EELV à l’heure des choix politiques
Le déroulement de la semaine des résultats du second tour de la primaire du parti EELV restera dans les annales des Verts comme un tournant politique. A ce stade, tout reste à (re)construire afin d’espérer le meilleur score possible à cette présidentielle où quand la politique rencontre la démocratie… ! Retour sur cette semaine de folie comme un moment politique inaltérable ! (1er visuel DR les Echos, second visuel, Sandrine Rousseau en 2011).
A l’heure de la démocratie
Sur la forme, le souvenir d’une primaire écologique de l’entre-soi en 2017, avec peu de militants participants, a été balayé d’un revers de la main grâce à la remarquable organisation du parti EELV, mais également suite à une participation au dessus des 122 000 votants. C’est un exploit organisationnel au mois de septembre laissant songeur d’autres partis politiques.
Sur le fond, le débat du 1er tour fut riche avec quatre voix écoutées et différentes. La traduction des scores, dans un mouchoir de poche, souligne les différents courants au sein d’EELV. Ensuite, le second tour a mis en avant deux conceptions de la politique écologique dont la radicalité emmenée par Sandrine Rousseau. Son immense mérite fut de mettre la lumière sur l’urgence écologique. Le sujet a imprimé dans tous les médias, cela constitue déjà un pas immense pour la cause… ! Le rendu pour l’auditrice et l’auditeur était remarquable !
Et puis, le résultat tombe mardi 28 septembre à 17H15, et là tout déraille sur la forme. Sandrine Rousseau perd, dit être « loyale », mais « attend un rendez-vous », le lendemain peu satisfaite par ce dernier, un parfum sur le peu d’enthousiasme pour soutenir Yannick Jadot flotte, le retenez-moi de partir si vous n’appliquez pas mon programme, un éditorialiste résume le tout sur France Infos jeudi soir (soit trois jours après les résultats), je cite « il est urgent de dire à Sandrine Rousseau qu’elle a perdu la primaire ». Le résultat se traduit par une allocation où Sandrine Rousseau indique ce vendredi 01 octobre, une éternité depuis les résultats, son soutien « sans état d’âme à Yannick Jadot ».
Toute est dit, je n’ai pas souvenir que François Mitterand à l’issue d’un scrutin autrement serré est pris en compte le programme de Valéry Giscard d’Estaing. Non, il a appliqué radicalement son programme. Puisque nous sommes dans une primaire, prenons le programme de François Fillon début décembre 2016 avec, entre autres, la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires sur l’autel de la dette publique, un sujet pas moins important que l’écologie à l’heure du quoi qu’il en coûte. Non, François Fillon était parti pour appliquer son programme sans état d’âme pour les idées d’Alain Juppé… !
Certes, cette primaire EELV fut très serrée et Yannick Jadot doit composer avec la radicalité de Sandrine Rousseau, maintenant incontournable, la décroissance de Delphine Batho comme une évidence pour les moins de 25 ans, mais qu’une tranche de la population découvre, et les succès de terrain d’Eric Piolle sur sa commune, l’écologie appliquée et réussie, c’est fondamental.
Pour autant, ce programme commun EELV, pour une campagne présidentielle réussie, va devoir balayer ce goût amer laissé en trois jours d’atermoiements politiques, une catastrophe pour l’électrice et l’électeur non militant, soit 98 % des françaises et des français. Ce comportement pourrait être un chemin tout tracé pour un score en mode Eva Joly, un résultat que connaît trop bien ce parti politique.
C’est pourquoi, la pesée de l’écologique politique sur ce 1er tour de cette présidentielle nécessite une équipe EELV en mode aviron olympique dont les paroles de ses composantes résonnent à l’unisson. Et qui sait, si l’effondrement d’Anne Hidalgo continue, la réalité politique pourrait agréger d’autres listes derrière celle d’EELV, et pousser cette candidature au second tour de la Présidentielle, voire à minima réussir une percée se concrétisant aux législatives en juin 2022… !
Sandrine Rousseau depuis une cantonale en 2011
Sandrine Rousseau a énormément progressé depuis son 1er engagement dans l’arène politique. C’était l’élection cantonale en 2011 sur le canton de Marly face à l’ogre Fabien Thiémé (maire de Marly décédé en décembre 2019). Pour l’anecdote, Sandrine Rousseau, battue au premier tour en 2011, voit Fabien Thiémé invité la presse locale pour souligner des soutiens pléthoriques pour ce second tour, notamment celui Sandrine Rousseau. Bien sûr, nous contactons cette dernière « vous apportez donc votre soutien à Fabien Thiémé pour ce second tour ? ». La réponse de la candidate, un peu amusée, fuse « Fabien Thiémé ne m’a pas contacté du tout. J’apprends beaucoup en politique durant cette cantonale… ! ».
Oui, Sandrine Rousseau a trouvé sa ligne politique en phase avec ses convictions, suite à la défaite au 1er tour des régionales dans les Hauts-de-France en décembre 2015, et s’est radicalisée. Incontestablement, elle a crevé l’écran de la politique écologique, mais elle a aussi effectué en trois jours un séminaire condensé sur la démocratie où, bizarrement, 50% plus une voix font un vainqueur.e et un perdant.e d’une élection dans un Etat de Droit. Le nier vous envoie directement dans les limbes d’un résultat électoral piteux dans un vieux pays où les larmes et le sang sont déjà versés… !
Daniel Carlier