Le mouvement « En Marche » à l’heure du renouveau
Ce samedi 06 novembre, le comité de soutien Grand Hainaut à Emmanuel Macron prend son envol officiel pour un défi politique, la réélection du Président sortant. Ce challenge difficile au regard de ce mandat compliqué, mais riche également, veut s’appuyer comme en 2016 sur la société civile, et des élus LREM de proximité, leur regard, leur vécu durant 5 ans, et leur envie de convaincre autour d’eux pour voir plus loin avec Emmanuel Macron.
Rémy Kasprzyk : « On ne s’occupe pas des autres partis politiques »
Cette réunion de présentation à la presse s’est déroulée en compagnie d’une bonne vingtaine de membres fondateurs de ce comité de soutien du Grand Hainaut à Emmanuel Macron. Bien sûr, Delphine Alexandre, de longue date dans cette dynamique présidentielle, était à la manoeuvre en présentant le Président du dit Comité, Rémy Kasprzyk. « Je remercie Rémy d’avoir accepté cette fonction de Président du Comité de soutien à Emmanuel Macron. C’est un symbole que ce Comité de soutien présidé par une personne de la société civile », commente Delphine Alexandre. « Ce comité est indépendant du Parti LREM, et surtout transpartisan », ajoute Delphine Alexandre.
Le Président du comité a expliqué son CV d’infirmier libéral depuis 8 ans, mais également Président de l’association ADILH (Association des Infirmiers Libéraux du Hainaut) au four et au moulin de la lutte contre la Covid « où nous avons vacciné 170 000 personnes au sein du Centre de Vaccination, mais également dans les EHPAD, voire dans les lieux plus isolés. On a limité la casse », précise-t-il. Entouré de nombreux acteurs et actrices de santé, ce lancement officiel a permis des expressions très intéressantes par ses mains de l’ombre absolument essentielles à la réussite d’un candidat à la fonction suprême. Des membres du Valenciennois, plusieurs élus du Cambrésis, Bavay, le Quesnoy, et autres communes, le Grand Hainaut était bien présent avec son lot de territoires chamarrés.
Mais avant de relater ces interventions, un petit retour contextuel n’est pas superflu. Force est de constater que le XXIème siècle ne réussit pas aux gouvernants sortants. En effet, le Gouvernement de Lionel Jospin a explosé en vol sur l’autel des ambitions politiques dans sa propre famille politique. Ensuite, la crise financière de 2008 a pesé sur le mandat de Nicolas Sarkozy, ceci expliquant la réduction de 15 000 fonctionnaires de Police avec les conséquences que nous vivons au quotidien, sans oublier le Ministre de la Santé, Xavier Bertrand, initiateur de la T2A (Tarif A l’Acte), et la régionalisation de la commande des masques, le principe de rentabilité du service public de santé était né. Pour sa part, François Hollande a subi de plein fouet la vague terroriste en point d’orgue d’un programme de gauche oublié dans les limbes des compromis politiques, un vide sidéral pour le Président de République le plus impopulaire au bout de 5 ans, un mandat lilliputien mis à part le « Mariage Pour tous » et les « Bus Macron »… !
Emmanuel Macron fut lui aussi confronté à deux crises inédites, celle des Gilets Jaunes, et celle inachevée de la crise du Covid, un scénario aussi improbable que son élection en mai 2017. « Rien n’est écrit », se plait à dire le Président de la République, difficile d’affirmer le contraire.
En octobre/novembre 2021, les comités de soutien au Président sortant s’activent de facto pour défendre un bilan. Pour cela, on reprend la recette de 2016 avec des collectifs territoriaux où la société civile, mais également des élu.e.s, vont porter la parole politique, mais cette fois pas celle d’un candidat en « Révolution », mais celle d’un Président en évolution, car le candidat élu en 2017 n’est plus celui à l’aulne de cette présidentielle 2022. D’un programme plutôt libéral, il est passé en mode social/démocratie dépensant un « pognon de dingue » dans le soutien à l’économie française tous azimuts pendant cette crise sanitaire.
