(UPHF) Redoine Abdoune : « Le relais handicap ne parle plus du handicap »
La Handi’Week au sein de l’Université Polytechnique Hauts-de-France est encore très copieuse dans ses thématiques proposées. Néanmoins, le fil rouge 2021 est un choix assumé afin de mieux baliser la sortie de l’enseignement supérieur vers l’emploi durable, voire l’entrepreneuriat dont l’alizé connaît un essor remarqué depuis 18 mois. Plusieurs acteurs précieux dans ce cheminement vers l’entreprise étaient présents pour cette mise en lumière avec HubHouse, H-Up, et Arpejeh.
Il ne faut pas se voiler la face, longtemps le monde universitaire, particulièrement au XXème siècle, était perçu comme à l’écart du monde de l’entreprise, d’une sortie positive vers l’emploi mis à part quelques professions en ligne directe. Toutefois, la fameuse falaise de fin d’études supérieures s’estompe au fil du temps. Aujourd’hui, tout est mis en oeuvre pour que la pédagogie conduise directement à la vie réelle même par des chemins détournés.
Le vice-président de l’UPHF, Phillipe Pudlo, en charge de l’inclusion, rappelle que « l’accompagnement des étudiants ne suffit pas, nous travaillons sur l’insertion professionnelle de ces derniers. Cette année, la Handi’Week se conjugue avec la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, c’est un choix du Bureau de l’UPHF ».
« Nous accompagnons l’étudiant dès le début, dès sa première idée », Sabine Macrez
Comme témoignage, Clément Blanquart, ancien étudiant en licence de STAPS, option management du sport, puis à travers un Master dans la même filière, a trouvé sa voie autrement. « J’avais une expérience associative dans la création événementielle sportive, et lorsque j’ai vu l’ouverture à candidature pour exploiter la nouvelle Base de loisirs (sur Le Quesnoy) en septembre 2016, j’ai de suite voulu me lancer dans cette entreprise », explique Clément Blanquart, le patron de la http://www.lacitedechainee.com
Le candidat n’avait que quelques mois pour répondre à cet appel à candidatures pour une reprise du site en avril 2017. « Je me suis rapproché de Hub House pour monter mon projet. Grâce à Hubhouse, j’ai bénéficié d’un réseau de rencontres, retour d’expériences d’entrepreneur, banquier, comptable, professionnel dans la communication…», ajoute-t-il. Sabine Macrez, la responsable du HubHouse, explique sa mission « nous accompagnons l’étudiant dès le début, dès sa première idée qu’il veut mettre en oeuvre. Nous ne mettons aucune pression sur le porteur de projet, mais tout est fait pour créer une dynamique pour les néo-chef d’entreprises. Depuis 10 ans au sein de l’UPHF, nous avons lancé 36 étudiants dans la création d’entreprises dont une reprise » (https://www.uphf.fr/hubhouse).
« Changer la perception des dispositifs médicaux », François Legendre
Dans les acteurs moteurs pour l’entrepreunariat pour les personnes en situation de handicap, l’association H-Up fut mise sur les fonts baptismaux en 2008 dans la région île de France. Aujourd’hui, sur la région parisienne, Lyon, Mulhouse et Lille, H-UP veut gommer « cette discrimination subie par les personnes en situation de handicap vis à vis des banques, du monde de l’entreprise, voire certains marchés publics. H-UP veut rompre l’isolement du futur entrepreneur en situation de handicap », commente Elise Bouchard, responsable sur l’antenne de Lille de H-Up.
Plusieurs niveaux d’aides sont très opérationnels, de la découverte des rouages de l’entreprise, ses avantages, ses aspérités, mais également la réalité des compétences sans oublier le fait de « concilier son handicap avec son projet professionnel. Entrepreneur avant tout, handicap surement ! », ajoute-t-elle. Le mentorat est très prisé chez H-Up à travers un réseau de bénévoles éprouvé (https://h-up.fr).
A titre d’exemple, rencontré durant l’été 2019 par H-Up, François Legendre, 28 ans, a lancé une double activité depuis 1 an dans l’attente d’un développement, mais le terreau est là. Tout d’abord, Vein’Art est une entité visant à customiser les fauteuils roulants et déambulateurs. « C’est mon influence Pop Culture, l’idée de changer la perception des dispositifs médicaux, tendre vers une perception positive », commente François Legendre.
Le monde de l’art a visiblement bien accueilli ce défi à la fois sur l’originalité du support, mais plus encore vers le symbole qu’il renvoie. « Aujourd’hui, je dois démocratiser le concept, et surtout trouver un réseau de distributeur. Il n’existe pas au niveau national, voire international, une entreprise sur ce champ d’activité », ajoute-t-il. Comme beaucoup d’idées géniales, elles sont simples, mais il fallait y penser… !
Bien sûr, les nouvelles technologies sont d’un grand secours dans l’approche de l’entreprise par une personne en situation de handicap. « La dictée vocale me permet de réaliser tous mes messages, mes mémo, etc. », précise François Legendre.
« Faire découvrir des métiers », Charlotte De Saint Leger
Une autre association est motrice pour l’orientation des personnes en situation de handicap, il s’agit d’Arpejeh. Née en 2008 dans le sillage de la loi de février 2005, cette association émane de 5 chefs d’entreprise dont l’ambition est de sensibiliser les jeunes (de 15 à 30 ans) aux différents métiers de l’entreprise. « Ils constataient que les personnes en situation de handicap étaient trop souvent sous-qualifiés. Nous avons conventionné avec l’Académie nationale dans les régions où nous sommes implantés. Ainsi, nous pouvons intervenir dans les établissements scolaires, collèges et lycées, car il faut faire découvrir les métiers aux intéressés. C’est aussi un moyen de sensibiliser des (futurs) décrocheurs, dès la 3ème, car on leur demande de s’orienter de plus en plus tôt », commente Charlotte de Saint Leger.
Pour cela, Arpejeh propose des stages, des immersions dans le monde, parfois aride, de l’entreprise… « dans la centaine d’entreprises partenaires de l’association. Nous proposons également un coaching professionnel », ajoute-t-elle (https://www.arpejeh.com)
Ces associations sont complémentaires dans le champ de l’entreprenariat pour les personnes en situation de handicap, mais pour autant« que faisons-nous aujourd’hui, on parle de tout sauf de handicap. Nous travaillons avec les 480 étudiants signalés en situation de handicap sur l’UPHF. On s’occupe des dossiers MDPH pou eux. DE cette manière, lorsqu’ils sont en recherche d’emploi ou de création d’entreprise, ils ont déjà les outils de compensation. En fait, le relais handicap ne parle plus du handicap, mais de compétences », commente Redoine Abdoune, chef de projet handicap au sein de l’UPHF.
Le programme Handi’week sur www.uphf.fr
Daniel Carlier