L’AJAR et Prim’Toit vers un mariage en 2022
Cette information est une révolution dans le monde associatif du Valenciennois tant ces deux structures sont omniprésentes dans le paysage de l’aide sociale sous de multiples formes. L’AJAR, en grande souffrance, est même plus médiatique avec son service historique d’aide aux victimes, connu et reconnu par tous les acteurs de la Justice. Entretien avec Patrick Beaudoin, le Président de l’AJAR…
Un avenir commun sous le même toit ou le chaos pour l’AJAR
Ici, nous parlons de l’AJAR (Association pour la Justice, l’Accueil et la Réinsertion) avec un budget annuel d’environ 5 millions d’euros dont les compétences se ventilent entre l’entreprise d’insertion, l’hébergement d’urgence…, et le SAVU (Service d’Aide aux Victimes (archives https://www.va-infos.fr/2021/01/02/le-savu-une-creation-dans-le-valenciennois-18-ans-plus-tard/). Cette association est composée d’environ 80 à 90 ETP permanents, plus les emplois dans l’insertion pour un global d’environ 120 personnes (archives https://www.va-infos.fr/2019/06/21/lajar-dans-une-coherence-pluridisciplinaire/).
Certes, ce n’est pas la première fois que l’avenir de l’AJAR est sur la sellette, mais à chaque fois, l’ETAT, et dernièrement suite au désengagement de ce dernier, Valenciennes Métropole et La Porte du Hainaut ont comblé les besoins financiers sauf que là… le mal est plus profond.
En effet, depuis mars 2021, le Directeur Général s’est mis en arrêt maladie et le DAF (Directeur Administratif et financier) depuis mi-avril 2021. « J’ai évidemment remplacé le DG par un CDD, mais je n’ai pas trouvé un DAF pour ce poste temporaire. De fait, comme Président (bénévole), je suis aujourd’hui à temps plein sur l’association », entame Patrick Beaudoin.
Et cet investissement en eaux profondes a permis au Président de découvrir « des éléments comptables et une dette sociale insoupçonnée. Le DG (en arrêt maladie) me signifiait en décembre 2020 que tout allait bien en terme de trésorerie, sauf qu’il avait oublié de me mentionner une dette sociale, car les retraites n’étaient pas payées. De plus, la loi a été modifiée récemment, et nous ne pouvons plus négocier avec les caisses de retraite. En 2021, on doit payer de suite ou au mieux régulariser dans un délai de 6 mois. L’AJAR doit donc régulariser sa dette sociale durant les 6 premiers mois en 2022 », ajoute Patrick Beaudoin.
Une aide technique de Prim’Toit
Dès le début des difficultés en terme de service RH, l’AJAR a choisi de faire appel à une vielle connaissance de l’association, j’ai nommé l’association Prim’Toit. « Nous nous étions rencontrés en 2010/2011 à la création d’ADELI, mais Denis Van de Velde (le Président à l’époque de l’AJAR) a décidé de poursuivre son chemin associatif seul », indique une source proche du dossier chez Prim’Toit.
Fort de cette connaissance, le Président actuel de l’AJAR s’est tournée vers Prim’Toit pour un soutien technique sur les fonctions supports, comptable, fiche de paye, RH… sous la forme d’une prestation. « A cette époque, je pensais me tourner, en dehors de cette aide technique, vers l’association La Sauvegarde du Nord (basée sur Lille) pour un rapprochement », indique Patrick Beaudoin. Concrètement sur la forme, les fonctions supports sont assurées par l’entité ADELI dont fait partie PRIM’Toit, sur le fond l’esprit est le même !
Face à cette éventualité, le staff de Prim’Toit a joué la carte d’un supplément d’âme à cette aide technique à travers un rapprochement associatif. « L’idée était simple. Autant conserver dans le sud du département ces équipes. D’ailleurs, nous avons des compétences communes sur l’hébergement d’urgence, le CHRS, l’accueil de jour, et surtout vers la jeunesse », ajoute une source proche du dossier de l’association Prim’Toit.
Une convention de mutualisation avant la fusion
Après cette réflexion partagée et utile, les deux Conseils d’administration de ces associations ont choisi de conventionner à travers une mutualisation des moyens, en novembre 2021,… préalable à la fusion stricto sensu. Bien sûr, ce genre de démarche s’inscrit dans un temps administratif et comptable certain.
En clair, la pesée des comptes au 31 décembre 2021 sera primordiale dans l’exécution finale de ce projet incluant une reprise du passif de l’AJAR. L’information est rassurante pour les salariés de l’AJAR, mais avec les réserves qui s’imposent. « A notre niveau d’information (sur les comptes de l’AJAR), nous sommes en capacité d’absorber le passif de l’AJAR. Toutefois, il faudra attendre la clôture définitive des comptes (pour 2021) pour valider cette reprise de passif et donc de la fusion », ajoute une source proche du dossier chez Prim’Toit.
La dite convention précise une temporalité claire. L’année 2022 doit permettre de faire aboutir ce projet structurant pour l’ensemble des compétences fournies par ces 2 associations. Evidemment, le service d’insertion chez l’AJAR va se conjuguer avec les compétences du réseau ADELI, dont fait partie PRIM’TOIT, l’AGEVAL, Entre’Aide, ADACI…., et plus récemment La ferme du Major. Ensuite, la palette de l’hébergement offerte par ces deux structures va muscler la future entité, et enfin le service de l’aide aux victimes bénéficierait indéniablement d’un nouveau tremplin pour cette compétence emblématique.
« Si l’on ne fait rien… », Patrick Beaudoin
Là, nous parlons du scénario idéal, car le Président s’inquiète ouvertement : « Les salariés de l’AJAR ont connu des situations difficiles, mais il y a toujours eu un sauvetage par un financement extérieur. Ils ne se rendent pas compte. Là, si l’on ne fait rien, nous déposons le bilan en 2022. Nous n’avons quasiment pas de fonds propres et peu de trésorerie », explique sans détour Patrick Beaudoin. En effet, l’heure du tour de table salvateur est fini, il faut trouver une autre voie pour sauver ces compétences indispensables dans le Valenciennois.
De son coté, une source de l’association Prim’Toit confirme « nous allons accompagner l’AJAR auprès des banques pour son besoin de trésorerie dans les premiers mois de l’année 2022 ». Oui, le niveau d’alerte est maximal, et le sang froid de toutes les équipes sera nécessaire pour passer ce cap difficile.
Pour conclure sur un message positif, cette fusion intégrerait mécaniquement ADELI Group en renforçant le sud du département du Nord sur le volet de l’aide sociale.
Daniel Carlier