L’approche de l’hôpital public est un symbole de cette évolution où la politique de santé continuait, comme depuis 2010, vers une réduction des dépenses publiques de santé (budget 2018) jusqu’au Segur de la santé (suite à cette crise sanitaire) apportant des avancées financières, mais pas structurelles à ce stade. On note durant ce mandat la suppression du « Numérus Clausus », datant des années 70, au 01 septembre 2018 avec (enfin) une initiative médicale porteuse d’avenir. Comment des générations de Ministres de la Santé sont passés à coté d’un Gap de génération évident entraînant une réduction drastique de l’offre médicale de proximité. « Pour la 1ère fois, 11 000 étudiants ont passé la 1ère année de médecine en France », rappelle le Dr Franzoni, Président du CPTS du Valenciennois (communautés professionnelles territoriales de santé).
Sur le volet politique, la liste « Renaissance » a bien défendu le parti LREM aux Européennes à travers un résultat digne d’un parti présidentiel. Par contre, les déboires aux élections locales, départementales, et régionales ont rappelé au parti LREM l’erreur politique commise dès le début de son mandat. Alors qu’un Président inconnu deux ans plus tôt remporte une victoire imprévisible, il se compromet dans des alliances locales au lieu de muscler à mort sa présence parlementaire et locale à travers des membres du parti LREM implantés sur les territoires. C’est de cette manière que l’on construit un terreau politique territorial, pas en pactisant avec des élu.e.s locaux d’autres obédiences politiques. C’est une énorme erreur stratégique où vous transformez des potentiels suiveurs par des candidats putatifs, aux regards obséquieux, contre votre parti Présidentiel. Force est de constater que la politique s’apprend en Marchant aussi… !
Le résultat est qu’aujourd’hui la majorité présidentielle se doit d’être très large pour survivre, car elle n’a pas d’assises, de courroie de transmission parmi les collectivités de proximité. Ainsi, le Modem, et d’autres groupes politiques parlementaires font partie intégrante d’un projet de réélection présidentielle, voire le nouveau parti Horizons « comme le maire de Valenciennes et celui du Havre, plutôt à droite, qui sont dans la majorité présidentielle », précise un membre du Comité. On analysera les comportements de cette droite Macronienne, si le candidat LR arrive au second tour…, la politique est un monde merveilleux aux convictions profondes et superficielles ! « La trahison n’est qu’une question de date », disait Talleyrand.
« Qui aurait pu faire mieux dans la gestion de cette crise sanitaire ? », Rémy Kasprzyk
Au détour d’un programme politique, les événements fortuits s’imposent aux dirigeants d’un pays. Ils doivent faire face. Assurément, cette crise sanitaire inédite depuis un siècle a ébranlé le monde et mis chaque gouvernant devant ses responsabilités. « Qui aurait pu faire mieux dans la gestion de cette crise sanitaire ? Ensuite, c’est le 1er Président à réussir le lien entre l’établissement de santé et la médecine libérale », déclare Rémy Kasprzyk.
Amélie Carpentier, représentante de la REM Nord, acquiesce sur cette gestion de tous les aspects de cette crise iconoclaste. Toutefois, elle admet… « oui, il y a des problèmes à l’hôpital public, mais nous sommes les premiers à nous y atteler. Outre le Segur, nous allons élargir les compétences des infirmières, plus spécialisées, afin de remplir d’autres missions médicales ».
« une analyse du mandat difficile », Delphine Alexandre
Pour sa part, l’adjointe à la ville de Valenciennes, Delphine Alexandre, rappelle sa délégation « à la vie éducative. Sur ce point, Emmanuel Macron a initié le dédoublement des classes dans le cycle élémentaire dans les zones REP et REP +. Aujourd’hui, nous allons plus loin avec le dédoublement des Grandes sections maternelles. C’est une vision d’avenir ». Sur le terrain, cette mesure fut saluée par les maires de toutes les obédiences politiques, même si certain.e.s soulignaient le manque de moyens financiers associés.
Ensuite, le programme de la « Cité Educative où le quartier nord de Valenciennes et Anzin ont été retenus, il y a de l’innovation sociale, car la réussite n’est pas que scolaire. On parle de l’accompagnement de chaque enfant », explique Delphine Alexandre.
Enfin, l’élue de Valenciennes constate « une analyse du mandat difficile avec une crise sociale d’une violence inouïe où le Président de la République est sorti par le haut. Ensuite, cette crise sanitaire qui n’est pas terminée, et ce début de 5ème vague. ll y a encore tellement à faire », ajoute-t-elle. Certes, la série du Grand débat national a démontré pendant des heures, à répétition, que le Président de la République n’ignorait rien des problématiques des collectivités locales, parfois mieux que les élu.e.s eux-mêmes, bluffant. C’est tout le paradoxe de ce mandat où l’homme fort de la République a voulu passer de manière systémique au dessus des corps intermédiaires.
