président de l’association AVAD (Association Valenciennoise d’Aide à Domicile), Jean-Marie Copin, élu à cette fonction depuis le 01 octobre 2021. Son vécu, notamment à l’association Relais Malakoff, est reconnu dans le milieu associatif. Situation pas banale, car il prend en plus la défense de ce mouvement social… !
En effet, la gouvernance a changé avec perte et fracas en septembre dernier avec une nouvelle présidence et une nouvelle Direction générale. Dans l’urgence du vide, la responsable RH de l’époque, Donatella Carduana est nommée Directrice générale par intérim.
Des disparités salariales flagrantes
« Nous avons tourné la page de l’ancienne gouvernance, constaté un management trop vertical avec trop de disparités salariales », commente Jean-Marie Copin. En effet, des primes substantielles ont été accordées au administratifs, une quarantaine environ, mais trop peu aux aides à domicile, près de 360 sur le terrain. « Il y a des disparités entre 2 et 30% entre les salariés, le climat est très difficile. Avec la hausse du pouvoir d’achat, on n’en peut plus ! », explique Yasmina Boulafa.
En face, la Directrice générale, titularisée à son poste le 28 janvier dernier, indique, selon le syndicat : «Elle voit, elle comprend, elle entend », mais rien ne bouge !
Le Conseil d’Administration décide, la Direction exécute… ou démissionne
Le plus surprenant dans ce récit où des disparités salariales sont à l’origine d’une grogne sociale palpable, notamment à travers un article 43 d’un avenant relatif à la nouvelle grille de la convention collective des métiers de l’aide à domicile en vigueur depuis le dernier trimestre 2021, est que le pouvoir décisionnaire serait favorable à une meilleure équité salariale.
« La lecture de l’avenant 43 est sujet à plusieurs interprétations possibles, elle est peu claire. Brigitte Bourguignon (Secrétaire d’Etat) ferait bien de regarder de près ce dernier. Certains métiers, ou activités spécifiques, ne sont pas assez valorisés », explique Jean-Marie Copin.
Sur la même ligne, les salariés avec comme porte parole la déléguée CGT, Yasmina Boulahfa, veulent une amélioration rapide de la rémunération directe, mais pas seulement. « Nous demandons 3 mesures d’urgence : La hausse des indemnités kilométriques (cible métier pas concernée par celle proposée par Jean Castex) avec une rétroactivité au 01 janvier 2022. Ensuite, que ces indemnités kilométriques soient prises en compte dès le 1er kilomètre. Enfin, une révision du régime des pauses et la prise en charge des frais de nettoyage des blouses professionnelles », commente Yasmina Boulahfa.
De son coté, le Président confirme ces demandes avec une étude prochaine « dès notre prochain Bureau du 25 février »… !
Alors, au bout du bout, qu’est ce qui cloche ? La loi de 1901 est très précise, le Conseil d’administration vote toutes les décisions relatives aux primes, hausse et grille de salaires, etc.. C’est une obligation légale, la Direction générale n’a pas la latitude légale pour décider seule de ces décisions structurelles. Le plus souvent, elle propose, le Bureau, puis le Conseil d’administration dispose, et en cas de désaccord débarque la Direction ! Autre cas de figure, le Conseil d’Administration met en minorité, sur un sujet central, le Président avec à la clé une nouvelle Présidence comme ce fut le cas en 2021… !
En clair, dans quelques semaines, tous les salariés de l’AVAD seront fixés si leurs demandes sont prises en compte, car si tel n’est pas le cas, ils pourraient conclure que la Gouvernance joue un double jeu très malsain. Déjà ce délai est assez surprenant pour ceux qui connaissent les rouages d’une association de cet acabit. Bref, accordons le bénéfice de la bonne volonté collégiale !
Candidat à la reprise des services d’aide à domicile de la ville de Valenciennes
De plus, cette grogne sociale tombe assez mal pour une association en lice pour la reprise d’un service municipal, le fameux SAD annoncé à la fermeture par le maire de Valenciennes courant 2022. « Nous avons candidaté et passé déjà quelques étapes. En effet, cette reprise ce service municipal serait une source de développement forte pour l’AVAD ».
Clairement, le Conseil d’administration a tout intérêt à éteindre ce mouvement social avec des demandes cohérentes et toutes sauf démesurées, notamment face à la problématique du pouvoir d’achat. Wait and see… rapidement !
Daniel Carlier