« Porter à connaissance le bilan », Christophe Dumont
Beaucoup de présence du monde médical, mais pas que avec le Major de Police Christophe Dumont ravi d’une politique autrement : « Emmanuel Macron ne pratique pas une politique clientéliste. Il a entrepris des réformes comme celle du Beauveau de la Sécurité avec les bonnes questions et les bons constats. Ensuite, vous prenez la suppression de la Taxe d’Habitation en faveur du pouvoir d’achat, nous devons le rappeler. Les électeurs n’ont pas de mémoire politique. Il faut porter à connaissance notre bilan ». Assurément, chose avalée n’a plus de goût, et le bulletin de vote à une mémoire sélective, presque instantanée, voire s’appuyant sur un ou deux paramètres seulement, rien de plus. Oui, c’est désespérant pour des militants de tous les bords politiques.
Un chef d’entreprise remet en mémoire le « Quoi qu’il en coûte » avec les milliards accordés pour le sauvetage de l’économie française, une initiative même saluée par le New-York Times, c’est dire ! Idem pour le Plan de Relance national avec un effet rebond, remarqué en Europe, même si la carence des candidats pour des milliers d’offres d’emplois pose une question de fond bien plus vaste que le travail stricto sensu.
« Tirée au sort pour la convention citoyenne pour le climat », Claire Burlet
Elue de Cambrai, vice-présidente à l’intercommunalité, Directrice des soins de l’Hôpital public de Cambrai, Claire Burlet insiste sur la bonne gestion de la pandémie. « Il n’y a que des félicitations, il a tenu la barre. Ensuite, il y a eu un véritable dialogue et un échange avec les élus et les citoyens pour faire avancer les choses. D’ailleurs, je fus tirée au sort pour la convention citoyenne pour le climat, j’ai la volonté d’avancer avec lui ».
Guillaume Lesourd, un membre En Marche sur Bavay aborde le sujet épineux de l’abstention. « J’ai peur de l’abstention. Nous devons aller chercher ceux qui ne votent pas. Le populisme est aux portes de l’Elysée, plus de 30% des électrices et électeurs font le choix d’un Zemmour/Le Pen. Il faut se remettre En Marche ». Sur ce point, une autre membre de ce Comité de soutien ne comprend pas « des personnes âgées voulant voter Eric Zemmour ». L’histoire n’est qu’un éternel recommencement, et le seul fait de suggérer une réhabilitation du Gouvernement de Vichy donne la nausée, mais pas pour tout le monde concrètement… !
Cette réunion rassemblait comme en 2017 des anciens de la droite modérée, UDI, voire de la gauche au pouvoir. « Il a fait ce qu’il fallait en période de crise. Ce mandat est plus que positif ». Un autre militant souligne le costume « social/démocrate » enfilé par Emmanuel Macron à cette occasion. « En 2017, j’ai soutenu Benoît Hamon. Aujourd’hui, je voterai dès le 1er tour Emmanuel Macron ».
La conclusion revient au Président de ce comité de soutien présidentiel : « On ne s’occupe pas des autres partis politiques. Nous serons sur tous les supports de communication afin de toucher un maximum de public. Ce mandat n’est pas abouti, car certaines réformes n’ont pas pu se réaliser. Nous ferons un travail de terrain également à la rencontre des électrices et électeurs ». On rappelle la réforme constitutionnelle avortée sur la réduction des parlementaires, plébiscitée par les citoyens, mais retardée suite à la pseudo affaire d’Etat, Alexandre Benalla, mais incroyablement mal gérée par l’exécutif.
A l’aulne de cette élection Présidentielle, on se demande si pour Emmanuel Macron le plus dur ne sera pas d’obtenir une majorité à l’Assemblée nationale… En clair, faire gagner Emmanuel Macron à la Présidentielle n’implique pas du tout l’application de son programme politique in fine tant ses ami.e.s politiques sont tout à fait imprévisibles, totalement infidèles, et terriblement calculateurs. Bienvenue en politique LREM… !
Daniel Carlier